À Dakhla, il n'y a toujours pas de consulat américain comme promis. En effet, lors de l'annonce des Accords d'Abraham en 2020, l'ancien président américain Donald Trump avait fait une série de déclarations concernant le Maroc, dont l'une portait sur l'ouverture d'un consulat américain à Dakhla. Ces accords, avaient établi des relations diplomatiques entre Israël et plusieurs pays arabes, dont le Maroc, ont été présentés comme un développement significatif dans la région. Cependant, la mise en œuvre de ces déclarations et promesses diplomatiques peut prendre du temps et dépend de divers facteurs, (négociations diplomatiques, considérations politiques, restrictions budgétaires et autres évaluations de sécurité..., tant l'ouverture d'une mission diplomatique est un processus complexe qui nécessite une planification minutieuse. L'administration américaine qui a succédé à celle de Donald Trump, dirigé par le président actuel Joe Biden, peut avoir ses propres priorités et considérations en ce qui concerne l'ouverture de nouveaux consulats ou ambassades, y compris à Dakhla. Les décisions en matière de politique étrangère sont sujettes à des évolutions et peuvent être influencées par un large éventail de facteurs. Ce retard quant à l'ouverture du consulat américain à Dakhla, pourrait toutefois faire tache d'huile quant à la crédibilité et affecter par exemple la normalisation entre l'Arabie Saoudite et Israël au moment où Washington exerce tout son « poids diplomatique » pour convaincre Ryad afin d'établir des relations avec l'Etat hébreu. Une normalisation constituerait une étape « historique » dans la région, mais aussi une « nouvelle phase » dans les relations entre Israël et les pays arabes. Malheureusement, cela pourrait se heurter à ce que d'aucuns estiment être le hic d'un « manque d'engagement américain » envers la non-application de certaines dispositions d'accords signés avec d'autres pays. L'une d'entre elles, signée par le Royaume du Maroc, Israël et les États-Unis, "stipulait" et le mot est fort, l'ouverture d'un consulat dans la ville de Dakhla. Aujourd'hui, après déjà trois ans et à l'entame de la quatrième année du mandat de Joe Biden, force est de constater que ce n'est pas encore fait et les mauvaises langues ne se gênent pas pour avancer que cela tient de la chimère. Cela dit, l'Administration américaine, actuellement fait moult propositions à l'Arabie saoudite en cas de signature d'un éventuel accord avec Tel-Aviv, telles que « des garanties de sécurité et une assistance à la mise en place d'un projet nucléaire civil ». Crainte alors, est qu'une fois une nouvelle administration ait émergé après les élections présidentielles, de voir ces promesses non tenues. Hespress a sollicité Houssein Kannoun, expert en relations internationales et directeur de l'Observatoire maghrébin d'études politiques internationales, qui a estimé que « la reconnaissance américaine du Sahara marocain est inscrite dans le registre fédéral, dont Biden ne s'est nullement retiré jusqu'à présent, c'est plus important que l'ouverture d'un consulat à Dakhla ». Kannoun dans sa déclaration a indiqué que « les relations entre les Etats-Unis et le Maroc prospèrent et se développent à tous les niveaux, tandis que le retard de Washington dans l'ouverture d'un consulat à Dakhla est une question de gestion qui ne concerne que l'Amérique elle-même, et non le Maroc« . Et de poursuivre, « le consulat peut ouvrir à tout moment. C'est une question afférente aux Etats-Unis et l'on ne peut aucunement la lier à une logique de repli ou à un manque d'engagement leur part à l'égard de l'accord tripartite signé avec Rabat et Tel-Aviv ». « Ce retard, a-t-il ajouté, ne peut affecter les efforts de normalisation en Arabie Saoudite », notant que « l'ouverture du consulat n'est pas une condition aux termes de l'accord signé, alors que la reconnaissance du Sahara marocain reste la plus importante« . Notre interlocuteur a souligné que « Washington ne se soucie pas de l'opinion de l'Algérie quant à sa reconnaissance du Sahara marocain, ni de sa prochaine étape en matière d'ouverture d'un consulat », notant au passage que « Rabat est le premier partenaire de l'Amérique sur le continent africain ». Pour sa part, l'analyste politique Mohamed El Ghouati a estimé que « la position de l'administration Biden n'a pas changé concernant la reconnaissance de la marocanité du Sahara, et elle continue de soutenir l'initiative marocaine d'autonomie ». Il a ajouté à Hespress que : « Le retard dans l'ouverture d'un consulat dans la ville de Dakhla ne remet pas réellement en question l'étendue de l'engagement de la partie américaine envers les termes de l'accord tripartite. Il ne relie pas non plus à un quelconque impact au niveau de confiance ou de la méfiance de l'Arabie Saoudite envers un éventuel accord ». Et de poursuivre « la position américaine sur la question du Sahara marocain est positive et est dans l'intérêt du Royaume du Maroc. L'ouverture d'un consulat américain à Dakhla reste du domaine du possible dans le futur. Les intérêts communs entre les deux parties sont au-dessus de ces considérations, notamment avec d'importants investissements américains qui bénéficieront d'infrastructures importantes comme le port atlantique de Dakhla ». Et notre interlocuteur de conclure que « l'Algérie n'est pas la raison de l'obstruction de la représentation consulaire américaine à Dakhla ».