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Campagne agricole 2014/2015 : Le spectre de la sécheresse plane sur la saison
Publié dans Finances news le 04 - 09 - 2014

Les réserves en eau des barrages accusent une baisse inquiétante. Les prochains mois seront déterminants quant à l'issue de la campagne. Les résultats assez moyens de la dernière saison ont impacté la trésorerie des fellahs. Les éleveurs attendent Aïd Al-Adha pour sauver la mise.
La campagne agricole 2014/2015 sera marquée par le spectre de la sécheresse. Elle est déjà impactée, lors de la saison écoulée, par une pluviométrie en deçà de 25% par rapport à la moyenne nationale. Cette insuffisance passe à plus de 50% dans les régions du Sud. Une situation qui a eu un effet considérable sur les récoltes et bien entendu sur les réserves des barrages. En effet, les stocks en eau sont en baisse de plus de 12% par rapport à l'année dernière passant de 72% à 57% seulement. Les prochains mois seront déterminants quant à l'issue de la campagne.
Mais pour les spécialistes, la situation hydrique actuelle du Maroc est inquiétante, malgré les propos rassurants du gouvernement : «Il y a un déficit en eau qui reste gérable actuellement mais les pluies de l'automne seront d'un apport capital. Si la sécheresse perdure, le risque de rationalisation des approvisionnements en eau n'est pas à écarter surtout dans les périmètres irrigués du sud du pays notamment Souss, Tafilalt et même Oum Rabii où les principaux barrages comme Bin El Ouidane ou Al Massira disposent de stocks nettement inférieurs à la moyenne. Les disparités entre les régions étant importantes», souligne Abderrahim Belhajjaj, ingénieur en génie rural.
Il explique que certains barrages sont déjà impactés par le phénomène de l'envasement. Les chiffres sur les réserves en eau sont à prendre avec précaution.
Quand la pression augmente sur le pompage
Outre les barrages, la nappe phréatique a été impactée par la sécheresse. Selon une source de l'agence du bassin hydraulique d'Oum Rabii, «le débit des puits a baissé dans plusieurs zones, une régression qui dépasse la normale». Le même constat est partagé par Mohamed Belafrah, membre d'une association des exploitants de la région de Benslimane relevant du domaine de l'agence hydraulique de Bouregreg. «Le niveau des puits a baissé. Cela est dû à la forte demande et aussi à la sécheresse. Les besoins en eau ont entraîné une pression sur le pompage pour l'irrigation des cultures et l'abreuvage du cheptel», affirme-t-il.
Il est donc clair que le niveau actuel des barrages suscite des inquiétudes, le scénario catastrophe n'est plus à écarter. Il faut remonter à 7 ans pour noter que le niveau de stockage a baissé à moins de 40%. A l'époque la rationalisation des lâchers d'eau a fortement impacté les cultures et les premières victimes étaient les exploitants du Souss dont l'essentiel des produits, notamment les fruits et légumes, est destiné à l'export.
Malgré cette contreperformance de la saison agricole, il y a beaucoup de cultures et de branches d'activité qui ont tiré leur épingle du jeu lors de cette campagne. Il s'agit des céréales semi tardives ou tardives, des légumineuses, des figues de barbarie ou certaines filières d'arboriculture comme l'oléiculture et l'aviculture.
«La sécheresse est devenue un paramètre inévitable pour les exploitants agricoles. Les plus aguerris arrivent à le maîtriser à travers différentes dispositions. Mais une grande partie des agriculteurs surtout les petits qui travaillent dans les zones bours restent vulnérables au diktat de la pluviométrie », explique Mohamed El Amrani, professeur d'économie.
Il est à rappeler que sur les 8 millions d'hectares arables, le Maroc dispose de près de 1,5 million d'hectares dans l'irrigué. Il projette d'augmenter cette superficie à 2 millions dans les prochaines années.
Dans le cadre du Plan Maroc Vert, une grande importance est donnée pour l'utilisation des équipements d'irrigation économe en eau du fait que le Maroc se trouve dans une région semi-aride. L'Etat accorde des subventions pouvant atteindre les 60% pour l'acquisition de ces outils. Le financement se fait avec des conditions préférentielles.
Début des préparatifs pour la saison agricole
Le mois de septembre coïncide avec le début des préparatifs pour la prochaine saison agricole qui commence généralement par le travail du sol. Les résultats assez moyens de la saison 2013/2014 n'ont pas permis aux exploitants de dégager assez de marge pour entamer la campagne dans de bonnes conditions. Plusieurs fellahs seront amenés à payer leur dette vis-à-vis du Crédit agricole. Leur trésorerie sera mise à rude épreuve. Les éleveurs surtout ovins peuvent tirer profit de Aïd Al-Adha qui sera célébré la première semaine d'octobre Mais la plupart d'entre eux se plaignent du renchérissement des intrants surtout l'aliment de bétail. Pour le reste de la campagne, le département de tutelle devrait dévoiler dans les semaines à venir les dispositions prises pour le bon déroulement de la saison. Elles se déclinent en trois axes : l'amélioration des chaînes de production, la gestion de l'irrigation et l'encadrement de l'investissement agricole.
Au programme figure notamment l'approvisionnement adéquat du marché en matière de semences certifiées qui doivent atteindre 1,5 million de tonnes. Egalement, l'offre des engrais et autres fertilisants sera suffisante.
Concernant l'amélioration des chaînes de production, le ministère veut encourager l'utilisation des intrants et des semences sélectionnées. Il est question d'améliorer la productivité des cultures céréalières, véritable baromètre de la campagne agricole.


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