Le bras de fer entre les enseignants et le nouveau statut unifié proposé par le ministre de l'Education, Chakib Benmoussa, continue et prends une nouvelle tournure. La Fédération Nationale de l'Enseignement a annoncé une grève générale nationale pendant trois jours, à partir de demain, accompagnée de manifestations devant les directions provinciales le jeudi 26 octobre 2023. Dans certaines écoles du secteur public, des élèves sont presque déscolarisés depuis deux semaines à cause des enseignants grévistes. De nombreux indicateurs soutiennent que les tensions entre le gouvernement et le monde éducatif se dirigent vers un nouveau chapitre dans les semaines à venir. Les enseignants menacent d'intensifier leur protestation jusqu'à ce que le système fondamental soit revu. Sollicité par Hespress FR, Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l'enseignement (FNE), nous a apporté des éclaircissements sur la situation des enseignants et des cadres éducatifs, ainsi que leurs revendications. L'escalade continuera aussi longtemps que possible « Cette escalade est intervenue en réponse à ce que vit le secteur de l'éducation, et l'insistance du ministère de l'Éducation nationale à soumettre le décret relatif au statut unifié au Conseil de gouvernement, à l'approuver et à le publier ensuite au Bulletin officiel, à l'heure où le corps éducatif exprime son indignation à travers la manifestation et la protestation », souligne le secrétaire général de la FNE. Selon Abdellah Ghmimat, « c'était un message clair et direct pour entraver ce système fondamental et pour ouvrir un dialogue sérieux et responsable entre les instances éducatives. Mais malheureusement le Ministère de l'Education Nationale fait la sourde oreille et ferme la porte face à toute discussion. Ce comportement antidémocratique revient à rouvrir le dossier avec force ». Lors d'une conférence de presse, tenue samedi à Rabat, une grève générale de 72 heures a été annoncée dans le secteur les 24, 25 et 26 octobre, ainsi qu'une autre confirmée pour le 7 et 8 novembre, selon les informations données par notre interlocuteur. Dans le détail, nous dit-il, « ces grèves vont de pair avec le port continu de badges noirs par les instances du corps enseignant, le retrait des structures des conseils pédagogiques au sein des établissements et le boycott des championnats scolaires des professeurs d'éducation physique et sportives ». En outre, poursuit notre intervenant, « ces escalades sont considérées modestes par rapport à celles pratiquées par le ministère de l'Éducation nationale à travers le système unifié et à travers des mesures arbitraires contre les employés (de l'éducation nationale), qui sont bien plus grandes que des démarches de lutte qui prennent toujours en considération l'unique victime : l'élève ». « Nous ne pouvons avoir aucun processus d'enseignement-apprentissage réussi, utile et productif sans la stabilité du professeur. La Coordination met particulièrement l'accent sur la nécessité impérieuse de revoir le système d'indemnisation, les sanctions prévues, ainsi que d'envisager une augmentation des salaires. Le ministère de l'Éducation nationale doit également présenter des excuses au corps éducatif pour ce qui a été commis à son ncontre le 5 octobre. Nous exigeons également le respect des libertés syndicales et du droit de grève », énumère le secrétaire général de la FNE. « C'est une politique qui a conduit au démantèlement du secteur, à l'appauvrissement matériel et moral de l'enseignant et au manque de formation », se désole notre intervenant notant que le professeur doit regagner sa place dans la société. En réponse à notre question sur la durée de ces grèves, Abdellah Ghmimat nous a répondu que personne ne veut protester juste pour le titre, et que si « le dialogue est ouvert et que l'État répond aux exigences des professeurs, ceux-ci rejoindront directement leurs classes », affirme-t-il. Sinon, « la bataille continuera jusqu'à nouvel ordre », conclut notre intervenant. La progression académique de l'élève marocain est en suspension Pour sa part, la Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Maroc, s'inquiète du sort des élèves. Contactée par nos soins, la FNAPEM nous a transmis ses inquiétudes face à cette situation qui persiste. « Notre position est claire, ces grèves sont rejetées par toutes les parties en raison de ses retombées négatives sur la progression des élèves en raison de la perte de temps et du non-achèvement du programme annuel », nous confirme une source bien informée. « Le futur de l'élève est toujours pris à la légère par le corps éducatif » soulignant que « l'élève est pris en otage pour répondre à leurs revendications », s'indigne la même source. La situation actuelle ne peut être qualifiée que d'inquiétante, « caractérisée par l'instabilité et les parents en sont dévastés car leurs fils et leurs filles ne bénéficient pas de l'intégralité de leurs cours. Cette détérioration de l'école publique entache également l'image de l'enseignement public et appelle à rechercher une autre solution, dans le privé », poursuit notre intervenant. En conclusion, notre interlocuteur appelle à revoir la situation avant qu'elle mette en péril l'avenir de l'élève marocain. « La FNAPEM appelle à résoudre tous les problèmes, à établir une bonne éducation dans les établissements d'enseignement publics et à prioriser l'élève marocain », a ajouté notre source.