La Russie a dévoilé son programme de travail au Conseil de sécurité pour sa présidence tournante, du 1er au 31 juillet, sans inclure la question du Sahara marocain et ses développements, ni la mission de la MINURSO. Alors que Moscou est réputé proche du régime militaire algérien, ce choix russe soulève des hypothèses. Le programme russe s'est intéressé à diverses missions des Nations Unies en République du Congo, en Haïti, au Moyen-Orient, en Afrique de l'Ouest et au Sahel, ainsi que des discussions sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales, sans aborder la question du Sahara. Les raisons de l'exclusion du dossier du Sahara marocain pourraient être liées à plusieurs considérations, dont des questions techniques, de procédure, étant donné que ce dossier a déjà été examiné lors de la session d'avril et qu'une décision est attendue lors de la prochaine session en octobre. La Russie aurait simplement évité d'aborder cette question étant donné qu'elle est déjà examinée en long et en large lors de ces deux sessions qui lui sont consacrées chaque année par le Conseil de sécurité de l'ONU. Cette hypothèse est la plus plausible, connaissant le pragmatisme de la Russie. Cette décision pourrait, par ailleurs, refléter la volonté de Moscou, en tant que membre permanent du CS avec droit de veto, de mettre l'accent sur des priorités internationales et régionales spécifiques, des sujets ayant des actualités brulantes et des conséquences immédiates sur l'équilibre international. La question du Sahara, vieille de près de 50 ans, n'est plus à l'ordre du jour, ni au coeur de l'attention internationale, surtout qu'il est évident que le jeu est faussé et que les réels acteurs n'échappent à personne. La communauté internationale, consciente de la marocanité du Sahara, continue de fermer les yeux et se désintéresser de ce dossier à cause des manipulations de l'Algérie qui ne reconnait ni son rôle ni sa responsabilité dans la création et le maintien de ce conflit. En refusant de se retourner aux tables rondes, processus initié par les Nations Unies, l'Algérie ne se conforme pas à la volonté de la communauté internationale. De plus, même lorsque le régime d'Alger participait à ces tables rondes, sa mauvaise foi et son refus de reconnaitre l'abandon de l'option référendaire, empêchaient tout développement du dossier et favorisaient le statut quo. L'Algérie, nouvellement élue comme membre non permanent au Conseil de sécurité, cherche à renverser la tendance qui s'inscrit dans un soutien onusien franc à la proposition d'autonomie soumise par le Maroc en 2007. Ainsi, en connaissance de la stratégie algérienne, et les liens militaires avec la Russie, le choix de Moscou d'éviter de programmer la question du Sahara à l'ordre du jour semble indiquer une volonté de ne pas être perçu comme répondant aux manœuvres hostiles de l'Algérie contre l'intégrité territoriale du Maroc, ce qui pourrait perturber les relations entre le Maroc et la Russie. Etant donné le partenariat économique unissant Rabat et Moscou, ainsi que la reconnaissance par la Russie du rôle stratégique du Maroc comme porte d'entrée vers l'Afrique, elle ne souhaite pas perdre des opportunités d'affaires et de partenariat ambitieuses, ce qui peut expliquer cette décision. Malgré son alliance militaire avec l'Algérie, la Russie maintient une position neutre sur la question du Sahara et pourrait trouver sa source dans les positions équilibrées du Maroc vis-à-vis de la guerre en Ukraine, où le Royaume s'est distingué en matière de soutien ou d'abstention dans les votes à l'ONU concernant la Russie. Cette décision russe semble donc également une réponse face au respect de l'équilibre diplomatique du Maroc dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne.