Loin de tout réalisme diplomatique, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, a passé l'essentiel de son entrevue avec Anthony Blinken à attaquer le Maroc. Le président algérien a été aussitôt désabusé par le Secrétaire d'Etat qui lui a demandé d'améliorer ses relations avec le Royaume. Détails. Après avoir achevé sa visite au Maroc, le Secrétaire d'Etat américain, Anthony Bliken, s'est rendu en Algérie où il a rencontré plusieurs responsables gouvernementaux et le président, Abbdelmajid Tebboune. Attaché à son habitude, le Chef d'Etat algérien n'a pas manqué d'aborder le Maroc, en débitant toutes sortes de balivernes alors que la rencontre est censée porter sur les relations entre Alger et Washington. Le compte-rendu de cette rencontre a été publié sur le site du Département d'Etat qui a relaté de façon détaillée la prise de parole, « très longue » du président algérien, dans laquelle il s'est attardé à attaquer au Maroc comme responsable de tous les maux de l'Algérie.
« Nous sommes entourés de pays qui ne nous ressemblent pas beaucoup à l'exception de la Tunisie. C'est pourquoi nous avons des relations très étroites avec la Tunisie parce que nous avons des similitudes dans de nombreux domaines. Sinon, toutes nos frontières sont en flammes : Libye déstabilisée ; après la Libye, bien sûr il y a tout le Sahel comme le Tchad, le Burkina Faso, le Mali, le Niger ; et même la Mauritanie n'est pas si forte. Et à côté, nous avons le Royaume marocain où nos relations ont toujours connu des hauts et des bas depuis notre indépendance. Ce n'est pas récent ; ce n'est pas dû à la question du Sahara », a-t-il affirmé, ressassant les vieilles histoires de la guerre des sables en 1963.
M. Tebboune est allé même jusqu'à tordre l'Histoire en rappelant que c'est le Maroc qui a été l'agresseur. « Aucun Algérien n'oubliera, que le Maroc nous a attaqués en 1963. À cette époque, nous n'avions même pas d'armée régulière, et ils attaquaient avec des forces spéciales, des hélicoptères et des avions. Nous avons fait 850 victimes », a-t-il indiqué, faisant preuve d'une obsession du Maroc qui hante son esprit et qui ressort, semble-t-il, involontairement. Ce traumatisme historique explique bien pourquoi l'Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, un acte qui trouve ses racines dans cette rancune si ancrée dans l'esprit des décideurs en Algérie. Force est de rappeler que le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, ayant annoncé la rupture, a cité la guerre de 1963 parmi les raisons de cette décision.
Ensuite, le locataire du Palais d'El Mouradia est passé à son sujet de prédilection : le Sahara qui est perçu prétendument par le président algérien de la même façon que la question palestinienne. Tous les fins connaisseurs des affaires internationales savent qu'il est impossible d'assimiler les deux conflits qui sont de nature tout à fait différente.
Par ailleurs, le président algérien s'est senti obligé de se justifier devant le Secrétaire d'Etat américain sur l'état de son régime. « Les élections que nous avons eues, y compris les élections présidentielles, législatives et locales, nous avons gagné une chose. Pour la première fois, opposition ou pas, personne n'a dit que l'élection était truquée », a-t-il prétendu, allant à contre-courant de la réalité. Tout le monde a constaté que les élections présidentielles de 2019 ont connu un très fort degré d'abstention avec un taux de 60%, ce qui confirme le rejet de la population algérienne du système politique de leur pays.
Face à ses déclarations qui n'ont aucun rapport avec l'objet même de la réunion, Anthony Blinken a, selon le communiqué du Département d'Etat, évoqué la sécurité et les opportunités économiques communes telles que les investissements et les échanges commerciaux entre les pays. Au-delà de la version officielle, le Chef de la diplomatie américaine a demandé à l'Algérie de reconsidérer ses relations avec la Russie, le principal allié d'Alger et son principal fournisseur d'armes. C'est en tout cas ce qui a été relaté par The New Arabe.
L'Algérie, rappelons-le, a refusé de condamner l'Opération militaire spéciale que mène Moscou en Ukraine. Pris en tenaille, le régime algérien doit faire face à un dilemme : ne pas froisser son allié traditionnel en acceptant de fournir davantage de gaz à l'Union européenne. Aussi le Secrétaire d'Etat américain a-t-il enjoint Abdelmajid Tebboune à améliorer les relations de son pays avec le Maroc. Ce dernier a achevé sa tournée qu'il a menée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Lors de sa visite au Maroc, Blinken a réitéré son soutien à l'initiative d'autonomie pour le Sahara. Le Maroc est en passe de clore ce dossier qui traîne dans les tiroirs de l'ONU après avoir eu le soutien de la France, l'Allemagne et dernièrement l'Espagne.