Récemment, le Conseil de la Concurrence a lancé des investigations suite à des indices laissant supposer une possible hausse des tarifs des boissons servies dans les cafés. Une démarche qui vise, selon le Conseil d'Ahmed Rahhou, à maintenir un environnement concurrentiel juste. Cependant, cette initiative du CC n'a pas été appréciée par les professionnels du secteur des cafés. En effet, la Fédération nationale des propriétaires des cafés et restaurants au Maroc (FNPCRM) a tenu une réunion urgente ce mercredi 1er mai pour discuter des dernières actions lancées par le Conseil de la concurrence, « dans laquelle il a envisagé d'ouvrir une enquête sur la possibilité d'augmenter les tarifs des boissons dans les cafés », la qualifiant « d'inappropriée et irresponsable ». Après un débat approfondi sur les démarches entreprises par le CC et « les défis actuels du marché du café au Maroc« , comme souligné dans le communiqué parvenu à Hespress FR, le Bureau national de la FNPCRM a exprimé « son étonnement face à la déclaration du Conseil de la Concurrence », en soulignant que celle-ci « semble dénuée de clarté et de vision stratégique« . Ainsi, la Fédération a indiqué que les professionnels s'attendaient à ce que le CC « dissipe la confusion qui règne sur le marché du café au Maroc, qui a entraîné une augmentation significative du prix du café en grains avec une augmentation initiale dépassant 35%, en s'en prenant au maillon le plus faible et le plus vulnérable de la chaîne de production« . La Fédération impute également au CC « la responsabilité totale dans la confusion actuelle qui règne sur le marché du café au Maroc, pour ne pas avoir agi pour analyser et réguler la situation de la concurrence sur le marché marocain, et pour ne pas avoir combattu le monopole et l'exploitation abusive de la position dominante sur le marché intérieur national« . Interpellé à ce sujet par Hespress FR, Noureddine El Harrak, président de la Fédération, a souligné sa déception de la dernière action du CC, notant qu'aujourd'hui, « une seule entreprise monopolise 99% des ventes et des achats et le chiffre d'affaires réalisé par le café au Maroc« . « Nous rejetons la déformation de l'image des professionnels marocains et toutes les tentatives de détourner l'opinion publique en nous accusant de pratiques contraires à l'éthique et illégales, alors que ces pratiques sont flagrantes dans d'autres secteurs notamment celui des carburants, de l'assurance, des banques et autres. Au lieu de se concentrer sur cela, on attaque le maillon faible, alors qu'il y a une concentration économique et un monopole interdit par la loi qui est pratiqué au quotidien ailleurs« , s'insurge notre interlocuteur. Ainsi, El Herrak a affirmé que la Fédération et les professionnels du secteur sont pleinement conscients des dispositions de la loi n°104.12 relative à la liberté des prix et à la concurrence et de toutes les pratiques contraires aux règles de la concurrence, en particulier les accords et les alliances visant à entraver cette concurrence, ce qui a amené le Bureau national au début de cette crise à alerter les professionnels marocains de tous les secteurs de la Fédération par divers moyens de communication visuels et écrits. « Nous n'avons jamais incité les professionnels à augmenter les prix. Mais la conjoncture actuelle impose cela. Certains ont ajouté 50 centimes, d'autres ont rajouté 1 dirham, certains ne l'ont carrément pas fait. Ensuite, chacun assume sa responsabilité. Mais nous défendons le fait que si le professionnel rajoute cette petite somme, il y a des justifications derrière », souligne El Harrak. Et de s'interroger: « Lorsqu'on constate que le café a augmenté entre 30 et 90 dirhams en un laps de temps, cela représente plus que la moitié qui a été rajoutée au kilo. Le prix a augmenté de 50%. Comment voulez-vous qu'un professionnel achète le café à 180 dirhams le kilo et le vende à moins de 10 dirhams ? Là, il ne faut pas parler qualité. Le professionnel qui vend un café à moins de 10 dirhams, ne vous attendez pas à boire un café de qualité« . Ainsi, la Fédération a exprimé son rejet total « du silence du CC sur l'augmentation explosive des prix des carburants et de tous les produits de base, et pour ne pas avoir agi pour réguler la situation de la concurrence sur les marchés et pour son silence sur la prolifération des Food-Trucks dans les endroits qui leur sont pas réservés ainsi que dans les voitures sur toutes les routes et ruelles du Royaume, et pour avoir imposé aux professionnels des taxes exceptionnelles sous plusieurs dénominations autres que celles payées par les citoyens ordinaires, ce qui a entraîné l'effondrement d'une partie importante du secteur« . En conséquence, le Bureau national de la Fédération a appelé le Conseil de la Concurrence « à assumer pleinement sa responsabilité et à orienter sa boussole vers les entités qui ont créé cette situation en monopolisant le commerce de café au Maroc et à limiter leur domination sur les marchés, et à mettre fin à ce regard arrogant sur le secteur en tant que composante importante du tissu économique national, tant en termes de main-d'œuvre employée qu'en sa qualité de rouage qui fonctionne quotidiennement et sans interruption dans un ensemble de secteurs connexes« .