Après une escale dans les camps des séquestrés à Tindouf, où l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara a rencontré le chef des séparatistes sans résultats tangibles, Staffan de Mistura s'est rendu à bord d'un vol d'Air Algérie, ce lundi, à Alger, vraie protagoniste du conflit où il s'est entretenu avec ce bon vieux ministre des Affaires étrangères de l'Algérie, Ramtane Lamamra. Voilà ce qu'il en est ressorti, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères de l'Algérie émis en la circonstance, « Les deux parties ont examiné les derniers développements de la question sahraouie et les perspectives de consolider les efforts de l'ONU en vue d'une reprise des négociations directes entre les deux parties du conflit, le Royaume du Maroc et le front Polisario, pour parvenir à un règlement politique équitable et pérenne ». En d'autres termes, Alger rejette une fois de plus la formule dite de « tables rondes », suivant la résolution de l'ONU pour laquelle a été mandaté au demeurant l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara. Ces tables rondes quadripartites sont censées réunir le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et les sbires d'Alger, les séparatistes de la fantomatique RASD. Par contre, le Maroc se tient à cette résolution et prône pour sa part la reprise de ces tables rondes pour parvenir à une solution « basée sur l'initiative marocaine d'autonomie, dans le cadre de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale du royaume ». Hespress Fr a sollicité Mohamed Taleb, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS) pour nous donner son avis sur ce « non-évènement » tant il est vrai, que cela a été un tour pour rien pour Staffan de Mistura qui s'en revient une fois de plus bredouille d'une seconde tournée dans la région. « Le refus des tables rondes a toujours été la position d'Alger, qui veut soi-disant, tenir les ficelles de ce conflit de loin tout en se dissimulant en tant que pays observateur alors qu'elle en est l'initiatrice et la seule partie prenante ». Et d'étayer ses dires, « les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007 à aujourd'hui l'ont mentionnée des centaines de fois en tant que concernée au premier degré dans ce conflit. L'opinion internationale est consciente de l'implication directe de l'Algérie dans ce conflit pour ne pas dire que c'est l'acteur n° 1 ». Le membre du CORCAS fait cette remarque pertinente au passage, l'Algérie lésée de par les résolutions du Conseil de Sécurité, veut changer la donne, « nous nous retirons de ce processus, car non concernés et libre choix aux Sahraouis de défendre leur cause ». Alger oublie cependant que les séquestrés sahraouis se trouvent sur son territoire à Tindouf et qu'elle en empêche le recensement. Elle arme et entretient les milices séparatistes -même plus comme celle du Hezbollah qui se trouve actuellement dans les camps- qui font leur propre loi dans les camps, alors que c'est au pays d'accueil de gérer cet écueil. « L'Algérie est frustrée par les résolutions du Conseil de Sécurité et veut échapper à ses engagements envers les Nations-Unis. Elle a de tout temps appelé aux tables rondes et aujourd'hui comme par hasard alors que son petit jeu a été dévoilé à Genève, elle se désiste et appelle à un dialogue direct alors que ses marionnettes séparatistes n'ont aucun droit à la décision ». Preuve en est poursuit Mohamed Taleb, « Alger a été la première à rejeter les tables rondes avant que ces dernières sans pouvoir décisionnel lui emboitent le pas bien après. Donc au lieu de se cacher derrière ses marionnettes, Alger ferait mieux de venir négocier directement avec le Maroc sur le Sahara ». On a, du mal, à croire qu'Alger n'est pas impliquée dans le conflit du Sahara surtout après l'épisode d'Amgala. C'est une tournée peu fructueuse de, de Mistura alors ? « Oui, l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara va continuer de tourner en rond sans perspective aucune et épouser le chemin de ses prédécesseurs. Il n'a même pas réussi à maintenir les acquis du Conseil de Sécurité et on voit mal ses actions aller vers une concrétisation d'un quelconque processus onusien. En pratiquement une année depuis sa nomination, c'est le statuquo total pour ne pas dire que ça a empiré au regard de la situation qui ne fait que s'aggraver, rupture diplomatique avec l'Algérie et à un degré moindre avec la Tunisie, présence des différentes milices étrangères dont celle Hezbollah, comme il se dit à Tindouf et dans les zones tampons, recrudescence de la violence dans les camps et alentour et on en passe et des vertes et des pas mûres, sans compter le contexte géopolitique mondial qui y va de son influence dans la région. Tout ça sous la baguette par l'Algérie ». Et notre interlocuteur de préciser la ligne de conduite que veut imposer l'Algérie au Conseil de Sécurité est dangereuse. « Alger veut imposer aux Nations-Unis son dictat en reniant tous les efforts de ces dernières années du Conseil de Sécurité et de l'ONU et débuter une nouvelle feuille de route. Or, plus personne ne veut de nouvelle feuille de route en respect aux résolutions du Conseil de Sécurité depuis 2007 qui demandent à Staffan de Mistura de revenir au système des tables rondes quadripartites, sans rien changer à la chose, histoire de ne pas entraver le processus onusien et revenir en arrière ».