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Corruption, retraites, emploi... Les grands chantiers qui attendent le gouvernement Akhannouch
Publié dans Hespress le 14 - 10 - 2024

Alors que la rentrée politique s'amorce, l'Observatoire du Travail gouvernemental (OTRAGO) publie une Policy Paper intitulée « Les défis de la rentrée politique à l'aube de la quatrième année du mandat du gouvernement : Objectifs ambitieux et défis préoccupants« . Ce document analyse les principaux enjeux auxquels fait face l'exécutif dirigé par Aziz Akhannouch : la corruption, les réformes sociales, la crise énergétique, le chômage, ainsi que la réforme des retraites.
Dans son document dont Hespress FR détient copie, l'OTRAGO met en lumière les défis complexes du chantier de la protection sociale. Si les projets sont ambitieux, leur durabilité financière est en question. La réforme des retraites en particulier suscite des inquiétudes, le système de pensions risquant la faillite d'ici 2028. Le gouvernement, conscient de l'urgence, a intégré cette question dans le cadre du dialogue social, proposant une hausse des cotisations, un relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans, et une réduction des pensions. Toutefois, ces propositions, perçues comme une charge supplémentaire pour les travailleurs, rencontrent une forte opposition syndicale, rappelle l'Observatoire.
La viabilité de cette réforme est remise en cause par l'absence de consensus avec les partenaires sociaux. L'OTRAGO souligne que des réformes plus équilibrées sont nécessaires pour garantir l'équité entre actifs et retraités, tout en assurant la pérennité du système.
Transition énergétique et crise de l'eau
Le secteur de l'énergie et de l'eau figure également parmi les préoccupations majeures soulevées par l'OTRAGO. La transition énergétique s'impose comme une nécessité pour assurer l'autosuffisance du Maroc et réduire sa dépendance aux sources traditionnelles. Cela nécessite des investissements massifs et la mise en place d'infrastructures robustes. En parallèle, la crise de l'eau, exacerbée par les changements climatiques, requiert des solutions urgentes pour éviter une pénurie durable.
Pour atteindre les objectifs des énergies renouvelables, l'OTRAGO estime qu'il est impératif de viser une part de 52% dans le mix énergétique national d'ici 2030, ce qui nécessite des investissements massifs de l'ordre de 143 milliards de dirhams, cela implique l'amélioration des infrastructures, y compris le développement de centrales solaires et éoliennes et la promotion de l'offre marocaine en hydrogène vert, ainsi que la mobilisation des financements nécessaires du secteur privé et des partenaires internationaux, l'attraction des investissements étant un facteur clé pour réussir cette transition.
Dans le domaine de l'eau, le document précise que la crise s'aggrave en raison des changements climatiques et de la rareté des ressources hydriques. Selon les prévisions figurant dans le texte, la demande en eau au Maroc pourrait augmenter de 30% d'ici 2030, imposant une pression supplémentaire sur les ressources disponibles. Pour faire face à ces défis, le gouvernement envisage de construire 36 stations de dessalement d'eau de mer d'ici 2030, nécessitant des investissements importants de près de 10 milliards de dirhams, en plus des projets de raccordement entre bassins hydriques, qui requièrent un investissement supplémentaire de 20 milliards de dirhams.
Un chômage endémique et des emplois précaires
L'emploi reste un point noir, estime l'OTRAGO. Le taux de chômage national a dépassé les 13,7%, révélant une incapacité à créer suffisamment d'opportunités pour les jeunes, note le rapport qui souligne également l'augmentation inquiétante des NEET (jeunes ni en emploi, ni en formation, ni en éducation), un problème qui touche plus d'un million et demi de jeunes au Maroc.
La diminution des emplois dans le secteur rural, due à la sécheresse et aux crises économiques successives, aggrave la situation. Plus de 160.000 postes ont été perdus dans l'agriculture, et ce chiffre pourrait augmenter sans des mesures gouvernementales concrètes, rappelle le document.
Corruption : une hémorragie de 50 MMDH
La corruption reste un défi majeur pour l'exécutif. L'OTRAGO qualifie ce fléau de véritable « ogre affamé », coûtant annuellement plus de 50 milliards de dirhams (MMDH) aux caisses de l'État. Cette situation nuit non seulement à l'économie, mais érode également la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Le Maroc a reculé de la 73e à la 97e place dans l'Indice de Perception de la Corruption en seulement cinq ans. Malgré la mise en place de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, l'implication des institutions reste faible, et les résultats, limités. Le rapport de l'Instance nationale de la prévention et de la lutte contre la corruption pour 2023 souligne en effet l'absence d'engagement effectif des acteurs concernés, aggravant la propagation du phénomène.
Face à cette situation alarmante, le gouvernement est sous pression pour apporter des solutions concrètes et restaurer la confiance des citoyens. L'OTRAGO appelle à une intensification des efforts pour renforcer la gouvernance et améliorer le climat des affaires.
Réforme des retraites : Le risque de la faillite
La réforme des retraites est un chantier épineux pour l'État. Selon l'OTRAGO, le système de pensions civiles est menacé de faillite d'ici 2028, nécessitant une intervention rapide. Si aucune mesure n'est prise, l'État devra injecter 14 milliards de dirhams par an pour assurer le versement des pensions.
Les propositions du gouvernement – augmentation des cotisations, relèvement de l'âge de la retraite, réduction des pensions – sont jugées insuffisantes par les syndicats. Ces derniers estiment que les travailleurs porteront l'essentiel du fardeau, sans garanties sur l'amélioration des prestations soutient le document.
Dans ce sens, l'OTRAGO insiste sur la nécessité d'un consensus avec les partenaires sociaux pour mener à bien cette réforme tout en assurant un équilibre entre la pérennité du système et la protection des droits des retraités.
Mécontentement social : une pression croissante
Le mécontentement social, alimenté par l'augmentation des prix et l'inflation, représente une menace grandissante pour la stabilité du pays. La montée des revendications pour des hausses de salaires et une amélioration des conditions de vie met le gouvernement sous une pression constante, estime l'Observatoire, qui souligne que le pouvoir d'achat des citoyens, déjà affaibli par la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, est gravement menacé.
Face à cette situation, l'OTRAGO estime que le gouvernement doit revoir sa politique sociale pour répondre aux besoins des couches les plus vulnérables, notamment celles travaillant dans le secteur informel, notant que la stabilité sociale passe par l'adoption de réformes structurelles visant à stimuler la croissance économique et créer des emplois durables.


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