Une année après la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et la reprise de ses relations diplomatiques avec Israël, le Maroc peut se satisfaire d'être sorti du statut quo. Le 10 décembre 2020, Donald Trump, alors président des Etats-Unis, annonçait au monde la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et la reconnaissance par son administration de la marocanité du Sahara occidental. Une année après avoir pris sa place, aux côtés des Emirats arabes unis et du Bahreïn, dans le train des accords d'Abraham, le royaume a des raisons de se féliciter de sa décision. En effet, malgré une période de flottement, ayant précédé le départ de Trump de la Maison blanche, son successeur n'a pas annulé cette reconnaissance. Joe Biden maintient le cap malgré les pressions exercées par des parlementaires Démocrates et Républicains et par des Etats alliés, notamment l'Allemagne et l'Espagne. Le Maroc a en effet pu arracher, le 22 novembre à l'issue des entretiens à Washington entre Nasser Bourita et Antony Blinken, une déclaration officielle qui entérine l'accord tri-partite. L'administration Biden a ainsi «salué», officiellement et pour la première fois, le premier anniversaire de la Déclaration conjointe entre le Maroc, Israël et les Etats-Unis, signée le 22 décembre 2020 au palais royal de Rabat devant le roi Mohammed VI. Un accord qui lie la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis à la reprise par Rabat de ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Un succès qui n'est pas encore total Autre signal politique fort de la part du nouveau locataire de la Maison blanche, le rejet de son gouvernement de la proposition du sénateur pro-Polisario Jack Reed, du parti Démocrate, visant à conditionner le financement de programmes de coopération militaire avec le Maroc à son acceptation d'un plan de paix au Sahara occidental. L'économie a également bénéficié de la décision du 10 décembre 2020. Dans le sillage, les Etats-Unis ont repris en juillet dernier l'importation de phosphate extrait au Sahara occidental, mettant ainsi un terme à une suspension qui remonte à 2018. A cela s'ajoute, l'arrivée au port de Laayoune de deux cargaisons de gaz en provenance des Etats-Unis, en mai et juin derniers. La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara a, par ailleurs, changé le comportement du royaume avec certains de ses «partenaires au sein de l'Union européenne» ayant exprimé publiquement leur désaccords avec la décision de Donald Trump, particulièrement l'Espagne et l'Allemagne. Le Maroc a rappelé pour consultations ses ambassadrices accréditées dans ces deux pays. Mais ce succès n'est pas encore total. L'ouverture du consulat américain à Dakhla, prévue dans un premier temps en janvier 2021, se fait encore attendre. Il en est de même pour la commande des Forces armées royales, annoncée le 10 décembre 2020, d'au moins quatre gros drones aériens sophistiqués de type SeaGuardian MQ-9B fabriqués par la compagnie General Atomics. Faute du feu vert des parlementaires américains, ce contrat se fait attendre. La reprise des relations avec Israël, au pas de charge L'autre volet de la décision des Etats-Unis du 10 décembre 2020 est la reprise des relations diplomatiques avec Israël. En presque une année, les deux pays ont instauré une plateforme de dialogue et de coopération avec des groupes de travail en vue de se rencontrer, discuter et travailler ensemble», s'est félicité le ministre des Affaires étrangères marocain lors de sa participation, le 17 septembre, à la célébration par visioconférence du premier anniversaire des accords d'Abraham. Et de souligner que Marocains et Israéliens ont signé «20 accords» dont le plus important reste le protocole d'accord de coopération militaire et sécuritaire, scellé à Rabat le 24 novembre à l'occasion de la visite du ministre de la Défense, Benny Gantz. Le premier qu'Israël signe avec un Etat arabe. Outre ce déplacement de haut niveau au royaume, il est lieu de signaler celui effectué en août au Maroc, par le ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid. La reprise des relations avec Israël a, par ailleurs, redonné vie aux mouvements anti-normalisation au Maroc. Militants de gauche et islamistes (à l'exception du PJD), réunis sous la bannière du «Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation», battent le pavé dans plusieurs villes pour dénoncer le rapprochement entre les deux pays. Une contestation qui prend de l'ampleur grâce notamment à la mobilisation d'Al Adl wal Ihsane, mais dont l'impact sur le cours du rapprochement maroco-israélien est resté de faible intensité.