Des mesures sont prises pour assurer un bon approvisionnement en intrants. Face aux aléas climatiques, les exploitants s'intéressent de plus en plus à l'assurance agricole. Pour compenser le déficit en céréales, le Maroc devrait importer 40 millions de quintaux de blé. La campagne agricole 2016-2017 démarre. Les préparatifs vont bon train dans le monde rural. Passée la période de Aïd Al-Adha, les marchands de céréales et légumineuses proposent déjà dans les souks hebdomadaires les semences et autres intrants. Mais le spectre de la sécheresse plane sur les esprits, car les exploitants sont toujours sous le coup d'une mauvaise saison qui a impacté leur trésorerie. Le volume de la récolte céréalière au cours de la saison 2015-2016 est plus de trois fois inférieur à la production de l'an passé. Cette année là, la campagne agricole a connu la pire sécheresse de son histoire. Les éleveurs qui ont misé sur Aïd Al-Adha pour améliorer leurs revenus, n'ont pas trouvé leur compte. L'abondance de l'offre et le recul de la demande ont tiré les prix vers le bas. Certains éleveurs n'ont pas pu écouler la totalité de leur troupeau et, de ce fait, ils sont confrontés à de nouvelles charges inattendues pour nourrir les moutons restants. Le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime devrait bientôt annoncer le démarrage de la campagne et les mesures prises pour réussir la saison. Il faut s'attendre à plus de deux millions de quintaux de semences certifiées qui seront mobilisés en faveur des agriculteurs et à plus de 1,2 million de quintaux d'engrais. Concernant les mesures d'accompagnement, le département de tutelle procède, en concertation avec les professionnels, à l'analyse de l'eau et des sols dans les laboratoires dans le but de leur fournir les recommandations appropriées afin d'améliorer leur aptitude à la production par le choix d'un engrais adapté à chaque type de sol. Par ailleurs, la sécheresse ayant sévi lors de la saison écoulée devrait inciter les fellahs à souscrire une assurance multirisque. L'année dernière, l'objectif d'un million d'ha fut atteint. Déficit hydrique : comment composer ? Chez les agriculteurs, un climat d'optimisme mesuré règne malgré les contraintes liées aux aléas climatiques. «J'espère que la prochaine saison sera pluvieuse. L'arrivée des pluies précocement permettra un bon démarrage de la campagne et devrait avoir un effet tangible sur le moral du monde rural. La sécheresse nous a impacté sérieusement. Outre le rendement médiocre des récoltes, l'effet est visible sur les prix de l'aliment de bétail qui ont flambé et les parcours naturels qui se sont appauvris», souligne Mohamed Fahil, président d'une association agricole dans la région de Médiouna. En effet, le manque d'eau est nettement visible sur le taux de remplissage des barrages qui s'est chiffré à la date du 10 octobre 2016, à 43% seulement contre près de 67% au cours de la même période de l'année dernière. «La situation n'est pas encore alarmante, mais il y a de quoi s'inquiéter. Si ces conditions persistent, il y a un risque de rationaliser en eau les zones irriguées par les autorités compétentes», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur en génie rural. «Lorsque l'eau des barrages accordée à l'agriculture n'est pas suffisante pour répondre à tous les besoins, la priorité est toujours donnée aux cultures pluriannuelles (les plantes qui persistent d'une année à l'autre comme les arbres, contrairement au blé) comme les plantations, les agrumes, la canne à sucre. En temps de sécheresse, comme cette année, l'Office de mise en valeur agricole demande aux agriculteurs de ne pas emblaver certaines de leurs terres, en les avertissant que de toute façon, l'office ne leur fournira pas d'eau», ajoute-t-il. Par ailleurs, il faut souligner que le Maroc devrait importer 40 millions de quintaux de blé lors de cette saison. Selon l'Organisation mondiale de l'agriculture et de l'alimentation (FAO), le Royaume devrait importer 8,7 milions de tonnes toutes céréales confondues (si l'on y ajoute le maïs et les légumineuses), contre 6,5 millions de tonnes en moyenne depuis 2011. Ce chiffre fait figure de record depuis des années. Il s'explique par la mauvaise récolte de la campagne agricole 2015-2016. Pour s'approvisionner en blé, le Maroc devrait se tourner vers ses fournisseurs traditionnels, l'Europe, dont la France, et les Etats-Unis. C. J. Fellah online : Défis L'agriculture est un secteur clé de l'économie nationale. Elle est l'activité principale d'une façon directe ou indirecte de près de la moitié de la population. Pourtant, dans le programme électoral des partis politiques, le secteur n'a pas la place et l'importance qu'il mérite. Que des généralités ! C'est l'impression qui ressort en général de ce que prévoient les formations politiques pour l'agriculture nationale. Certaines formations n'ont pas hésité à reprendre mot pour mot les mêmes engagements de la campagne de 2011 et même celle de 2007. Aucune analyse de fond pour identifier les maux du secteur et proposer des solutions concrètes, réalistes et réalisables. Certains partis qui ont dirigé le département de l'agriculture, à l'instar de l'USFP en la personne de Habib El Malki, du PPS par l'intermédiaire de Moulay Ismail Alaoui ou du Mouvement populaire avec Mohand Laenser, devaient pourtant avoir assez d'éléments et de recul pour lancer de nouvelles idées et propositions afin de corriger les différents dysfonctionnements et lacunes qui impactent le secteur. Les responsables de partis évoquent comme argument que la feuille de route est déjà tracée, et ce jusqu'en 2020, à travers le Plan Maroc Vert. Mais la pratique a montré que des évolutions existent à plusieurs niveaux selon les filières. En dépit des objectifs chiffrés, on oublie l'élément humain qui est au cœur de tout développement. En effet, le monde rural est miné par plusieurs problématiques qui ne sont pas forcément à caractère agricole. L'urgence est de faire face à la déperdition scolaire et lutter contre le désenclavement de la population à travers la construction de routes et de voies de communication. Les centres de soin et les ressources qui leur sont allouées sont insuffisants. Par ailleurs, la question épineuse du foncier agricole reste un sujet de grande importance qui n'a pas été abordée.