Après un long « stand-by », le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, se penche enfin sur le projet de loi 98.18 relatif à l'Ordre national des pharmaciens qui aura comme mission de formuler les doléances des professionnels du secteur et appliquer la politique des médicaments. Cela dit, les professionnels du secteur estiment que le PL doit encore être enrichi par plusieurs points inévitables, notamment le volet économique. Le point. Le ministère de la Santé a adopté une nouvelle approche « participative » pour l'élaboration du projet de loi 98.18 relatif à l'Ordre national des pharmaciens, qui tarde à voir le jour depuis 2018, en intégrant les différentes parties prenantes dans ce dossier a fait savoir Khalid Ait Taleb devant la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants. En effet, le ministre a indiqué qu'une Commission avait été créée, en charge d'étudier l'avant-projet de loi. Elle comprend le président du Conseil national des pharmaciens, Hamza Guedira, les présidents des conseils régionaux des pharmaciens du Nord et du Sud, le Conseil des pharmaciens biologistes, le Conseil des fabricants et distributeurs des pharmaciens, l'Inspection des Forces armées royales, et des représentants du ministère de la Santé et de la Protection sociale. Depuis sa création, la commission a tenu plusieurs réunions, au cours desquelles elle a délibéré et examiné le projet de loi, et a abouti à un rapport publié le 24 mai 2018, a précisé le ministre qui a souligné que le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens avait reçu une lettre le 1er octobre 2018, afin d'exprimer son avis sur le projet de loi après avoir examiné ses articles sur la base du rapport de la commission. À la date du 7 décembre 2018, le CNOP a livré ses observations et recommandations au ministère de la Santé qui en a pris compte dans la version finale du projet de loi, a indiqué le ministre, qui a tenu à rappeler que ce PL intervient en vue du Dahir portant loi N° 1.75.453 du 17 décembre 1976, qui ne répond plus aux changements et aux transformations qu'a connues la profession de pharmacien depuis 1976 à l'heure actuelle. Ces changements, représentés par le ministre de la Santé et de la Protection sociale, sont notamment l'augmentation significative du nombre de pharmaciens exerçant la profession, que ce soit dans les secteurs public et privé, ainsi que le cadre juridique de la profession à travers la loi n° 17.04 qui sert de Code du médicament et de la pharmacie et les nouvelles fonctions attribuées aux pharmaciens dans le système de santé. Ce qu'en pensent les pharmaciens Ayant vu le jour à l'époque de l'ancien ministre de la Santé Anass Doukkali suite à l'initiative du Conseil national de l'Ordre des Pharmaciens du Maroc (CNOP), ce dernier avait réclamé une nouvelle loi régissant les conseils, puisque la loi existante date de 1976, lorsqu'il y avait uniquement 400 ou 500 pharmaciens au Maroc, alors qu'aujourd'hui, leur nombre dépasse les 14 000 (pharmaciens d'officines, grossistes, biologistes, etc). « Nous avons travaillé sur notre proposition en commission tripartite avec le secrétariat général du gouvernement, le ministère de la Santé et le Conseil national. Nous nous sommes basés sur les lois de la France, le Québec, la Tunisie et autres pays pour essayer d'enrichir le projet de loi et sortir avec quelque chose de bien », a déclaré à Hespress Fr, Hamza Guedira, Président du CNOP. Ainsi, le Conseil national avait travaillé sur environ 50 à 60 % du projet de loi avant que la Commission nommée par l'ancien ministre, Doukkali cesse de se réunir, nos confie notre interlocuteur. Il y a eu par la suit le remaniement ministériel qui a vu l'arrivée de Khalid Ait Taleb à la tête du ministère, et le remplacement de Jamal Taoufik, à la tête du Département de médicament et de pharmacie (DMP) au ministère par Bouchra Meddah. Plusieurs changements ont donc eu lieu ayant mis ce projet de loi en « stand-by ». Aujourd'hui, le gouvernement a préparé un projet de loi qui dans sa globalité « n'est pas si mauvais que ça » nous confie Dr Guedira. Mais plusieurs changements sont souhaitables dit-il. « Le projet de loi devrait être enrichi sur certains points, notamment la création d'une institution d'accompagnement qui regroupe des pharmaciens nommés par l'administration. Il y a d'ailleurs unanimité dans la profession pour qu'on n'ait pas cette sorte de paternalisme ou de tutelle. Nous avons suffisamment de potentiel au sein de la profession qui peut très bien gérer les choses », estime le pharmacien. Dans le cadre de la régionalisation avancée, le président du CNOP estime qu'il serait souhaitable que le Conseil ait « douze régions à gérer, comme le système adopté par l'état marocain, en plus du transfert de la majorité écrasante des prorogatives vers les régions, et qu'on garde le Conseil national uniquement pour les questions d'ordre stratégiques ». Il serait également souhaitable, selon notre interlocuteur, que la formation soit une obligation pour les professionnels du secteur. Sur proposition du Conseil national, il a été recommandé que « la Cour des comptes intervienne pour auditer les conseils » nous a confié Dr Guedira, puisque « les Conseils seront ouverts à recevoir des subventions de l'État pour mettre en place toutes les structures », dit-il. Enfin, le président du Conseil national estime que le projet de loi doit également se pencher sur le côté économique estime Dr Guedira. « C'est excellent qu'on travail sur le plan organisationnel, mais pour moi l'organisationnel et liée à l'économique. Et aujourd'hui, la profession a besoin d'une mise à niveau. Il est indiscutable que sur le plan économique, il y a beaucoup de dégâts surtout avec cette pandémie. Et il va falloir que le gouvernement réfléchisse à tout ça », conclut le président du CNOP.