En décembre dernier et au lendemain de la «table ronde» de Genève, le Polisario par la voix de M'Hamed Khaddad avait couvert d'éloges le rôle des Etats-Unis. Maintenant et en prévision des prochaines échéances, le Front encense la Russie. A quelques semaines de la reprise d'un autre round de négociations sur la question du Sahara occidental et de l'échéance d'avril à l'ONU, le Polisario salue la politique étrangère de Moscou. Une mission confiée à Hamdi Khalil Mayara, le «ministre délégué aux Affaires africaines» et non pas à M'Hamed Khaddad. «La Russie pourrait jouer un rôle très déterminant au Conseil de sécurité des Nations unies mais aussi en Afrique du Nord en vue d'encourager le Royaume du Maroc et le Front Polisario, à s'asseoir autour de la table des négociations et à soutenir les efforts de l'envoyé spécial de l'ONU (Horst Köhler)», a-t-il souligné dans des déclarations à l'agence Sputnik. Et d'ajouter que le Polisario entretenait des contacts permanents avec la Russie et avait récemment tenu des consultations avec les responsables du pays. Faire oublier les éloges de Khaddad à l'engagement des Etats-Unis Mayara n'a pas caché ses espoirs en une contribution russe dans le passage à des «négociations directes» entre le Maroc et le Front «en vue de préparer le terrain à une solution qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination aussi vite que possible». «Par cette sortie, le Polisario cherche surtout à apaiser certaines voix au sein de l'administration Poutine qui n'ont pas apprécié les éloges de M'Hamed Khaddad, le coordinateur avec la MINURSO, à la politique des Etats-Unis sur ce dossier», nous confie une source ayant requis l'anonymat. Pour mémoire, au lendemain de la «table ronde» de Genève, les 5 et 6 décembre, Khaddad a salué «l'engagement américain au Conseil de sécurité» et l'intérêt qu'accorde Washington à «accompagner» Horst Köhler dans sa mission de relance des pourparlers après six ans d'arrêt. Le Sahraoui a totalement oublié l'apport de la Russie, forçant l'ambassadeur de Moscou à Rabat, Chofaiev Valerian Vladimirovitch, de lui rappeler certaines vérités. Et de citer notamment «les contacts traditionnels de son pays avec les dirigeants du Front». «Le ministre russe des Affaires étrangères a effectué, fin janvier, une tournée en Algérie, Maroc et Tunisie. A Rabat et Alger, la question du Sahara occidental n'était pas au centre des discussions de Sergueï Lavrov avec ses interlocuteurs maghrébins. Le sujet a été éclipsé par le projet du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe», explique notre source.