Ah, la mamma ! L'Espagne est entre les bonnes mains de la gauche. Comme dirait la chanson "ils sont venus ils sont tous là, y a même Carlos Puigdemont le fils maudit". Eh oui ! Le Congrès des députés a élu Francina Armengol (52 ans) à sa tête, ce jeudi 17 août. Avec 178 voix, la candidate socialiste soutenue par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez recueille deux suffrages de plus que la majorité absolue à la Chambre Basse. Pour sa part, la candidate du Parti populaire (PP), Cuca Gamarra, a obtenu 139 voix. Ignacio Gil Lazaro, candidat du parti de l'extrême droite (Vox), s'est adjugé 33 voix. Le Congrès des députés est la chambre basse du parlement bicaméral espagnol. Il est constitué de 350 députés élus pour un mandat de quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal, il exerce le pouvoir législatif, budgétaire et de contrôle du gouvernement. Les 178 voix sur 350 obtenues par la socialiste sont celles des députés de son parti le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), de Sumar, de la Gauche républicaine catalane (ERC), d'Ensemble pour la Catalogne (Junts), de Bildu, du Parti nationaliste basque (PNV) et du Bloc nationaliste de Galice (BNG). Rien que ça ! Du tout bon pour Pedro Sanchez, qui devrait rester à la tête du gouvernement espagnol. Côté Sénat, le candidat du Parti populaire (PP), Pedro Rollan, remplacera le socialiste Ander Gi. En effet Rollan secrétaire adjoint à la coordination autonome et locale du PP et ancien président de la Communauté de Madrid, a été élu nouveau président du Sénat avec 142 votes favorables, lors de la séance constitutive tenue ce jeudi par la Chambre Haute pour ouvrir la 15ème Législature, obtenant la majorité absolue lors du premier vote. Rollan a été le seul candidat à recevoir des voix, le reste des bulletins déposés étant vierges, à l'exception de trois sénateurs qui ont soutenu Angel Pelayo Gordillo Moreno, candidat de Vox. La suite politique de la gouvernance en Espagne se clarifie donc, à travers ces suffrages. Qu'on le veuille ou pas ce n'est là qu'une première victoire pour Pedro Sanchez avant sa probable investiture dans quelques semaines. Mais le stratagème pour ce faire est un coup de maître tant bien dans la conception (convocation d'élections anticipées afin d'entraver la progression de la droite) que dans son application après les résultats du suffrage. Dans le détail, la candidature de Francina Armengol à la tête du Congrès des députés a été soigneusement réfléchie car perçue comme une main tendue aux indépendantistes qui détenaient les clés de la majorité au Congrès en faveur de la gauche. En effet, la candidate que soutenait Sanchez qui se devait de trouver des soutiens pour continuer à gouverner, Francina Armengol, en l'occurrence, a dirigé l'archipel des Baléares, une région culturellement proche de la Catalogne et où le catalan est couramment parlé. Or parmi les potentiels alliés, sept députés du mouvement catalan dont ceux de Junts per Catalunya, le parti dirigé par le leader indépendantiste Carles Puigdemont, ont voté pour Francina Armengol, lui permettant d'accéder ainsi, à la présidence du Congrès. Il se dit qu'il y ait eu accord trouvé entre les socialistes et les indépendantistes catalans qu'à la dernière minute, les tractations s'étant poursuivies jusqu'au matin de ce jeudi et l'ouverture du vote. Ces résultats préfigurent d'une reconduction de Pedro Sanchez à la tête du gouvernement espagnol. Cela dit, les deux revendications fondamentales de Carles Puigdemont (référendum d'autodétermination amnistie pour toutes les personnes poursuivies après l'échec de la tentative de sécession) n'entrent pas dans les accords avec le parti socialiste de Sanchez. Le chef indépendantiste a revu ses ambitions à la baisse en se contentant de gains plus modestes par exemple que le catalan – ainsi que le basque et le galicien – soient utilisés dans les institutions européennes au même titre que l'espagnol. Mais ce n'est là qu'un début.