◆ Les deux dernières années successives de sécheresse pèsent lourdement sur le démarrage de la saison. ◆ Le retard des pluies risque d'impacter le moral des exploitants.
Par C. Jaidani
Aziz Akhannouch, ministre de l ' Agriculture , devrait donner le coup d'envoi de la campagne agricole 2020/2021 à partir de la deuxième semaine d'octobre. La saison s'annonce difficile à plusieurs niveaux. Elle fait suite à deux années successives de sécheresse qui ont impacté profondément la trésorerie des exploitants. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la pandémie du coronavirus perturbe les activités agricoles au niveau de l'approvisionnement en intrants, la commercialisation et la disponibilité de la main-d'œuvre. Le département de tutelle s'active pour assurer un bon démarrage de la saison. A cet égard, une réunion a été consacrée dernièrement à la mise en place du programme d'assolement des cultures d'automne en tenant compte de la situation des disponibilités en ressources hydriques et de l'évolution des conditions climatiques de la saison d'automne. Ce programme concerne les semences céréalières, les céréales, les légumineuses alimentaires, les cultures fourragères, les cultures sucrières et maraîchères au niveau de toutes les régions agricoles du Royaume. La superficie prévisionnelle d'emblavement est estimée à 5,3 millions d'hectares. Elle est répartie entre 4,8 millions d'hectares pour les céréales et 500.000 hectares pour les légumineuses et autres cultures. Le département de tutelle mettra à la disposition des fellahs plus de 2,2 millions de quintaux de semences certifiées. Les prix seront similaires à ceux pratiqués l'année dernière, à savoir 175 DH/quintal pour le blé tendre, 195 DH pour le blé dur et 375 DH/ quintal pour l'orge. Afin d'assurer plus de proximité aux exploitants, le réseau de distribution sera renforcé par plus de 500 points de vente. S'agissant des engrais, les disponibilités tournent autour de 700.000 tonnes. «L'effet psychique joue un rôle très important sur le moral des agriculteurs. Si la pluie est au rendezvous au moment opportun et bien répartie dans l'espace, les préparatifs vont s'accélérer et il est possible de réussir un bon démarrage de la campagne. En revanche, l'absence de précipitations risque de retarder ces préparatifs, voire de compromettre la saison dès le départ», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Les agriculteurs sont confrontés à différentes contraintes, notamment la problématique du financement des travaux et l'achat des intrants, sachant que le prix de ces derniers sera tiré vers le haut. Le ministère de l'Agriculture devrait annoncer incessamment une panoplie de mesures pour accompagner les fellahs en ces périodes difficiles. A travers le Crédit Agricole, un programme de financement adapté sera décliné, englobant des crédits d'exploitation ou d'investissement à des taux compétitifs. Pour faire face aux aléas climatiques, le programme antérieur de l'assurance agricole devrait être reconduit afin de couvrir près d'un million d'hectares. Il devrait connaître une forte adhésion des agriculteurs.
Situation hydrique inquiétante La situation hydrique est alarmante et risque d'empirer avec le retard ou l'insuffisance des pluies dans les mois à venir. Même dans les périmètres irrigués, le rationnement de la distribution d'eau devient de plus en plus probable, surtout dans les régions sud comme le Souss, le Tafilalet ou le Haouz. Le taux de remplissage des barrages est descendu sous la barre des 40%. Au 18 septembre 2020, les réserves sont de l'ordre de 6,08 milliards de m3 contre 7,57 milliards de m3 une année auparavant, soit un taux de remplissage de 39%. Les avoirs en eau dans certains barrages atteignent une situation inquiétante et la plupart des ouvrages sont situés dans les régions sud du Royaume.