Les pluies de mars et d'avril ont permis de redresser la situation et de sauver in extrémis la campagne. Certaines filières (animale, cultures semi-tardives, printanières ou arboricoles) ont pu tirer leur épingle du jeu. Le taux de remplissage des barrages a régressé à 65%, contre 81% une année auparavant. Mais les réserves en eau assurent de la visibilité pour la prochaine campagne. Les pluies de mars et d'avril ont sauvé in extrémis la campagne agricole 2011/2012. Plusieurs fellahs avaient perdu tout espoir après deux mois (janvier et février) où les pluies avaient fait défaut. Une période jugée cruciale pour le développement des plantes, surtout des cultures d'automne. Le cumul pluviométrique de la saison agricole accuse un défit de 51% par rapport à la moyenne des 5 dernières années La récolte céréalière arrêtée dernièrement par le ministère de l'Agriculture est limitée à 51 millions de quintaux. Un bilan assez modeste comparativement avec la moyenne de ces trois dernières années qui s'est située à 80 millions et aussi les objectifs fixés par la Loi de Finances qui tablaient sur 60 millions. La production céréalière de la campagne 2011-2012 vient principalement des zones d'exploitation favorables et de l'irrigué. Ainsi, pour une superficie globale de près de 5 millions d'ha emblavés en céréales, dont le blé tendre, le blé dur et l'orge occupent respectivement 43%, 19% et 38%, la production a été respectivement de 27,4, 11,3 et 12 millions de quintaux. En dépit du retard des pluies printanières, les basses températures ont permis de limiter les effets du stress hydrique. Le rendement à l'hectare s'est lui aussi limité à une moyenne de 10 quintaux au niveau national. Malgré cette contre-performance de la saison agricole, selon plusieurs spécialistes beaucoup de cultures et de branches d'activité ont profité de la relance de la fin de la campagne. Il s'agit des céréales semi-tardives ou tardives, des légumineuses, des figues de barbarie ou de certaines filières d'arboriculture comme l'oléiculture. La filière animale a également profité de la situation à plusieurs niveaux. D'abord, l'arrivée des pluies a freiné la flambée des prix des aliments de bétail. Un phénomène qui a eu pour conséquence directe des ventes massives de troupeaux pour réduire les charges et un déclin des prix du cheptel. Les souks hebdomadaires ont connu, durant une certaine période, une offre dépassant largement la demande avec souvent l'écoulement des bêtes à perte. «Les précipitations du printemps ont eu un effet favorable sur les parcours et ont permis de redonner de l'espoir à plusieurs exploitants qui étaient sur le point de se débarrasser de leur troupeau. A l'approche du mois de Ramadan et avec le début des préparatifs des moutons destinés Aïd El-Adha, le marché du bétail a commencé à prendre des couleurs et on espère que cela continuera pour les mois à venir», a affirmé Mohamed Maazouzi, président d'une coopérative dans la région de Chaouia. Pour faire face aux aléas climatiques jugés défavorables durant l'actuelle campagne, le gouvernement a lancé un plan antisécheresse doté d'une enveloppe de 1,53 milliard de DH. Ce plan cible exclusivement la sauvegarde du cheptel dans les régions les plus affectées par la sécheresse et la vague de froid. Les régions concernées sont celles du Haouz Tensift, des plateaux phosphatés, de l'Oriental et du sud d'Oum Errabii. Dans ces zones, le déficit pluviométrique est estimé à 60% en comparaison avec une saison normale, et le couvert végétal y est pratiquement nul. Dans ce contexte, il a été décidé de suspendre les droits de douane et les taxes à l'importation sur l'orge. Rappelons que le recul de la production végétale, notamment celle des céréales, a conforté la hausse de leurs prix sur le marché intérieur, avec le renchérissement des cours internationaux. Par ailleurs, il faut noter que les réserves des barrages ont été l'un des secteurs les plus impactés par le déficit pluviométrique. Le niveau de remplissage a nettement régressé passant de 12, 84 milliards de m3 au 10 juillet 2012, soit un taux de 81,3%, à 10,26 milliards de m3 (un taux de 65,1%) une année auparavant. Selon les spécialistes «malgré la baisse des stocks en eau, le niveau reste satisfaisant. Il assure de la visibilité au moins pour la prochaine campagne. C'est en deçà d'une capacité de réserve de 40% qu'il faut s'inquiéter et procéder à une rationalisation de la distribution de l'eau dans les périmètres irrigués.