Lors de ses entretiens avec le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune a dressé un tableau morose de la situation en Afrique du nord et de ses pays voisins. Son « problème » avec le Maroc a pris la plus grande partie de son monologue truffé de fake news. Décryptage des mensonges de Tebboune. Comme ce fut le cas pour l'ancien président algérien Bouteflika et ses prédécesseurs, l'obsession du Maroc chez les dirigeants algériens s'hérite et ne change pas. Alors que le chef de la diplomatie américaine, Antony Bliken s'est rendu pour une courte visite en Algérie (sa première en tant que ministre, et la seconde depuis 2016) après une étape au Maroc et en Israël, le président Tebboune n'a pas raté l'occasion pour lui faire un exposé de la situation dans la région à la sauce algérienne. Abdelmadjid Tebboune s'est livré à un long monologue infesté d'une lecture historique faussée, que tient le régime algérien depuis son indépendance. Dans l'histoire racontée par le président algérien, le Maroc serait le méchant et la pauvre Algérie ne comprendrait pas pourquoi. « Nous sommes peut-être des rêveurs, mais nous rêvons d'un monde plus équilibré, d'un monde où les libertés sont mieux défendues. Nous faisons de notre mieux avec nos moyens et dans notre environnement – parfois nous sommes compris, parfois nous ne le sommes pas », a-t-il commencé par dire, voulant présenter l'Algérie comme le pays des libertés, de la démocratie et de la justice – alors que le pays, depuis le tournant autoritaire aux commandes de A. Tebboune fait régulièrement l'objet de mises en garde et rapports internationaux très critiques. « Nous sommes entourés de pays qui ne nous ressemblent pas beaucoup à l'exception de la Tunisie. (...) Sinon, toutes nos frontières sont en flammes », a-t-il ajouté en parlant de l'environnement par lequel est entourée l'Algérie. C'est d'ailleurs à ce moment là, où sa longue tirade sur le Maroc et conflit du Sahara a commencé. Selon le président, les relations avec le Maroc « ont toujours connu des hauts et des bas » depuis l'indépendance de l'Algérie. Et sur ce point là, tous les observateurs sont d'accord pour dire la même chose. Tebboune a ajouté que cela ne serait pas dû à la question du Sahara. Le chef d'Etat algérien a expliqué que la guerre des Sables en 1963 serait un souvenir « qu'aucun Algérien oubliera »- alors que la population en âge d'avoir connu cette guerre représente moins de 12% de la population totale algérienne dont la grande majorité est âgée de moins de 40 ans. Dans une claire intention de victimisation, le président a ajouté qu'à l'époque l'Algérie n'avait pas d'armée régulière et qu'elle avait été attaquée par des avions et hélicoptères. Ce qu'il s'est gardé de mentionner toutefois c'est que l'Egypte et Cuba ont combattu aux côtés de l'Algérie contre le Maroc seul. Autre réalité historique que le président s'est gardé de dire, c'est le contexte de cette guerre qui est intervenue après que le dirigeant algérien de l'époque ait refusé de rétrocéder les territoires marocains occupés et hérités du temps de l'Algérie française, et de respecter les engagements de l'accord de 1961. « Ils visaient à prendre une partie de notre territoire », a-t-il déclaré à Blinken. En réalité, les régions de Tindouf et de Colomb Béchar étaient marocaines jusqu'à ce que l'administration française ne décide de les donner à sa colonie en Algérie alors qu'elle n'était que sous protectorat au Maroc. Ahmed Benbella est celui qui n'a pas respecté l'accord avec le gouvernement algérien de Ferhat Abbas qui avait promis de restituer les territoires marocains une fois l'indépendance de l'Algérie acquise. Il a d'ailleurs, renversé le gouvernement de Ferhat Abbas simplement pour ne jamais rendre au Maroc ses territoires. Pourtant, à l'époque, les habitants de Tindouf -aujourd'hui territoire que le régime algérien a octroyé aux séparatistes du polisario- avaient voté pour l'indépendance de l'Algérie mais avaient noté sur leur bulletin de vote « oui à l'indépendance mais nous sommes Marocains ». Autre élément que le président Tebboune n'a pas mentionné et qui tranche avec les faits et ce que les historiens affirment, c'est que c'est l'Algérie qui a initié la guerre de 1963 – en envoyant des troupes sur le territoire marocain, notamment à Tarfaya. Et de poursuivre dans l'ordre des mensonges en indiquant que l'Algérie n'a « définitivement aucune intention au Sahara » car « c'est leur problème ». Dans les faits, l'Algérie est la deuxième principale partie au conflit et la guerre des Sables, et d'Amgala 1 et 2, l'attestent. Cela a toujours été l'Algérie contre le Maroc pour lui prendre son Sahara, via une milice, le polisario, qu'elle loge, arme, finance et dont elle fait sa principale préoccupation diplomatique. « Ils ont toujours voulu déstabiliser l'Algérie », a encore tancé le président algérien en référence au Maroc, et disant ne pas en connaitre la raison, alors que les livres d'Histoire peuvent témoigner de tout ce qu'a fait le Maroc pour aider à l'indépendance de l'Algérie. Et dans un nouveau mensonge, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l'Algérie aurait « toujours » protégé le Maroc. Alors qu'en vérité, c'est tout le contraire puisque l'Algérie est un pays jeune face au royaume et depuis l'indépendance de l'Algérie, ce pays (sous Ahmed Benbella), est revenu sur ses engagements pour rendre les territoires marocains, a lancé la guerre de 1963, a créé le polisario contre l'intégrité territoriale du Maroc en soudoyant une milice séparatiste en 1976 et continue cette propagande jusqu'à ce jour 46 ans plus tard, a fermé ses frontières avec le Maroc en 1994 et refuse de les rouvrir malgré les appels du Roi Mohammed VI, a chassé des Marocains et les a dépossédés en plein jour de l'Aid... Face à cette longue tirade du président algérien, le chef de la diplomatie américaine qui est venu pour discuter d'autres sujets, s'est contenté de lui offrir des mots de politesse, et de lui rappeler que sa mission était de renforcer les liens économiques et sécuritaires entre les deux pays. « Merci pour cette conversation détaillée et intéressante », a-t-il répondu sans plus de détails, et sans rebondir sur aucun des sujets énoncés par le président algérien. « J'ai eu la chance de rencontrer mon ami le ministre, et je suis heureux d'être de retour en Algérie pour renforcer les liens entre nos pays en travaillant sur la sécurité et les opportunités économiques communes telles que les investissements et les échanges entre les pays. Je crois qu'elle progressera dans l'investissement grâce aux jeunes entrepreneurs qu'il faut former », a-t-il ajouté.