Sur invitation du Président du Conseil national des pharmaciens du Maroc, Dr. Hamza Guedira, les présidents et membres des conseils régionaux, conseils de biologistes, industriels, distributeurs et dirigeants de syndicats nationaux, ont engagé une course contre la montre pour examiner le projet de loi 98-18, portant création de l'ordre des pharmaciens du Maroc. Ainsi, les professionnels du secteur pharmaceutique ont dégagé des grandes lignes de cette lecture approfondie du projet de loi qu'ils vont demander à introduire en tant qu'amendements et qui se résument en quelques lignes, nous indique Dr. Guedira. Parmi ces points, nous confie notre interlocuteur, les professionnels du secteur pharmaceutique voudraient disposer de 12 régions « avec une déconcentration du pouvoir et un transfert de l'ensemble des prérogatives de Rabat vers les régions à la faveur d'un meilleur encadrement, et surtout un encadrement de proximité parce qu'il y a beaucoup de problèmes dans le secteur« . Deuxièmement, poursuit-il, « nous refusons qu'il y ait une tutelle sur la profession de la part de l'administration. Nous considérons qu'au sein de la profession, il y a assez de maturité pour qu'on puisse s'auto-gérer. On nous introduit dans les instances des représentants de l'administration, et il y a un refus catégorique par rapport à cela« , souligne-t-il. De même, il y a certaines petites choses liées au mode de scrutin des instances que les professionnels du secteur souhaitent changer. « Nous souhaitons adopter ce qu'on appelle le scrutin pyramidal. Et puis je voudrais insister sur un point très important, à savoir que nous sommes sur un texte d'ordre organisationnel. Or, les problèmes qui existent aujourd'hui dans la profession et qui engendrent la dérive et l'anarchie, sont d'ordre économique ». Dans ce sens, Dr. Guedira nous explique qu'actuellement « la profession de pharmacie a été ruinée avec l'application du décret sur la fixation des prix des médicaments en 2014 ». « C'est un décret qui a été appliqué sans étude d'impact et aujourd'hui la profession est en train de mourir. Il faut la sauver économiquement pour pouvoir appliquer l'organisationnel. C'est-à-dire qu'il y a un chevauchement entre l'économique et l'organisationnel. L'un ne peut marcher sans l'autre. Même avec le meilleur texte du monde sur les conseils de l'ordre. Si on ne résout pas la problématique économique, impossible qu'on avance », relève-t-il. A cet effet, le Conseil national des pharmaciens du Maroc avait commencé un travail dans le cadre de commissions pour essayer de faire avancer l'économie. Toutefois, affirme notre interlocuteur, l'arrivée du nouveau ministre, Khalid Ait Taleb, et le changement abusif des ministres n'a pas aidé les professionnels du secteur pharmaceutique. « Nous ne l'avons pas encore rencontré, nous ne connaissons pas sa vision et c'est dramatique pour le secteur. Nous sommes au 3è ministre en l'espace de 5-6 ans. Et c'est le système de santé dans sa globalité qui en souffre. Et c'est le citoyen qui en souffre le plus », fait-il remarquer. Le président du Conseil national des pharmaciens du Maroc rappelle également que l'ancien ministre de la santé, Houcine El Ouardi « avait appliqué le décret en 2014 et a saccagé le secteur pharmaceutique qui était un secteur fleuron et exemplaire pour le Maroc et au niveau de l'Afrique ». « On était classé 2e au niveau de l'Afrique et aujourd'hui nous sommes en train de perdre à l'aise notre place. L'officine vit un drame économique. La grossissterie subit les problèmes de l'officine. Même les industriels sont en train de subir le problème. Et donc il y a urgence à résoudre la problématique économique, il y a urgence à avoir une vision globale des choses à savoir les caisses de remboursement, les prix… Le pharmacien soit toute la chaîne d'intervention », s'indigne notre interlocuteur. Et d'ajouter : « le citoyen souffre énormément. Vous voyez bien qu'il y a rupture des stocks de médicaments aujourd'hui, et qu'il y a pratiquement 700.000 citoyens marocains porteurs du virus de l'hépatite C et il n'y a pas de médicaments». Pour conclure, Dr. Guedira avance qu'il s'agit « d'une problématique, où, chacun doit jouer son rôle. Et celui qui ne joue pas son rôle doit être dénoncé. Aujourd'hui le malade marocain souffre du système. Il est temps de provoquer des ruptures avec le passé. On n'en peut plus du colmatage, c'est terminé. Il faut passer à des choses rationnelles en faveur du citoyen et du malade marocain, comme le souhaite le Roi Mohammed VI, et tel que stipulé dans l'article 31 de la Constitution».