Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a rencontré à Alger, le plus falot et maladroit et sans aucun doute le plus apathique des présidents algériens depuis l'indépendance de l'Algérie. L'évènement, se dit-on, s'inscrit dans ce qui est perçu comme une démarche visant à renforcer les liens entre la communauté musulmane française et le gouvernement algérien. Cette rencontre, qui intervient dans un contexte électoral sensible en France, a été suivie par des déclarations du recteur invitant les musulmans de France à voter d'une certaine manière lors des prochaines élections. À la suite de cette rencontre lundi, Hafiz a publié une déclaration suggérant aux musulmans de France de soutenir des candidats spécifiques, considérés comme plus sympathiques aux intérêts algériens. Cette intervention directe dans les affaires électorales françaises a immédiatement suscité une vive controverse. De nombreux observateurs et politiciens français ont condamné cette initiative, y voyant une ingérence flagrante dans les affaires internes de la France. L'Algérie, historiquement liée à la France par des décennies de colonisation et une diaspora importante, a toujours voulu maintenir un intérêt particulier dans les affaires françaises. Cependant, cette nouvelle intervention dépasse les précédentes tentatives d'influence et pose des questions cruciales sur la souveraineté française et l'intégrité de son processus électoral. La réponse politique française : une enquête s'impose En réponse à ces événements, plusieurs responsables politiques français ont appelé à une enquête pour évaluer l'étendue de l'influence étrangère sur les élections. Il y a également eu des appels à renforcer les lois sur le financement des campagnes électorales et à surveiller de plus près les tentatives d'influence étrangère. Les relations entre la France et l'Algérie sont déjà tendues, notamment en raison des débats sur la mémoire coloniale, les questions migratoires et les enjeux de sécurité... Cette ingérence pourrait aggraver les tensions bilatérales et compliquer davantage les relations diplomatiques entre les deux pays. En mai dernier, Chems-Eddine Hafiz avait déjà exprimé ses « graves inquiétudes » face à la montée de l'extrême droite en France. Celle-ci pourrait avoir des conséquences « particulièrement sévères » pour les musulmans de France, allant de l'augmentation des actes islamophobes et des discriminations au renforcement des lois restrictives visant les pratiques religieuses et culturelles. Aujourd'hui, deux jours après la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées par le président français, après la victoire du Rassemblement National (RN) lors des élections européennes, il critique « l'esprit de repli sur soi » et a exhorté les musulmans français à participer activement aux élections européennes et nationales pour « renforcer notre démocratie » et « promouvoir les valeurs de justice, d'égalité et de solidarité ». Appel à une participation politique Chems-Eddine Hafiz a rappelé que, « en votant, nous pouvons soutenir des politiques et des candidats qui défendent le bien commun et combattent l'injustice et la corruption, en accord avec les principes musulmans ». Cette déclaration vise à encourager une plus grande participation des musulmans français dans la vie politique du pays, en opposition aux discours de repli communautariste. Alors que la France se prépare pour ses prochaines élections, l'ingérence de l'Algérie à travers les appels du recteur Chems-Eddine Hafiz à une participation active des musulmans français, quoique perçue par les musulmans franco-algériens comme une réponse à la montée de l'extrême droite et aux défis sociopolitiques actuels, restera une implication à surveiller de très près par les autorités françaises. Cette saga politico-religieuse où se mêlent influences étrangères et tensions internes ne manque pas de sel. Elle souligne une fois de plus les complexités des relations franco-algériennes et les défis que pose l'intégration de différentes communautés au sein d'une République laïque. En attendant, les citoyens français, musulmans ou non, devront voter en leur âme et conscience, espérant que leur voix ne soit pas noyée dans les méandres de la géopolitique.