Dans un contexte de turbulences économiques et sociales, marqué par une inflation croissante, des crises internes et externes, et un mécontentement grandissant parmi divers secteurs professionnels, le récent accord de dialogue social au Maroc, issu de la session d'avril 2024, se profile comme un jalon crucial. Conçu pour évaluer l'impact initial des résultats du dialogue social, ainsi que pour soulever des inquiétudes pertinentes, la note de l'Observatoire du travail gouvernemental (OTRAGO), dont Hespress FR détient copie, met en lumière les avancées significatives tout en pointant du doigt les défis à relever. Ainsi, dans sa note, l'OTRAGO rappelle que l'accord prévoit une augmentation conséquente des salaires, avec une hausse générale de 1.000 dirhams répartie en deux tranches pour les employés du secteur public et une augmentation du salaire minimum de 10% dans les secteurs agricole et non agricole du secteur privé. Cette augmentation est une réponse directe aux préoccupations croissantes concernant le pouvoir d'achat des citoyens marocains, exacerbées par la récente hausse des prix et les difficultés économiques induites par la pandémie de COVID-19, poursuit la note. Parallèlement, des mesures visant à alléger la charge fiscale ont été adoptées, rappelle l'OTRAGO. Il s'agit d'une révision du système d'impôt sur le revenu qui est prévue, avec des seuils d'exonération relevés et des taux réduits pour la classe moyenne. Ces mesures visent à stimuler la consommation intérieure et à soutenir le pouvoir d'achat des ménages, tout en encourageant l'investissement et la croissance économique, souligne la même source. Réformes et lois En ce sens, le document de l'OTRAGO rappelle que l'accord englobe des réformes clés, notamment une refonte du système de retraite et la promulgation de lois régissant la grève et la révision du code du travail. Ces réformes visent à moderniser les fonds de retraite, à garantir la stabilité financière à long terme et à renforcer la protection sociale des travailleurs, estime la même source. Ainsi, l'Observatoire estime que la réforme du système de retraite est particulièrement urgente, étant donné les pressions démographiques et financières auxquelles il est confronté, notant que l'accord prévoit une approche participative pour élaborer un nouveau système à deux pôles (public et privé) tout en préservant les droits acquis des travailleurs. Concernant la promulgation de lois sur la grève et la révision du code du travail, elle vise selon la même source, à établir un cadre juridique clair et équilibré pour les relations de travail, notant que ces lois cherchent à concilier les intérêts des travailleurs et des employeurs, tout en garantissant la liberté syndicale et en encourageant le dialogue social et la résolution pacifique des conflits. Remarques sur l'accord social Dans cet axe, l'OTRAGO souligne plusieurs points cruciaux concernant l'accord du 29 avril, notamment l'engagement gouvernemental envers le dialogue social et la mise en œuvre des engagements pris en 2022 est salué. Cependant, il est nécessaire de veiller selon le même organisme à ce que ces engagements soient effectivement mis en œuvre dans les délais prévus afin d'éviter toute perte de confiance de la part des partenaires sociaux. Le consensus atteint lors des négociations est loué, démontrant une conscience collective des enjeux sociaux. Cependant, l'OTRAGO estime qu'il est important de reconnaître que le dialogue social est un processus continu qui nécessite un engagement permanent de toutes les parties prenantes. L'impact financier des augmentations salariales est également souligné dans la note, avec une reconnaissance de la participation des employeurs. Cependant, il est également important selon la note de veiller à ce que ces augmentations ne conduisent pas à une augmentation excessive des coûts de main-d'œuvre, ce qui pourrait compromettre la compétitivité des entreprises et l'emploi. L'importance de la promulgation de lois sur la grève et la réforme du système de retraite est mise en avant dans la même note, soulignant que les lois sont essentielles pour garantir un cadre juridique clair et équilibré pour les relations de travail, ainsi que pour assurer la viabilité financière à long terme du système de retraite. Mises en garde et préoccupations Cependant, l'OTRAGO émet également des préoccupations légitimes. La note souligne que l'adoption d'approches individuelles dans la réforme du système de retraite et des lois sur la grève pourrait compromettre l'acceptation des réformes, estimant qu'il est essentiel de veiller à ce que ces réformes soient élaborées de manière participative et inclusive, en concertation avec toutes les parties prenantes concernées. Aussi, l'OTRAGO estime dans sa note qu'un équilibre entre les droits et les devoirs des travailleurs est crucial pour éviter toute restriction des libertés syndicales. Il est important de garantir que les lois sur la grève et la réforme du code du travail respectent les normes internationales du travail et protègent les droits fondamentaux des travailleurs. Quant aux coûts de la réforme du système de retraite, la note souligne qu'ils doivent être équitablement répartis entre le gouvernement, les travailleurs et les employeurs pour assurer une réforme juste et durable. Aussi, la note soutient qu'il est essentiel de veiller à ce que les charges financières liées à la réforme du système de retraite ne pèsent pas de manière excessive sur les travailleurs, ce qui pourrait compromettre leur sécurité financière à long terme.