«Je suis le prochain président (du CFCM) …», déclarait à la presse algérienne Dalil Boubakeur et c'est chose faite. Après avoir brigué deux mandats à la tête du CFCM quelques années auparavant, il a été élu hier président de l'institution, succédant ainsi au Franco-marocain Mohammed Moussaoui. Mais, cette élection est jugée «illégitime». Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur a été élu dimanche 30 juin président du Conseil français du culte musulman (CFCM) pour un mandat de deux ans. Il succède ainsi au Franco-Marocain Mohammed Moussaoui. Le nouveau président est le choix d'une «très large majorité des membres du conseil d'administration», selon les déclarations au quotidien Le Monde d'Abdallah Zekri, membre de cette instance et président de l'Observatoire de l'islamophobie. Conformément aux nouveaux statuts adoptés par l'institution en février, les élections de juin ont été réalisées pour les six prochaines années. Ainsi, le Franco-algérien Dalil Boubakeur assurera la présidence du 30 juin 2013 au 30 juin 2015, suivi le Marocain Anouar Kbibech du 30 juin 2015 au 30 juin 2017 et en fin le Turc Ahmet OGRAS du 30 juin 2017 au 30 juin 2019, précise SaphirNews. Retour à une ancienne fonction Dalil Boubakeur n'est pas étranger à ses nouvelles fonctions. En effet, il a assuré deux mandants à la tête du CFCM entre 2003 et 2008. De plus, il dirige la GPM depuis 1992 après son père qui en était le recteur de 1957 à 1982. L'homme est perçu comme étant «le meilleur pour défendre l'image de l'islam en temps de crise comme lors des meurtres commis par Mohamed Merah. Il maîtrise la langue française, il rassure la société française et il rappelle que nous sommes Français», d'après le président de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, M'hamed Henniche. Le recteur de la Grande mosquée de Paris en effet, est connu pour entretenir de très bonnes relations avec le pouvoir français. Mais selon Henniche, M. Boubakeur «souffre de sa proximité avec Alger, faisant de lui un diplomate de son pays d'origine». Président «démocratiquement illégitime» Mais, plusieurs responsables du culte musulman en France ont fait savoir, dans un communiqué paru dimanche, qu'ils s'opposent radicalement à cette élection. Réunis sous le mouvement Mosquées et Musulmans solidaires (MMS), ils estiment que le nouveau Conseil d'administration et le président élu sont «illégitimes démocratiquement». «Déjà 20% seulement des mosquées de France ont participé à ce scrutin», déclare à Yabiladi Kamel Kabtane, l'un des initiateurs du mouvement MMS et recteur de la mosquée de Lyon. En effet, cette mosquée avait été exclue de liste électorale. Elle aurait été traitée de «mosquée de quartier». Pour ce religieux, les élections au CFCM «ne tiennent pas compte de la volonté des musulmans de France». «Le président élu est Algérien d'origine, le prochain sera Marocain et le suivant Turc. Ils élisent en fonction du pays d'origine pour servir les intérêts de chaque pays», expliquent-ils soulignant que ce n'est pas le résultat d'un choix démocratique. Le Mouvement MMS reproche au CFCM «d'imposer 'un islam des pouvoirs publics ou des consulats', vestige de l'époque coloniale» et souhaite combattre ce système. «Plus d'une vingtaine de mosquée, ainsi que des personnalités de différents milieux nous ont rejoint», dit-il à Yabiladi. Le mouvement travaille actuellement à réunir le maximum des musulmans de France afin de mener haut leurs revendications. Il faut dire les élections au CFCM cette année ont été l'objet de vives polémiques. La candidature de l'avocat du Polisario, Me Chems-Eddine Hafiz, à ce poste n'avait fait qu'alimenter davantage les tensions. La chose était telle qu'il y avait des doutes quant à la tenue des élections le 30 juin. Au regard de tout ceci, la tâche ne s'annonce pas simple pour Dalil Boubakeur.