* Moins de 40 millions de quintaux selon le meilleur scénario. * Les régions du Nord moins impactées par la sécheresse. * Le marché du bétail est encore déséquilibré. Les récoltes de l'actuelle campagne agricole ne vont pas dépasser, dans le meilleur des cas, les 40 millions de quintaux, soit moins de 50% de la précédente campagne et 35% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le ministère de l'Agriculture va annoncer dans les jours qui viennent les résultats prévisionnels de la saison. «Les précipitations du mois de mars et d'avril ont sauvé la saison de la catastrophe mais leur mauvaise répartition dans le temps et dans l'espace ont fait que les résultats seraient au-dessous de la moyenne», précise-t-on du côté de la Direction de la production végétale. La même source a indiqué que «la production de blé va baisser sous l'impact d'un recul des surfaces emblavées et des rendements. Le manque de pluie a défavorisé l'état végétatif, surtout dans les plaines de la Chaouia, Al Haouz, Doukkala, Abda, Rhamna, Souss et Tadla. En revanche, les régions du Nord et de l'Oriental présentent un état satisfaisant». En effet, le total des terres travaillées est de 4,6 millions d'hectares contre 5,3 millions pour la saison précédente, soit une baisse de 14%. Selon le type de céréales, la production de blé tendre va se situer autour de 28 millions de quintaux, celle du blé dur aux environs de 8 millions de quintaux alors que celle de l'orge est estimée à 12 millions de quintaux. Ces résultats ouvrent déjà la voie aux importations, puisque le Maroc importe l'essentiel de ses besoins céréaliers de l'étranger, notamment des Etats-Unis auxquels il est lié par un accord de contingentement de 1 million de tonnes et la France par un accord win-win. Le département américain de l'Agriculture (USDA) place déjà le Maroc dans le top ten des principaux importateurs de céréales dans le monde pour la prochaine saison. Il estime les besoins du pays à près de 4,5 millions de tonnes dont 3 millions de blé tendre et 1 million d'orge. Le ministère de l'Agriculture va annoncer les dispositions tarifaires d'importation de céréales après la période de récolte qui s'étend au plus tard jusqu'à fin juillet. L'orge devrait bénéficier fort probablement d'une exonération afin de donner un coup de pouce au secteur de l'élevage qui a été très impacté par la sécheresse. «Les dernières pluies ont apporté un certain soulagement mais qui reste mesuré. Le cheptel est très touché par l'épuisement des pâturages et le renchérissement des aliments de bétail», a indiqué Mohamed Hamdi, Président d'une Association d'éleveurs dans la région de Benslimane. Il a précisé que «certains exploitants n'ont pas pu supporter les charges d'exploitation de leurs troupeaux. Ils ont dû vendre leurs bêtes à moitié prix. Seuls les chevillards ont profité de cette situation, car les consommateurs continuent de payer les mêmes prix». Mohamed Lfah, ingénieur agronome, a estimé que «les pluies du printemps ont eu un impact qui n'est pas décisif sur la campagne mais favorable, du moins sur le moral des agriculteurs. Outre les cultures tardives et printanières comme les légumineuses et les fourragères qui devraient réaliser des récoltes satisfaisantes, les parcours naturels ont tiré profit de cet apport en eau sans oublier bien sûr l'impact sur la nappe phréatique». Evoquant le marché du bétail, Lfah a expliqué que «les exploitants ont des problèmes de trésorerie. Les perspectives de la campagne sont contraignantes, c'est ce qui explique que l'offre dépasse la demande et aussi l'effondrement des prix».