Il semble que la surpopulation dont souffre Casablanca touche aussi bien les vivants que les morts. Lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants ce lundi, le député et membre du conseil de la ville de Casablanca, Ahmed Brija, a soulevé un problème préoccupant, en affirmant que la métropole est désormais incapable d'absorber dignement ses morts. Ahmed Brija a interpellé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, exposant la difficulté de la communauté casablancaise, aux moyens financiers limités, à trouver ou mobiliser les ressources nécessaires pour établir de nouveaux cimetières en raison du bilan successoral. Le député a mis en lumière une réalité alarmante : Casablanca enregistre chaque jour 70 décès, un chiffre que les cimetières existants, tels qu'Arrahma et Al Ghofrane, ne peuvent plus absorber. La situation au cimetière d'Al Ghofrane est particulièrement critique, les enterrements devant cesser à 17 heures, créant des crises psychologiques pour les familles souhaitant enterrer leurs proches après cette heure. A l'image de ces grandes structures les cimetières de la Métropole frôlent aujourd'hui la saturation avec une demande de plus en plus grandissante, et leur extension est devenue impossible à cause de la problématique de l'assiette foncière. Dans sa réponse, le ministre des Habous et des Affaires islamiques a reconnu la complexité du problème foncier affectant les cimetières. Les morts marocains nécessitent 100 hectares de terrain chaque année, dont 6 à 7 hectares uniquement pour Casablanca, a-t-il avancé. Tout en affirmant que son département n'est pas responsable de la gestion ou de la propriété des cimetières, Ahmed Toufiq a assuré que le ministère prend en charge ces aspects une fois l'inhumation effectuée. La responsabilité est plutôt de celles des communes, le ministère oeuvrant plutôt à la préservation de la sacralité des tombes après l'enterrement, a-t-il dit. Face à cette crise, des mesures ont été prises avec le lancement, le 10 novembre dernier, des travaux d'aménagement d'un nouveau cimetière, baptisé Al Ihssane, dans la commune de Sidi Hajjaj-Oued Hassar. Le terrain qui va accueillir le futur cimetière, s'étendant sur plus de 108 hectares, est une donation d'un mécène décédé et les travaux devraient coûter près de 76 millions de dirhams, dont une trentaine est mobilisée par le Conseil de la région. Cette nouvelle structure vise à soulager la pression sur les grands cimetières de Casablanca, qui approchent de la saturation.