Ils sont avec Jil Jilala et Lamchahab, des groupes qui ont marqué la mémoire et les esprits. Des airs et des mélodies presque spirituels, des textes profonds et poétiques, Nass El Ghiwane marque le paysage de la chanson marocaine jusqu'à aujourd'hui. Retour sur un groupe mythique avec sa magie et ses malédictions. «Fine ghadi biya khouya» tourne dans la tête comme une contine ou une chanson populaire que l'on a tous connue. Il s'agit de leur force, toucher le maximum de monde. Nass El Ghiwane ont eu ce poids et ont su avoir une panoplie de fans très variée. Laarbi Batma, Omar Sayed, Boujmîa Hagour, Allal Yaâla et Aziz Tahiri, qui sera remplacé en 1974 par Abderrahman Kirouche plus connu sous le nom de Paco se sont réunis autour d'un même amour, celui de la musique. Ceux qui vont rendre célèbre le quartier de Hay Mohammadi ont réussi à moderniser la musique traditionelle sans la dénuer de sens. Hippies avec des sujets de société mais traités de façon poétique et imagé, ils enrichissent le patrimoine musical marocain avec des morceaux comme «Siniya», «Wach hna houma hna» ou encore «Mehmouma» portés par la voix sublime et imprégnée de Larbi Batma. Acteur, auteur, chanteur et batteur au Tabl, il était une figure emblématique du groupe et il part trop tôt des suites d'un cancer des poumons en 1997. Il sera remplacé par son frère Rachid Batma en 1996 dont la voix et le charisme rappellent douloureusement le défunt et le font oublier en même temps. Surnommé les «Rolling Stones de l'Afrique» par Martin Scorsese himself, le groupe est né en 1963 et ne cesse de faire rêver depuis. Hamid Batma ainsi qu'Abdelkrim Chifa font partie de cette belle rélève qui donnera un souffle nouveau tout en gardant l'authenticité du groupe. Les deux anciens dudit groupe sont toujours là: Omar Sayed aux percussions et au chant et Allal Yaâla au banjo, au luth et aux choeurs. Malgré la perte d'un être cher (Omar Sayed a perdu sa fille Siham il y a quelques années à peine), les malédictions qui poursuivent le groupe, les années qui passent, celui-ci ne prend pas une ride et continue de faire des tournées et d'être encore très demandé. Deux ouvrages sont à ce jour le reflet d'une histoire mythique : un livre est publié regroupant l'ensemble des textes de leurs chansons en darija intitulé Kalam el-Ghiwan paru en 2003 et un livre intitulé Nass el Ghiwane, qui raconte l'histoire de cette formation, paru en 2011 pour les 40 ans du groupe. Jil Jilala, Fok'n roll Le groupe qui s'est fait connaître en 1972 a tout de suite gagné le cœur marocain. Avec des voix en chœurs, des chansons entraînantes, des mélodies qui emportent et des paroles dans l'ère du temps. Les Beatles marocains ont même rempli l'Olympia quelques mois après leur première radio. Des titres phares qui ont à jamais marqué comme «Chemaa», «Allaymine», «Achbik deket laqdar», «Nour El anwar» «Leklam Lemrassaa» ou encore «Assalamou Alykoum» ont fait le succès des membres du groupe : Mahmoud Saadi, Hamid Zoughi, Abderrahamane Paco, Moulay abdelaziz Tahiri, Hassan Meftah, Abd El Karim El Kasbaji, Moulay Taher Asbahani, Mohamed Derham, Sakina Safadi et Moustapha Bakbou, seront des héros nationaux. Des années plus tard, le groupe existe toujours mais seuls trois membres ont repris le flambeau. Mohamed Derhem continue de porter les couleurs et les valeurs de son groupe même de loin puisqu'on se souviendra longtemps de ce medley des années 70 diffusé lors d'un prime de Studio 2M où il reprenait les tubes des groupes mythiques. «Laayoune Ayniya» sera reprise version années 2000 par le chanteur Douzi.