Les organismes internationaux, tels que la Banque mondiale (BM) ou le Fonds Monétaire International (FMI), estiment que malgré plusieurs défis, l'économie nationale a renforcé sa résilience. On prévoit effectivement au Maroc une accentuation de la reprise à moyen terme, avec une croissance estimée à 3,1% en 2024 et 3,3% en 2025, atteignant ensuite 3,5% en 2026. La Loi de Finances 2024, un peu plus optimiste, table plutôt sur un taux de 3,7%, basé sur une récolte céréalière de 75 millions de quintaux. Mais cette prévision ne prend pas en compte malheureusement les évolutions récentes de la campagne agricole et surtout les caprices du ciel à l'aube de la nouvelle année que d'aucuns veulent bien voir porteuse de bons espoirs. Aussi, des répercussions sur de nombreuses activités devront amèrement se faire sentir. La croissance économique devrait alors être revue et corrigée à la baisse, car d'autres indicateurs seront perturbés (hausse du taux de chômage accentuée par les pertes d'emplois en milieu rural, importations alimentaires en augmentation, d'où l'impactant sur les avoirs en devises, tandis que les finances publiques seront soumises à de nouveaux engagements budgétaires), foi de spécialistes. Cela dit, Nizar Baraka, ministre de l'Équipement et de l'Eau, a récemment tiré la sonnette d'alarme quant à l'aggravation du déficit hydrique. Dans ce contexte et moins d'une semaine après la présentation de la situation hydrique alarmante au Royaume, le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a mobilisé les autorités locales. Dans une circulaire, il appelle à mettre en œuvre, de manière rigoureuse, une batterie de mesures visant à gérer le stress hydrique. Ce sont là des signes avant-coureurs, peu prometteurs pour une excellence d'une saison normale. Mais après cinq années de sécheresse, où donc peut bien se trouver la normalité de la chose ? La campagne agricole 2023/2024 s'en annonce déjà compromise, avec les trois derniers mois ayant été aux deux tiers plus secs qu'une année "normale", justement. Il convient de noter que la part de l'agriculture dans le PIB, varie entre 12 et 14% par an. Autrement dit, l'année 2024, présentée comme une année charnière avec de nombreux projets en perspective, s'annonce comme un défi majeur. Parmi ces initiatives figurent la mise en œuvre du registre social unifié (RSU) et la généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO), le programme de reconstruction suite au séisme d'El Haouz, le début des travaux liés à la Coupe du monde 2030, ainsi que la gestion des charges du dialogue social, qui ne se limitent pas au seul corps enseignant. La pénurie d'eau, changement et perturbations climatiques obligent, a été exacerbée par une augmentation de la température de 1,3 degré par rapport à la moyenne annuelle. Et, si ce scénario de sécheresse venait à persister au printemps, on ne vous dit pas les répercussions sur le secteur agricole, les récoltes ne devraient pas dépasser le quart de celles escomptées. Aussi, l'hypothèse de la Loi de Finances 2024 concernant une récolte de blé de 75 millions de quintaux semble difficilement tenable, en raison du démarrage perturbé de la saison causé par le manque de pluie. Les deux prochains mois seront cruciaux pour l'issue de la saison, et en l'absence de précipitations en janvier, la campagne agricole 2023/2024 devra être soit mise aux oubliettes ou, listée parmi les records désastreux de la pire année du secteur. La sauvegarde de la saison agricole au Maroc après cinq années de sécheresse a nécessité une approche holistique et coordonnée, intégrant des mesures à court et à long terme pour atténuer les défis persistants de la sécheresse. Pour ce faire le Maroc a effectivement élaboré une stratégie globale, et ce, sur Instructions Royales, visant à sauver ses saisons agricoles. Dotée d'une enveloppe d'environ 10 milliards de DH, elle a été conçue pour surmonter les impacts climatiques et les effets de conjoncture afin de restaurer un équilibre harmonieux des chaînes de production. Des mesures ont été prises, et déjà, elles s'exécutent entre les divers départements concernés. On y trouve la mise en œuvre de technologies agricoles avancées pour maximiser l'utilisation des ressources disponibles. C'est ainsi qu'il a été fait appel à l'investissement dans des infrastructures dans lesquelles le privé y joue un rôle prépondérant. La promotion des pratiques agricoles durables est également mise en avant, collecte des eaux de pluie et encouragement de l'utilisation responsable de l'eau par les agriculteurs font partie du lot. La diversification des cultures pour réduire la dépendance à l'égard de cultures sensibles à la sécheresse et l'introduction dans la filière agricole des cultures résistantes à la sécheresse et adaptées au climat ne sont pas en reste, tout, comme la formation des agriculteurs... On le voit, ce n'est pas faute de bonne volonté. Pour peu qu'une clémence du ciel veuille bien s'y mêler.