Hespress a appris de sources bien informées que des instructions émanant de l'administration centrale du ministère de l'Intérieur ont été adressées aux gouverneurs de différentes provinces du Royaume, notamment ceux des régions de Casablanca-Settat et de Marrakech-Safi. Ces instructions concernent l'affectation de plusieurs caïds aux préfectures en raison de soupçons de leur implication dans l'aggravation du phénomène de construction anarchique dans leurs zones de juridiction, en attendant la prise de mesures juridiques et disciplinaires à leur encontre. Les mêmes sources ont indiqué que les instructions d'affectation aux préfectures se sont basées sur des rapports réalisés par l'inspection générale de l'administration territoriale concernant l'expansion de la construction anarchique dans les zones sous la juridiction des caïds au cours de la période écoulée. Ces rapports, nourris par des informations reçues à ce sujet et des données fournies par la direction des affaires générales du ministère de l'Intérieur, ont révélé une augmentation des constructions hors normes d'urbanisme dans plusieurs communes, notamment dans les zones rurales situées aux environs de Casablanca. Ils précisent une hausse de la construction de villas et de palais luxueux sur des terres agricoles, ainsi que de dépôts et de logements individuels anarchiques. Les mêmes sources ont confirmé que les inspecteurs ont exploité des données précises et des photos fournies par les services de l'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), ainsi que des plans d'aménagement demandés aux agences urbaines. Cela leur a permis de détecter l'expansion des ceintures de construction anarchique en périphérie des villes. Les rapports réalisés par les services d'inspection ont souligné que les caïds n'ont pas utilisé leurs prérogatives pour contrôler et réprimer les infractions en matière d'urbanisme dans leurs zones de juridiction, et n'ont pas respecté les mémorandums du ministre de l'Intérieur adressés aux walis, gouverneurs et agents d'autorité, chacun selon ses compétences. Ces nouvelles instructions de l'administration centrale sont arrivées quelques semaines seulement avant les célébrations de la fête du Trône, renforçant les rumeurs d'un vaste remaniement dans les rangs des agents d'autorité dans les différentes régions, provinces et préfectures du Royaume, dans le cadre d'une seconde vague de mutations, promotions et exemptions qui concerneront des responsables de différents grades. Des listes de noms ont déjà été établies, incluant des personnes qui seront mises à la retraite pour des raisons liées à l'âge ou à des maladies chroniques, rendant difficile la poursuite de leurs fonctions, ainsi que des évaluations négatives des performances de certains responsables, en particulier des caïds. Les mêmes sources ont révélé que l'inspection générale de l'administration territoriale a identifié des responsables territoriaux dans le cadre de ses enquêtes sur la prolifération de la construction anarchique. Il s'est avéré qu'ils faisaient déjà l'objet de rapports négatifs antérieurs de la part de gouverneurs et de walis concernant leur performance dans la mise en œuvre de divers programmes et mesures publiques, notamment liés à l'urbanisme, à la lutte contre les effets de la sécheresse, au soutien des agriculteurs et à la lutte contre le stress hydrique. Leurs interventions ont été entachées de diverses lacunes, consignées dans des rapports transmis à l'administration centrale sur demande, et ce, à intervalles rapprochés. Il est à noter que Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a annoncé dans une circulaire l'octroi d'un soutien direct pour éradiquer les bidonvilles, d'un montant compris entre 1,5 et 2 millions de dirhams, dans le cadre de la résorption des unités d'habitat restantes du programme « Villes sans bidonvilles« , en application des directives royales visant à améliorer les conditions de vie des citoyens par l'éradication des logements insalubres dans le Royaume.