Les Gilets jaunes s'apprêtent à manifester, pour le 5è samedi consécutif, dans le cadre de leur acte 5, qui intervient après deux évènements majeurs qui peuvent marquer un tournant dans le mouvement et son degré de mobilisation. La semaine en France a en effet été marquée par l'adresse à la nation d'Emanuel Macron, et l'attaque du marché de noël de Strarsbourg qui a fait 3 morts et plus de 10 blessés. En effet, le discours tant attendu du chef de l'Etat pour tenter de calmer la rue et répondre, un tant soit peu aux revendications des manifestants n'a pas été à la hauteur des attentes et de grandes franges des gilets jaunes ont fait part de leur intention de poursuivre le mouvement, jusqu'à satisfaction totale de leurs demandes. Pour eux les mesures proposées par Macron, à savoir une augmentation du SMIC de 100 euros par mois, l'annulation pour cette année de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités gagnant moins de 2000 euros par mois et la suppression des impôts et charges pour les heures supplémentaires dès 2019, sont « tardives et insuffisantes ». « Le compte n'y est pas, c'en est encore très loin », estiment-ils dans les cafés, les ronds-points où ils squattent, ou encore les réseaux sociaux. « On va continuer, on lâchera pas », affirme-t-ils à qui veut l'entendre. Cette détermination n'a pas été ébranlée par les mises en garde des autorités, consécutives à l'attentat survenu mardi soir à Strasbourg. Le plan Vigipirate avait d'ailleurs été relevé au plus haut niveau « urgence attentat », sur toute la France, mais les manifestations n'ont pas été interdites. Beaucoup de rumeurs avaient circulé à ce propos mais un arrêté préfectoral avait été rendu public et signifiait en substances que les manifestations avaient en effet été interdites mercredi « jusqu'à nouvel ordre » sur « l'ensemble du territoire de la commune Strasbourg ». Avec le niveau "Urgence attentat"de #Vigipirate, les manifestations #GiletsJaunes seront interdites sur le territoire. #AttentatStrasbourg pic.twitter.com/Z5huNDlB9Y — Kim Jong Un (@KimJongUnique) December 12, 2018 Pendant les 48 heures qu'a duré la traque de Cherif Chekatt, le suspect qui a finalement été abattu par des policiers, jeudi dans la soirée, les appels s'étaient multipliés pour persuader les gilets jaunes de renoncer à l'Acte 5 en raison de la situation sécuritaire dans le pays. A cet égard, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait affirmé qu'il ne serait « pas raisonnable » de redescendre dans la rue, alors que Richard Ferrand, le président (LREM) de l'Assemblée nationale, avait martelé : Il faut « maintenant que le mouvement s'arrête ». Détermination inébranlable Mais les plus coriaces des GJ ne l'entendent pas de cette oreille, et vont même jusqu'à accuser l'exécutif de « se servir de cette affaire » pour tenter d'affaiblir le mouvement. La ministre de la justice instrumentalise opportunément l'#AttentatStrasbourg pour demander aux #GiletsJaunes de cesser leur mouvement. Beaucoup de coïncidences autour de cet attentat. https://t.co/nzppGbPvMH — Kim Jong Un (@KimJongUnique) December 12, 2018 En tout cas, jusqu'à preuve du contraire, l'Acte 5 est maintenu, et les GJ sont déterminés à faire entendre leur voix. Pourquoi arrêter le mouvement des #GiletsJaunes, alors que Macron a montré sa faiblesse et sa peur? https://t.co/zrhhmT9EAg — Kim Jong Un (@KimJongUnique) December 11, 2018 Effet d'usure? Toutefois, l'usure commence à se faire sentir dans les rangs. Et la mobilisation en pâtit. Dans une vidéo publiée jeudi sur Facebook, Eric Drouet, l'une des figures du mouvement, a tenté de rameuter les troupes : « C'est le moment où justement il ne faut pas lâcher (...). Des gens ont perdu la vie, c'est pas pour gagner 50 euros sur un smic ». De même, sur Facebook, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont annoncé leur présence à Paris samedi, mais feront le déplacement ? Sur le réseau social, au moins six pages, qui comptent près de 160.000 participants annoncent des manifestations ce samedi à Paris. Une des plus importantes, « Acte 5 : Macron démission » comptabilise 10.000 participants et 67.000 intéressés. Sur l'événement « ACTE V / ASSAUT CONTRE LE GOUVERNEMENT TOUS ENSEMBLE ! », 2.600 personnes disent participer, 19.000 se disent intéressées. L'événement « ACTE V LE PEUPLE CONTRE ATTAQUE » compte 4.400 participants et 32.000 intéressés. Dispositif sécuritaire renforcé Côté autorités, on s'attend au pire. Au moins un samedi aussi mouvementé que le précédent. Le préfet Michel Delpuech a précisé sur RTL que le dispositif policier pour encadrer les Gilets jaunes à Paris samedi sera « assez semblable » à celui de la semaine dernière. « Le volume sera du même ordre : 8 000 personnes, à la fois les forces lourdes, c'est-à-dire les compagnies républicaines de sécurité (CRS), des escadrons de gendarmerie mobile et les éléments mobiles, les chevaux légers, outre 14 véhicules blindés à roue qui seront déployés, a comme la semaine passée », a-t-il ajouté. En gros, se préparer à la situation qui pourrait être la pire. 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