À l'approche de la célébration de la Fête du Travail le 1er mai, une annonce gouvernementale vient marquer un tournant décisif dans le dialogue social . Après des mois de discussions intensives, le gouvernement, conjointement avec les principaux acteurs économiques et sociaux du pays – incluant la Confédération générale des entreprises du Maroc, la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, ainsi que les syndicats les plus influents tels que la Confédération marocaine du travail, la Confédération générale des travailleurs du Maroc et la Confédération démocratique du travail – a publié un document synthétisant les conclusions de ces échanges. L'engagement pris par ces entités vise à institutionnaliser le dialogue social, à en respecter les mécanismes et à honorer les engagements pris, dans le but ultime d'améliorer les conditions de vie des citoyens et de renforcer leur couverture sociale. Le gouvernement réaffirme sa volonté de recourir au dialogue régulier comme principal outil pour aborder les divers enjeux sociaux, garantir la stabilité des conditions de travail des salariés et des entreprises, et contribuer positivement au climat économique et social du pays. Les réunions qui ont précédé cette publication, caractérisées par leur sérieux et leur approche responsable, ont permis de traiter efficacement diverses revendications et dossiers. Les efforts conjoints de toutes les parties prenantes, à travers les propositions et stratégies avancées, ont abouti à des solutions consensuelles répondant aux demandes des syndicats, tout en prenant en compte les propositions de la Confédération générale des entreprises marocaines et de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural pour améliorer les conditions de travail et préserver la compétitivité des entreprises nationales. Ce document s'inscrit dans la continuité de l'accord du 30 avril 2022, qui a jeté les bases d'un dialogue social structuré et de ses implications pour l'avenir, notamment en termes d'amélioration des revenus dans les secteurs public et privé, de promulgation de lois encadrant le droit de grève, de réforme des systèmes de retraite et de protection des mineurs, d'avancement professionnel, de révision de certaines normes du Code du travail et de mise en œuvre de mesures concrètes pour le respect des libertés syndicales et des droits sociaux. Augmentation des revenus pour les salariés Le gouvernement et les partenaires sociaux ont scellé un accord historique ce lundi, promettant des améliorations significatives des revenus pour les travailleurs à travers le pays, ainsi qu'une réforme profonde du système de retraite. L'accord prévoit une augmentation générale des salaires pour les employés des administrations publiques, des collectivités territoriales et des établissements publics. Ceux qui n'ont pas encore bénéficié d'une révision salariale recevront une augmentation nette de 1.000 dirhams par mois, répartie en deux versements égaux. Le premier versement est prévu pour le 1er juillet 2024 et le second pour le 1er juillet 2025. Dans le secteur privé, l'accord annonce une hausse de 10% du salaire minimum légal pour les travailleurs non agricoles (SMIG) et dans les activités agricoles (SMAG), également répartie en deux tranches. Une augmentation de 5% sera appliquée dès le 1er janvier 2025, suivie d'une seconde tranche de 5% le 1er janvier 2026 pour le SMIG, et des augmentations de 5% le 1er avril 2025 et 2026 pour le SMAG. Révision du régime fiscal Une révision du régime d'impôt sur le revenu est également au programme, avec des mesures spécifiques pour améliorer les revenus de la classe moyenne à partir du 1er janvier 2025. La première tranche du barème fiscal sera relevée, passant les revenus nets défiscalisés de 30 000 dirhams à 40 000 dirhams, exemptant ainsi les revenus inférieurs à 6 000 dirhams par mois. Les autres tranches seront ajustées pour réduire les taux appliqués à la classe moyenne, avec une réduction d'environ 50% des taux actuels. De plus, le taux marginal de l'impôt sur le revenu sera réduit de 38% à 37%. En complément, le montant de la déduction pour charges familiales sur l'impôt annuel augmentera de 360 dirhams à 500 dirhams par personne à charge. Réforme du système de retraite Enfin, l'accord prévoit une réforme directe du système de retraite, avec la création de deux pôles distincts, public et privé. Les détails de cette réforme seront élaborés selon une méthodologie participative, impliquant tous les acteurs concernés. Cet accord, fruit d'un consensus longuement attendu, marque un tournant décisif pour l'amélioration des conditions de vie des travailleurs et la pérennité du système de retraite.