Libre-circulation de la MINURSO, incursions du Polisario dans la zone tampon, reprise du processus des tables rondes, autant de soucis que le Conseil de Sécurité devrait examiner avant de voter sa fameuse Résolution prévue fin octobre. Décryptage. Comme à l'accoutumée, les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies s'apprêtent à se réunir pour examiner le dossier du Sahara. Un exercice devenu quasi-routinier pour l'existence exécutive de l'ONU tant ce différend a duré dans le temps. Avant la réunion formelle qui se solde par la fameuse Résolution, dont le vote est prévu le 30 octobre, les membres du Conseil tiendront des consultations à huis clos afin de prendre acte de l'évolution du terrain et faire la genèse de ce qui s'est passé tout au long de l'année. Des consultations à huis clos ! Le programme vient d'être dévoilé. Les consultations démarreront dès le 11 octobre, date à laquelle les membres recevront un exposé détaillé du patron de la MINURSO, Alexander Ivanko. S'en suivra la présentation du rapport de l'Envoyé personnel du Secrétaire Général de l'ONU pour le Sahara, Staffan De Mistura, qui rendra compte de la série d'entretiens qu'il a eus avec l'ensemble des représentants des pays concernés et le bilan de ses tournées régionales, dont la dernière l'a menée pour la première fois au Sahara où il a rencontré les élus locaux et les représentants de la société civile. L'objectif principal de telles réunions est la Résolution qui en découle et qui concerne le sort du mandat de la MINURSO qui expire le 31 octobre. Il est donc vital pour le maintien de la paix dans la région de renouveler ce mandat. D'habitude, ce mandat est renouvelé pour une durée d'un an. Ce qui ne semble plaire ni à l'Algérie ni au Polisario qui plaident étonnamment pour six mois seulement. Dieu sait ce qui passe dans l'esprit du front séparatiste et son parrain mais une chose est sûre : tous deux ont intérêt à ce que la mission onusienne soit perturbée et peine à accomplir son rôle d'observation du respect du cessez-le-feu dans la zone tampon afin que les milices polisariennes poursuivent leurs incursions provocatrices à l'endroit des FAR. Force est de rappeler que tout au long de l'année qui s'achèvera bientôt, les milices du front ont entravé la circulation des Casques bleus à l'Est du mur de défense au point qu'ils ont eu du mal à accéder à leur "team-site". Ce n'est que sous pression que le chef du front, Brahim Ghali, a dû céder et ouvrir la voie, fin mars, aux convois militaires de l'ONU pour se déplacer dans les zones de Tifariti et M'Hairiz. La libre circulation de la MINURSO dans la zone tampon est devenue un sérieux problème pour l'ONU d'autant plus que le Conseil de Sécurité avait insisté, dans sa Résolution, sur "le réapprovisionnement sûr et régulier de ses bases d'opérations". Sans doute que les perturbations et la frénésie du Polisario inquiètent les membres du Conseil et en particulier les contributeurs financiers. L'inquiétude est d'autant plus grande que la rupture unilatérale du cessez-le-feu par le Polisario plonge la région dans l'inconnu. Le front, rappelons-le, a annoncé dès 2020, au lendemain de la libération du passage d'El-Guerguerat, la reprise de ce qu'il appelle prétentieusement sans en être réellement capable "la lutte armée". Depuis lors, quelques escarmouches de légère intensité ont été signalées par l'ONU sachant que les incursions hasardeuses des milices polisariennes près du mur de défense sont sévèrement neutralisées par les drones des FAR qui ne tolèrent plus aucune provocation tout en restant dans une logique purement défensive. Quelques hauts dirigeants du front ont péri lors des tentatives meurtrières, comme c'est le cas du membre du soi-disant secrétariat national, Abba Ali Hammoudi, dont la mort a été annoncée par la propagande polisarienne. Le Polisario toujours en quête d'une fièvre endémique Si le Polisario complique la tâche à la MINURSO, c'est parce qu'il veut installer la région dans une sorte de fièvre endémique pour mettre la pression sur le Maroc qui reste intraitable. Si la mission onusienne se voit un jour contrainte de se retirer de la zone tampon, le Maroc se réserve le droit de reprendre en main le contrôle de cette zone remise volontairement à l'ONU. C'est ce qu'a précisé l'ambassadeur permanent auprès de l'ONU, Omar Hilale, le 27 octobre 2022. Actuellement, nous en sommes encore là. La difficile reprise des tables rondes ! En plus du maintien de la paix, le Conseil œuvre également à pousser vers la reprise du processus des tables rondes avec la participation de toutes les parties concernés, y compris l'Algérie. Une tâche qui incombe, en premier lieu, à l'émissaire onusien, Staffan De Mistura, qui, jusqu'à présent, peine à convaincre l'Algérie à s'asseoir autour de la table de négociations. Alger, rappelons-le, rechigne à prendre part à ce schéma sous prétexte qu'il est obsolète. Un argument soutenu par la Russie qui soutient la thèse des "négociations directes" comme le veut l'Algérie qui, de cette façon, a trouvé un artifice pour se soustraire de ses responsabilités dans le conflit. La diplomatie russe, qu'on le rappelle, avait qualifié le processus des tables rondes de "non-pertinent" et limitant les efforts de médiation de M. De Mistura. C'est ce qui explique l'abstention de Moscou de voter les Résolutions du Conseil, rédigées par les Etats-Unis. En définitive, la résolution du Conseil sera votée cette année à la lumière des récents développements dont la reconnaissance israélienne de la marocanité du Sahara et le soutien de plus en plus croissant de la communauté internationale au plan d'autonomie proposé par le Maroc. Toutefois, les observateurs ne manqueront pas de scruter curieusement la position française au moment où la crise diplomatique entre Rabat et Paris est à son comble.
Trois questions à Mohammed Maelainin -La visite de Staffan De Mistura a-t-elle été bénéfique pour l'avancement du processus politique ? La visite de Staffan De Mistura à nos provinces sahariennes doit impacter positivement. Il devrait garder dans sa conviction intime qu'il a rencontré les authentiques représentants des populations sahraouies. L'émissaire onusien est appelé à comparer honnêtement la vie des sahraouis chez eux au Sahara marocain et la misère ou plutôt la « non vie » où sont internés les séquestrés dans les camps de Tindouf. -Cela aura-t-il un impact positif pour le Maroc dans le rapport de De Mistura ? De Mistura doit relever dans son rapport au SG de l'ONU et au Conseil de Sécurité que les authentiques représentants des sahraouis, qui vivent dans les provinces sahariennes du Maroc, mènent la vie mieux que les habitants de certains pays indépendants en Amérique Latine, en Asie et en Afrique. Aussi, nous attendons au Maroc que M. De Mistura exprime fort et haut la réalité de l'exercice réel et direct de l'administration des provinces sahariennes par les sahraouis et qu'ils y jouissent de la liberté totale des droits de citoyenneté qu'offre la Constitution du Royaume du Maroc. -L'ONU est-elle assez consciente de la misère des populations séquestrées à Tindouf dont l'Algérie refuse le recensement ? L'Algérie a dépensé des dizaines et des dizaines de milliards de dollars pour sa progéniture « le Polisario » et a reçu des dizaines d'autres milliards de dollars sous forme d'aide internationale. Cependant, ces quelques milliers de pauvres gens (non sahraouis et sahraouis) qu'elle présente comme réfugiés n'ont ni toilettes, ni eau potable, ni électricité, exposés aux intempéries du désert et dans des tentes et baraques à faire rougir de honte!