A ce qu'il semble, la trêve n'a pas duré longtemps, et les grèves sont de retour. La coordination syndicale du secteur de la santé a annoncé la reprise de ses actions de protestation après une suspension d'une semaine due au décès de la princesse Lalla Latifa, mère du roi Mohammed VI, dont le décès a été officiellement annoncé à la fin du mois dernier. Composée de huit syndicats, la coordination a accusé le gouvernement de « tyrannie, de violation du principe de consensus et de menace à la santé des citoyens et à la paix sociale en essayant de faire passer des décrets sans consulter les syndicats concernés". Dans un communiqué récemment dévoilé, la coordination a déclaré avoir été « surprise par la programmation de trois décrets au prochain Conseil de gouvernement en l'absence totale de toute information détaillée à leur sujet, et de manière unilatérale sans consensus ni implication des syndicats représentant les professionnels, alors que ces derniers attendaient leur réhabilitation et la mise en œuvre de l'accord signé avec les syndicats qui les représentent". Selon le huitième communiqué des syndicats, il s'agit des décrets d'application de la loi n° 08.22 relative à la création des groupements sanitaires territoriaux, de la loi n° 10.22 relative à la création de l'Agence marocaine des médicaments, et de la loi n° 11.22 relative à la création de l'Agence marocaine du sang et de ses dérivés. La coordination a décidé « d'intensifier les protestations avec des actions inédites, » appelant les travailleurs de la santé à participer massivement à la marche nationale de la place Bab El Had au Parlement prévue demain, mercredi 10 juillet 2024, à partir de 12h00, et à s'engager dans le programme de protestation qui débutera ce mardi et se poursuivra jusqu'au 18 juillet, avec une grève nationale des travailleurs de la santé les 9, 10, 11, 16, 17 et 18 juillet. En ce sens, les mêmes instances ont décidé de mettre en œuvre un programme de boycott à partir du 15 juillet prochain, incluant le boycott de l'exécution de tous les programmes de santé et de leurs rapports, la mise à l'index des unités mobiles et des caravanes médicales, le boycott des programmes de chirurgie sauf les urgences, des consultations médicales spécialisées dans les hôpitaux et de la perception des revenus des factures des services rendus, et de toutes les gardes à caractère purement administratif. Selon les professionnels, le mouvement de protestation « sans précédent » dans le secteur de la santé au Maroc par les syndicats professionnels est dû à la non-application par le gouvernement des accords précédemment signés. Les protestants ne comptent pas jeter l'éponge et affirment que "la lutte connaîtra une escalade attendue si le gouvernement ne met pas fin à son silence et à sa procrastination". Les prémices de la crise actuelle remontent à la fin décembre 2023, lorsque un comité ministériel composé du ministère de la Santé et de la Protection sociale, du ministère des Finances et du Secrétariat général du gouvernement a conclu un accord avec les syndicats des employés de la santé au Maroc, incluant une augmentation générale des salaires des professionnels de la santé et des incitations financières, ainsi que l'engagement à organiser des réunions de communication pour renforcer le dialogue sur la réforme du système de santé, en vue d'atteindre un accord final avant la fin janvier dernier. Bien que l'accord de janvier 2024 ait confirmé une augmentation des salaires de 1.500 dirhams pour les infirmiers et les professionnels de la santé et de 1.200 dirhams pour les administratifs et les techniciens, en plus de maintenir le statut de fonctionnaire public pour les professionnels du secteur, le gouvernement n'a respecté aucune des clauses de ces accords. Il justifie sa position en affirmant que "ces accords ne sont pas contraignants car ils ont été signés uniquement par le ministère de la Santé et de la Protection sociale". Après plusieurs rounds législatifs, la situation ne fait que s'aggraver. Sous les regards des professionnels du secteur de la santé, les citoyens souffrent des retards, des rendez-vous annulés et des procrastinations...Jusqu'à quand ? Seuls les responsables peuvent répondre.