La scène artistique marocaine a perdu, ce vendredi 20 mai, une de ses grandes figures, Hajja Soukaina Safadi, membre du groupe Jil Jilala, des suites d'une maladie. Considérée comme l'une des figures les plus mémorables de la fameuse vague musicale populaire des Nass El Ghiwane et Jil Jilala, Hajja Soukaina Safadi nous a quittés ce vendredi des suites d'une maladie, laissant derrière elle toute une génération qui l'a suivie et aimée depuis sa première apparition avec le groupe Jil Jilala en 1972. Avec une grande nostalgie, tous les Marocains de la génération des années 70 se rappellent encore et toujours que Sakina Safadi avait été la toute première » dame » marocaine à s'investir dans ce mouvement qui, à l'aube des années 70, avait complètement bouleversé les données de la chanson marocaine. Sakina Safadi était tout de même soutenu par deux autres figures féminines à l'époque qui chantaient avec des garçons, à savoir Jalila Megri et Souad Batma. Née à Bab Jdid, Hajja Sakina Safadi était l'épouse du théâtreux Kamal Serghini, grâce à qui, elle a pu fait ses premiers pas dans le théâtre jusqu'en 1972. C'est à cette date précise qu'elle rejoint la troupe de Jil Jilala au côté des disparus Boujmiâ, Larbi Batma, Mahmoud Saâdi et des survivants Omar Essayed, Allal Baâli, Moulay Tahar Esbahani, Moulay Abdellaziz Tahiri, Mohamed Derhem et Hamid Zoughi. Hajja Sakina Safadi avait toutes les qualités d'une artiste pionnière de cette vague qui, en son temps, avait totalement remis en question une chanson marocaine qui peinait encore à trouver ses marques, surtout dans une époque où les femmes ne prenaient pas toujours le devant, surtout dans les domaines artistiques. Le mouvement progressiste de Nass El Ghiwane et Jil Jilala a été une révolution musicale à l'époque qui a été adoptée par tous les Marocains. En plus, ils avaient apprécié le fait que ces hommes de théâtre formés à l'école de Tayeb Seddiki aient finalement choisi une dame de la trempe de Sakina Safadi pour mieux illustrer l'émancipation de la femme marocaine et sa capacité d'aller le plus loin possible dans ce genre musical tout à fait révolutionnaire. Malgré les défis de l'époque, Hajja Sakina Safida s'accrocha tant qu'elle pouvait à sa passion et était devenue un symbole de la musique marocaine. Mais elle finit par céder et quitter la scène. En avril 1996, elle fit un bref retour parmi le groupe Jil Jilala qui était en pleine recomposition, pour une dernière prestation. Elle est réapparue quelques années plus tard, le 28 juin 2003, lors de l'émission « Assahratou Lakoum » diffusée sur la deuxième chaîne. Puis personne n'en entendit plus parler jusqu'à l'annonce de son décès.