Environ 37,46 millions d'Espagnols se rendront aux urnes ce dimanche pour élire leurs représentants à la Chambre des députés et au Sénat. Plus de 2,47 millions d'électeurs ont déjà voté par correspondance. C'est le ratio le plus élevé atteint lors d'une élection générale depuis 2008 (première année avec des relevés statistiques approuvés). Ces élections anticipées, qui se tiennent pour la première fois au milieu de l'été, décideront de la manière dont l'Espagne sera gouvernée au cours des quatre prochaines années dans une bataille intense entre deux blocs qui représentent, grosso modo, les deux projets du pays. D'un côté, il y a le bloc de gauche, emmené par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et de l'autre, le bloc de droite, emmené par le Parti populaire (PP). L'objectif du premier est de reconfigurer le gouvernement de coalition progressiste qui dirige le pays depuis les dernières élections législatives, tandis que le second cherche à changer un cycle politique et à confirmer la tendance des électeurs espagnols à vouloir voter pour les partis de droite. C'est d'ailleurs cette amorce lors des élections municipales et régionales de mai dernier, qui ont conduit justement le Président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à décider ces élections anticipées imposées. Le chef de l'Exécutif espagnol sortant remet ainsi en jeu un fauteuil qu'il pourrait bien perdre en cas de défaite de la gauche lors de ce scrutin législatif. Comme à chaque campagne électorale, les partis politiques participant à cette élection se sont efforcés de présenter leurs programmes électoraux aux citoyens. A moins d'une énorme surprise Pedro Sanchez (PSOE) et Alberto Nuñez Feijoo (PP) sont les principaux porte-drapeaux des deux tendances qui s'affrontent pour la "future gouvernance de l'Espagne" sur le terrain des urnes. Dans un document de 272 pages intitulé "En avant" le PSOE a présenté son programme électoral, avec lequel Pedro Sanchez entend continuer de gouverner l'Espagne pendant les quatre prochaines années. Différents projets y sont traités tels que les retraites, le logement, la santé, la croissance économique, la diplomatie, l'égalité... C'est également le cas du PP qui a choisi comme slogan de son programme électoral pour ces élections anticipées et qu'il considère comme une aubaine « Un projet au service d'un grand pays ». C'est un document d'une centaine de pages contenant 365 mesures visant à conquérir les suffrages des électeurs à l'approche des élections législatives du 23 juillet. Le programme par lequel le parti, dirigé par Alberto Nuñez Feijoo, aspire à atteindre le Palais de La Moncloa comprend un grand nombre de réformes, d'amendements et d'abrogations de lois, notamment la loi sur l'éducation, le système d'élection du Conseil général du pouvoir judiciaire, la loi d'amnistie et la loi de mémoire démocratique, sont autant d'objectifs entre autres, à atteindre lors de l'investiture de son leader si investiture il y a. Pour sa part, celui du PSOE fait le point sur les acquis de la première coalition gouvernementale avant d'avancer des propositions qui s'inscrivent clairement dans la continuité. « En avant » comme titre est de l'engagement écrit, du Parti socialiste ouvrier, dont les actions se déclinent en plusieurs axes principaux, tels ceux de l'économie, santé, gouvernance... Dans le secteur économique, les socialistes proposent de poursuivre la hausse des retraites en fonction de l'indice des prix à la consommation, de réformer les systèmes de protection active des chômeurs, une augmentation du salaire minimum chez les professionnels, afin de maintenir le niveau recommandé par le Pacte social européen... Quant au PP en ce qui concerne l'emploi et l'activité économique, il appelle au financement des petites et moyennes entreprises, à une réforme globale des politiques actives de l'emploi, à un plan de lutte contre le chômage des femmes visant à réduire de moitié l'écart de participation au marché du travail pendant sa législature, à la réforme du système fiscal... Bref, en cette campagne électorale, chacun a chanté gloire et louanges pour attirer l'électeur comme dans une bonne campagne qui se respecte. Mais pour autant, ce n'est pas à ce petit jeu que se joueront les résultats des urnes dimanche. Et si le PSOE retient son souffle avec la hantise d'une deuxième débâcle en seulement deux mois, avec en prime cette fois l'éviction de La Moncloa, les partis de droite (PP formation de droite modérée) et d'extrême droite, Vox (héritier direct de la dictature franquiste et proche d'autres extrêmes droites européennes), jubilent à l'idée de former une alliance victorieuse. Et pour cause, les dernières intentions de vote dessinent une majorité, peut-être même absolue, pour la droite et l'extrême droite espagnole si elles venaient à s'allier. Le parti d'Alberto Feijoo est largement devant Vox dans les sondages quelque 35 % d'intentions de vote contre une quinzaine à la formation d'extrême droite menée par Santiago Abascal. Le leader de Vox a été le leader du PP, dans la région du Pays basque, pendant vingt ans. Cela dit, les urnes définiront demain quels sont les tendances, droite ou gauche et extrêmes, ayant suffi à convaincre un électorat espagnol très exigeant.