Les attentats du 16 mai ont soulevé de nombreuses questions, dont celles liées au rôle des agents d'autorité. Ces derniers sont plus que jamais appelés à inscrire leur action dans le cadre d'une approche novatrice du territoire national tenant compte des multiples défis qu'affronte notre société. D'où la nécessité d'une refonte des outils de l'administration du territoire en tant qu'appareil de gouvernance de proximité et de prévention. Le ministre de l'Intérieur, El Mostapha Sahel, a présidé, samedi à Kénitra, la cérémonie de sortie de la 37ème promotion du cycle normal des agents d'autorité de l'Ecole de perfectionnement des cadres du ministère de l'Intérieur. À cette occasion, le ministre a prononcé une allocution dans laquelle il a mis l'accent sur le rôle important que l'agent d'autorité est appelé à jouer dans la nouvelle conjoncture marquée par les attentats terroristes du 16 mai. L'intervention du ministre a porté sur trois grands axes en ce qui concerne les missions dévolues aux agents de l'autorité à savoir l'application de la politique de proximité prônée par le gouvernement, la préservation de la stabilité et de la sécurité, la lutte contre l'habitat anarchique et le soutien de la politique du gouvernement en matière de logement. Ainsi, El Mostapha Sahel a affirmé que les agents d'autorité sont appelés à jouer un rôle important pour mettre en oeuvre la politique de proximité que le gouvernement a placé parmi l'une de ces principales priorités, conformément aux Hautes directives de SM le Roi Mohammed VI. Une mission qui est tributaire, selon le ministre, du rôle dévolu aux agents d'autorité et de leur détermination à assurer la sécurité et la stabilité. S'agissant de l'habitat, le chef du département de l'Intérieur a souligné que les agents d'autorité doivent adhérer aux efforts déployés par le gouvernement pour procurer un logement décent aux couches sociales défavorisées. Une mission qui doit être accompagnée d'une véritable détermination à lutter fermement contre le phénomène de l'habitat anarchique et à l'application de la loi en la matière. Ces différents aspects du rôle de l'agent d'autorité soulevés dans l'allocution prononcée par le ministre de l'Intérieur entrent dans le cadre de la mise à niveau de l'administration territoriale et de son adaptation aux exigences de la modernité. Ce qui adhère entièrement au nouveau concept de l'autorité auquel SM le Roi Mohammed VI avait appelé dès son accession au Trône. Un concept qui s'élargit à tous les domaines d'activité de l'administration territoriale dont le secteur de l'économie et de l'investissement. En atteste la lettre royale adressée au Premier ministre relative à la gestion déconcentrée de l'investissement dans laquelle le Souverain a donné ses directives pour que les agents d'autorité assument un rôle élémentaire dans la simplification des procédures administratives des projets d'investissement. "Cette démarche s'inscrit, par ailleurs, dans la cohérence de Notre conception renouvelée du concept d'autorité au service de la promotion de l'investissement, outil privilégié de la croissance. Depuis que Nous avons annoncé ce nouveau concept, Nous avons relevé avec intérêt les efforts de Notre administration, et tout particulièrement, celle en charge des affaires intérieures de Notre Royaume, pour donner un contenu concret à ce concept", avait dit Sa Majesté le Roi. Le nouvel agent d'autorité est donc appelé à être un pilier de l'action gouvernementale dont il est censé appliquer la politique au niveau micro-social. D'ailleurs, c'est leur mission selon la Constitution dont l'article 102 stipule que "Dans les provinces, les préfectures et les régions, les gouverneurs représentent l'Etat et veillent à l'exécution des lois. Ils sont responsables de l'application des décisions du Gouvernement et, à cette fin, de la gestion des services locaux des administrations centrales". Une mission très importante. Néanmoins, il faut avouer que les agents d'autorité, à savoir les walis, les gouverneurs et les caïds, n'ont pas les moyens juridiques et matériels d'assumer ces nouveaux rôles que l'administration centrale leur a assignés. Ainsi, il est légitime de se demander comment un caïd peut-il lutter contre la prolifération de l'habitat insalubre avec le peu de moyens dont il dispose. Aussi, faut-il rappeler qu'en parallèle de son autorité, il y a les élus locaux qui ont le plus souvent une grande part de responsabilité dans la prolifération de ce genre d'habitat. Sachant aussi qu'il existe un grand écart entre l'intellectuel, les caïds ayant bénéficié d'une formation supérieure hautement qualifiée et certains élus qui n'ont pas dépassé le niveau des études primaires. Un anachronisme qui provoque généralement un conflit entre deux esprits l'un moderniste et désireux d'œuvrer pour l'intérêt général et l'autre archaïque et incapable de comprendre le nouvel esprit de la gestion locale. Certes, la volonté existe, mais, développer le nouveau concept de l'autorité et l'institutionnaliser nécessite une redéfinition du statut de l'agent d'autorité en tenant compte des nouvelles prérogatives qui lui sont assignées, ainsi que la mise à sa disposition des moyens nécessaires à l'exercice de ce nouveau concept de l'administration du territoire.