En cette saison où la politique devient théâtre, le président algérien mal élu et à la recherche d'une aura pour sa prochaine élection qui d'office et avant terme lui a déjà été attribuée, fidèle à lui-même, a une nouvelle fois, de ses « tebbouniates » dont il a le secret, fait une entrée remarquée sur scène. Voyons voir ! Ce président, en quête de légitimité électorale, semble avoir trouvé un nouveau filon : la promesse d'une intervention militaire héroïque pour sauver Gaza. Lors de son premier meeting de campagne, il a fièrement lancé : « Dès qu'on nous ouvre les frontières... l'armée est prête ». Le "sauveur" bloqué par une frontière Si l'on devait croire ses mots, il suffirait qu'El-Sissi lève la barrière du Sinaï pour que l'ANP fonde sur Gaza tel un chevalier blanc venu chasser l'oppresseur israélien. Cela aurait presque un parfum de film hollywoodien, si ce n'était pas tragiquement ridicule. Le malheureux accuse à demi-mot l'Égypte de bloquer son projet salvateur, et par extension, il laisse entendre qu'il aurait été l'homme providentiel pour les Palestiniens, si seulement cette frontière maudite était ouverte. Plus de 40 000 morts sous les bombes israéliennes, et lui, prêt à bondir, mais coincé par un simple poste-frontière ! L'image est tellement absurde qu'elle frôle le burlesque. C'est ainsi donc que dans une salle pleine dimanche à Constantine, à l'occasion de son premier meeting populaire de campagne, le président sortant, qui brigue un second mandat présidentiel, a déclaré que « les massacres perpétrés par les sionistes à Gaza doivent s'arrêter ». Entre bravade et promesse creuse Visiblement, le président algérien, très mal élu lors du mandat actuel, a décidé de jouer la carte émotionnelle en évoquant les massacres perpétrés par les sionistes à Gaza. « Je jure devant Dieu que nous ne laisserons jamais Gaza seule », a-t-il martelé avec conviction, ajoutant que l'armée algérienne était prête à intervenir... « Pour peu que l'Égypte puisse lui ouvrir ses frontières ». Et, puisqu'on est dans la surenchère, rappelons-lui qu'une telle initiative n'affronterait pas uniquement l'armée israélienne, mais également, à coup sûr, celle des États-Unis et possiblement une coalition de l'OTAN. Mais, après tout, pourquoi se priver de ce type de déclaration ronflante quand on sait que personne ne la prendra au sérieux ? Dans une époque où les mots suffisent à remplir les urnes, le second sénile du balcon du Muppets show made in Algeria a compris qu'il ne fallait surtout pas lésiner sur les promesses grandioses, même si celles-ci défient les réalités géopolitiques ou, plus simplement, les faits. Que l'on se comprenne bien : Gaza traverse effectivement une tragédie humaine, cependant l'engagement algérien s'est jusqu'à présent limité à de vibrantes déclarations, à des communiqués bien ciselés et à une rhétorique anti-israélienne tout à fait conforme au scénario. De la rhétorique sans conséquences Mais, entrons dans le vif du sujet. Ce qu'il ne faut surtout pas croire, c'est l'idée selon laquelle Alger aurait une quelconque intention réelle d'envoyer ses troupes à Gaza. Car en pratique, le soutien concret au peuple gazaoui semble être aussi léger qu'une brise traversant le désert saharien. Pendant que la souffrance des Palestiniens atteignait des sommets inimaginables, l'Algérie était occupée à d'autres priorités : ajustements économiques laborieux, chasses aux dissidents et, bien sûr, cette fameuse campagne électorale. La marionnette préférée des caporaux d'Alger qui, rappelons-le, est aussi efficace dans ses promesses qu'un mirage dans le Sahara, se contente de faire miroiter un soutien militaire conditionnel. Conditionnel à quoi ? À l'ouverture des frontières par l'Égypte. Et, que fait l'Égypte ? Elle laisse actuellement passer des convois humanitaires, oui, mais reste aussi ferme qu'un mur face à toute initiative militaire algérienne, pour la simple raison qu'une telle intervention n'a jamais réellement été envisagée. Le spectacle d'un immobilisme Alors, est-ce là une simple bravade de campagne ? Une tentative grossière de populisme pour galvaniser les foules ? Ou bien, comble de l'ironie, une stratégie diplomatique « subtile » visant à envoyer un message interne à un électorat obsédé par la cause palestinienne ? Le tout, bien sûr, emballé dans une rhétorique pseudo-guerrière qui n'engage que les mots, certainement pas les actes. Ce que l'on retient donc, c'est l'art consommé d'un président marionnette à manier le discours du « nous serions prêts si seulement... » Une phrase conditionnelle, toujours accompagnée d'une excuse élégante qui permet de jouer les héros de la cause palestinienne sans jamais bouger le moindre petit soldat. Une performance à saluer, tant elle s'inscrit dans la tradition des « grandes annonces pour petits résultats ». Car si l'on se souvient, en 2022, lors du fameux sommet arabe d'Alger, le président algérien avait déjà gratifié d'une envolée lyrique en affirmant : « La cause palestinienne, c'est mon affaire personnelle ». Depuis, le silence assourdissant de sa diplomatie n'a été brisé que par quelques poignées de dinars généreusement offertes à Mahmoud Abbas. Et, pendant que d'autres nations tentent – tant bien que mal – de jouer les médiateurs dans les négociations de paix, l'Algérie n'a jamais été invitée à la table. Ni consultée, ni même envisagée.