La vente illicite des médicaments et produits de santé en dehors des circuits légaux, continue de susciter la colère et l'indignation des acteurs pharmaceutiques. Un phénomène qui s'est amplifié pendant la pandémie, lorsqu'on a assisté à la vente des traitements Covid-19 et des tests antigéniques sur les réseaux sociaux, sans contrôle aucun. Malgré des interventions judiciaires et sécuritaires dans ce sens, ce fléau existe toujours, en raison de « l'absence » d'un plan d'action conjoint des parties gouvernementales concernées. La montée en puissance du e-commerce de médicaments et produits non pharmaceutiques dans le Royaume a été observée pendant la crise sanitaire. Plusieurs plateformes numériques ont ainsi participé à la commercialisation de médicaments échappant au contrôle du Code du médicament et de la pharmacie. Une pratique, qui a incité les pharmaciens à intensifier les mouvements des organisations professionnelles et les dispositifs électroniques de lutte contre la criminalité contre la vente de médicaments via Internet. Vers la mi 2021, le procureur général a publié une circulaire adressée aux procureurs généraux près les cours d'appel et aux procureurs du roi près les tribunaux de première instance, relative à la lutte et à la réprimande de la vente, et de la commercialisation illicite de produits pharmaceutiques et non pharmaceutiques . La circulaire susmentionnée appelait à s'attaquer à ce phénomène en activant les dispositions de la loi n° 17.04 en tant que Code des médicaments, et d'autres textes juridiques, alertant en même temps que la vente, la distribution et la délivrance illégales de médicaments et de produits de santé au public constituent une menace pour la santé publique. À cet égard, Amine Bouzoubaa, secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, a déclaré que « le phénomène a des dimensions imbriquées qui nécessitent une coordination des autorités ministérielles et locales pour le combattre », notant que « la confédération a adressé de nombreuses correspondances au ministère de la Santé sur les cas documentés ». Dans une déclaration à Hespress sur ce sujet, le syndicaliste a constaté que l'interaction avec ces cas était faible , estimant que « la véritable intervention ne doit pas se limiter au suivi des seuls cas isolés, mais plutôt l'élimination du trafic de médicaments en adoptant un plan d'action clair et méthodologique». « Ces médicaments passent en contrebande via les frontières Nord et Est du Royaume, ce qui nécessite une coordination entre le ministère de la Santé, la direction des douanes et le ministère de l'Intérieur au niveau local, à travers la mise en place de campagnes d'inspection qui comprennent les magasins et une surveillance accrue de la cybercriminalité », préconise Bouzoubaa. Selon le syndicaliste, « la Confédération des pharmaciens exerce désormais des missions de police qui ne relèvent pas de ses attributions ». «Les pharmaciens suivent des affaires de commerce illégal de médicaments auprès du ministère public », a-t-il relevé, notant que « des procédures judiciaires sont déclenchées contre les individus impliqués, afin de démanteler et d'arrêter éventuellement les réseaux criminels ». Cependant, Amine Bouzoubaa considère que « les pharmaciens veulent enrayer le phénomène plutôt que de se limiter à des cas isolés », révélant que « la Confédération a saisi le ministère de l'Intérieur à ce sujet, via une correspondance, de même que la Direction générale des douanes, mais sans réponse, ce qui appelle à l'importance de la coordination entre les différents acteurs du secteur ». In fine, le syndicaliste a mis en garde contre « le danger de la distribution illégale de ces médicaments pour la santé publique des Marocains, étant donné que la démarche est limitée aux pharmaciens qui sont spécialisés dans les problématiques liées aux médicaments», alertant sur « les médicaments qui sont en vente dans les magasins de fournitures médicales et qui présentent un danger pour la santé du citoyen, compte tenu de la confusion entre cosmétiques, médicaments et fournitures médicales stériles ».