L'ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, a été condamné mercredi par contumace à la prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d'un coup d'Etat en 1987. Les trois principaux accusés de l'assassinat de l'ex-président du Burkina Faso Thomas Sankara en 1987, dont l'ancien chef de l'Etat Blaise Compaoré, ont été condamnés mercredi à la prison à perpétuité par le tribunal militaire de Ouagadougou. Outre Compaoré, les deux autres condamnés à la prison à vie sont le commandant de sa garde à l'époque des faits, Hyacinthe Kafando, et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l'armée lors du putsch de 1987. Le général Diendéré purge déjà une peine de 20 ans de prison pour sa participation à une tentative de coup d'Etat en 2015, un an après la chute de Blaise Compaoré suite à une insurrection populaire. Compaoré, en exil en Côte d'Ivoire depuis sa chute, et Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, étaient les grands absents de ce procès fleuve qui avait débuté il y a six mois. Les trois hommes sont condamnés pour « attentat à la sûreté de l'Etat ». Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de « complicité d'assassinat » et Hyacinthe Kafando, soupçonné d'avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d' »assassinat ». Ils ont quinze jours pour faire appel de ces lourdes sentences. Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés. Ce procès historique s'était ouvert en octobre 2021, 34 ans après la mort de Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d'un coup d'Etat qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré. Ses avocats avaient dès le début dénoncé « un procès politique » devant « une juridiction d'exception », estimant que la procédure « ne vaut rien ». Compaoré était soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat de son ancien compagnon d'armes et ami arrivé au pouvoir par un putsch en 1983, ce qu'il a toujours nié. La plupart des douze accusés présents, dont le général Diendéré, avaient plaidé non coupable. Le procès a été perturbé par le coup d'Etat du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Cela « consacre la prise de pouvoir par la force comme un mode constitutionnel de dévolution du pouvoir », avaient soutenu les avocats de la défense. Un argument « non fondé » rejeté par le Conseil constitutionnel, permettant la reprise du procès. Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1983, Thomas Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d'une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.