Les avocats qui n'en finissent pas de manifester aux portes des tribunaux du Royaume ne sont vraisemblablement pas prêts à enterrer la hache de guerre. Ni pluie ni, mauvais temps n'ont semblé au cours de la semaine passée, avoir eu raison de la détermination de nos toges noires. Ça promet pour celle à venir. La discorde ? ce fameux pass vaccinal qui les empêche de plaider d'autres causes que leur sienne et d'accéder aux différentes cours de justice ou tout bonnement aux tribunaux. D'aucuns chuchotent que le mal est bien plus profond que cela et en suivant ces regards on constatera que ce qui fâche, se passe à travers l'illustration d'un bras de fer entre autorité suprême ou exécutive on va dire et une autorité sur la défensive celle de l'avocat, ce "défenseur du diable" malaimé de la vox populaire dès lors qu'il ne s'agit de ses délits. Cela a débuté quand le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi aussitôt après son entrée en fonction avait fait des déclarations sur l'évasion fiscale des avocats. Cela avait été très mal perçu auprès de la corporation quand le ministre avait déclaré que « 95% des avocats au Maroc ne déclarent que 10 000 dirhams par an à l'administration fiscale, qualifiant ce chiffre d'effrayant », provoquant ainsi, un tollé général auprès des avocats. L'incident a grossi et depuis, chacun tire sur sa corde d'où cette situation-ci, de blocage va-t-on dire. Mais il faut reconnaître qu'une fois de plus, c'est notre Ouahbi national qui a encore dégainé en premier, ce coup-ci, dès lors qu'il a brandi aux toges noires une circulaire tripartite de son département, le ministère de la Justice, de la présidence du ministère public et du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) stipulant l'obligation de présenter son pass vaccinal pour pouvoir accéder à l'enceinte d'un tribunal. Un déni que cette mesure qu'ont rejetée à l'unisson et à leur corps défendant, nos femmes et hommes en robe noire et qui regrettent que cette décision ait été prise sans aucune concertation avec eux ou à travers leurs institutions (Associations, syndicats itou...) Toujours est-il que ces manifestations, se poursuivent sans coup férir, provoquant ainsi une certaine lenteur pour ne pas dire paralysie dans les enceintes des tribunaux du Royaume. Ces derniers restant du coup sur le rythme d'escalade et de bouleversement de la semaine passée, après que l'Association des barreaux du Maroc (ABAM) ait décidé de rejeter le pass vaccinal. Cette dernière, dirigée par le bâtonnier et parlementaire du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme », s'est prononcée pour exprimer une position contraire à celle tenue par le barreau de Casablanca, qui s'était précédemment retiré de l'association. Après une réunion de son bureau, samedi, l'ABAM a appelé à l'ouverture des tribunaux aux avocats et à leurs compagnons sans restrictions et à la levée de toutes manifestations du cordon de sécurité exceptionnel. L'ABAM a souligné, dans un communiqué, son refus de « porter atteinte à la sécurité judiciaire des citoyens et aux conditions d'un procès équitable en décidant et en réservant les affaires à jugement de manière inédite en l'absence des parties et de leur défense ». L'ABAM a condamné le refus d'accès à certains membres de conseils qui ont des bureaux à l'intérieur des tribunaux. Ce qui est considéré, selon elle, comme « une agression flagrante, une atteinte à l'indépendance de la profession et une perturbation flagrante pour l'établissement judiciaire ». Aussi, en appelle-t-elle les avocats à s'accrocher à l'esprit de solidarité, estimant que « toute interdiction qui touche tout avocat est une interdiction à tous les avocats au Maroc, ce qui nécessite une position nationale unifiée ». Après avoir confirmé sa volonté de s'engager dans des formes de lutte pour défendre ses positions, l'ABAM a appelé à un dialogue sérieux et résolu sans conditions préalables pour surmonter cette crise sans précédent. Les robes noires avaient exprimé leur refus de fournir le passeport sanitaire en échange d'une entrée dans les tribunaux et ce, tout au long de la semaine dernière. Ils l'avaient d'ailleurs fait savoir en protestant et boycottant les séances d'auditions. L'Ordre des Avocats de Casablanca a annoncé quant à lui, être parvenu à un accord avec le premier président de la Cour d'appel et le procureur général, où il a été décidé de contrôler l'accès des avocats et de délivrer le pass vaccinal en partenariat avec les membres du Barreau.