Le ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications et de l'Economie numérique a annoncé la « suspension temporaire » de l'internet des données mobiles sur certaines plages horaires à partir de ce lundi « dans un contexte de menace de troubles à l'ordre public''. Dans un communiqué rendu public lundi, le ministère justifie cette décision par des « messages haineux et subversifs » relayés sur les réseaux sociaux « dans un contexte de menace de trouble à l'ordre public ». « L'internet des données mobiles est suspendu temporairement sur certaines plages horaires à partir de lundi 31 juillet », précise le communiqué. Cette mesure intervient alors que l'opposant Ousmane Sonko, placé en garde à vue depuis vendredi, doit être présenté ce lundi devant le juge d'instruction du tribunal de Dakar pour « appel à l'insurrection » et autres crimes et délits. Le juge décidera ou non de retenir les charges qui pèsent contre lui. La liste des charges retenues contre Sonko comprend l'appel à l'insurrection, atteinte à la sûreté de l'Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l'autorité de l'Etat, actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves et vol. Il a été arrêté vendredi pour avoir « volé avec violence le téléphone portable d'une femme gendarme » et pour avoir « aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt », selon le procureur de la république. « Cette arrestation n'a rien à voir avec la première procédure dans laquelle (Sonko) a été jugé par contumace », a précisé samedi le procureur Abdoul Karim Diop lors d'un point de presse à Dakar. Le gouvernement avait pris une mesure similaire de suspension de l'internet au mois de juin, lors des manifestations qui avaient éclaté à Dakar et Ziguinchor après la condamnation à deux ans de prison ferme de Ousmane Sonko pour »corruption de la jeunesse'' dans l'affaire ''de viols et de menaces de mort'' qui l'opposait à la masseuse Adji Sarr. L'opposant, candidat déclaré à la prochaine présidentielle de février 2024, a été condamné également le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l'issue d'un procès en appel pour diffamation contre un ministre, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour l'élection. Mais il n'a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.