C'est certain ! Le secteur de la santé au Maroc vit une anarchie sans précédent. Et c'est presque l'ensemble des opérateurs du secteur qui le disent. Dernière affaire en vue, la guéguerre entre pharmaciens et cliniques privées au sujet de la vente des médicaments. Selon les pharmaciens, les cliniques privées procèdent à la vente de médicaments aux patients au sein de leurs établissements, chose qui est interdite par la loi et relève même de la concurrence déloyale. Du côté des cliniques privées, les accusations des pharmaciens sont « infondées ». Joint par notre rédaction, Dr. Hamza Guedira, président du Conseil de l'Ordre des pharmaciens, nous fait savoir qu'en effet, il y a quelques cliniques privés qui vendent des médicaments aux patients. Le président de l'ordre des pharmaciens souligne également que cette affaire a été remontée au ministère de la santé déjà à l'époque d'Anass Doukkali. Une commission a été mise en place par la tutelle et elle est arrivée à des conclusions selon lesquelles les cliniques privées ont le droit de disposer de quelques médicaments indispensables pour les soins cliniques au sein de leurs établissements, mais pas plus, fait remarquer Guedira, qui souligne toutefois, qu'il n'y a pas eu de contrôle rigoureux ni de suivi de la part de la tutelle. Un manque de contrôle ou de suivi engendré par la succession des ministres à la tête du département de la Santé, laisse entendre notre interlocuteur. En effet, le président de l'ordre des pharmaciens n'a pas manqué de relever que le secteur vit une « situation chaotique » alarmante. Dr. Guedira fait remarquer en ce sens qu'il n'y a pas, d'une part une continuité de l'administration au sein du ministère de la Santé quant aux dossiers qu'il gère, puisqu'à chaque nomination d'un nouveau ministre les cartes sans chambouler. D'autre part, poursuit-il, il est nécessaire d'avoir une vision globale de 20 ou 30 ans devant, pour mieux gérer les dysfonctionnement que connait le secteur de la santé en général, et ceux des professionnels de la pharmacie en particulier, soulignant qu'il est temps que l'Agence africaine du médicament soit ratifiée le plus rapidement possible pour harmoniser et unifier tout ce qui est réglementation. Les cliniques privées bottent en touche Du côté des cliniques privées, c'est un autre son coche. Contacté par Hespress Fr, Dr. Redouane Semlali, président de l'Association nationale des cliniques privées, rejette en bloc toutes ces accusations, affirmant que les pharmaciens se doivent de« prouver la chose ». « Il faut que les pharmaciens chopent une clinique privée qui vend les médicaments aux patients de manière illégale et nous sommes prêts à les aider. Il faut qu'ils revoient leur système », estime-t-il. Le président de l'association des cliniques privées a pareillement souligné que le ministère de la santé « réalise des contrôles à cet effet, et il n'y a aucune anomalie qui a été signalée », notant qu'il s'agit là « d'accusations infondées ». Dans un autre contexte, Hespress Fr a interrogé Dr. Semlali quant à la volonté du département de Khalid Ait Taleb de baisser les prix d'un nombre important de médicaments. Il a indiqué dans ce sens que « le ministère de la santé fait son benchmark et compare les prix des médicaments ailleurs. Et effectivement, il y a des médicaments qui étaient vendus très cher au Maroc ». Pour lui, la baisse des prix de ses médicaments par la tutelle « est une bonne chose ».