Conversations WhatsApp torrides, vidéos pornographiques, chantage sexuel en contrepartie de notes aux examens et aux concours universitaires, voici le cocktail détonnant d'un réseau de professeurs universitaires ayant fait pression sur des étudiantes. La police judiciaire a épluché des centaines de conversations avant de mettre la main sur les coupables. Dans l'affaire du scandale sexuel contre des notes à l'université Hassan I de Settat, les enquêtes de terrain et techniques menées par la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ) ont conclu que les professeurs universitaires visés par l'enquête font l'objet de lourdes charges, à savoir « traite d'êtres humains avec profit du besoin et de faiblesse » des victimes, « abus de pouvoir et d'influence à des fins d'exploitation sexuelle ». Les enquêtes ont permis d'identifier pas moins de 23 faux papiers en rapport avec des concours d'entrée en Master de droit et d'administration pour l'année universitaire 2019-2020, et le professeur (M.K) serait impliqué dans l'octroi de fausse notes. Selon le procès-verbal de l'affaire, dont Hespress détient une copie, les professeurs concernés dans l'affaire, exercent au sein de la faculté de droit de Settat et avaient utilisé « diverses formes de coercition, de tromperie et de ruse pour forcer les étudiantes à se soumettre à leurs fantasmes sexuels ». Le document indique qu'il s'agit d'une « trahison des valeurs de l'enseignement, et une manipulation assumée du sort des étudiantes ». Le professeur (MK) aurait eu des conversations sexuelles torrides avec plusieurs étudiantes à travers l'application de discussion WhatsApp. Le document révèle que le suspect aurait eu des échanges démontrant « son désir de se livrer à des pratiques sexuelles perverses avec certaines étudiantes et leurs familles en échange d'une médiation pour qu'elles obtiennent de bonnes notes aux examens ». En effet, les conversations ne se sont pas arrêtées qu'aux étudiantes, deux sœurs, elles ont également concerné des membres de leurs familles, notamment leur mère avec près de 300 échanges téléphoniques. Les recherches techniques du service d'information criminelle, ont permis d'identifier par ailleurs 103 appels téléphoniques entre le suspect et l'étudiante (SH), 132 appels téléphoniques entre lui et l'autre étudiante (SH) pendant les heures tardives de la nuit, et 295 appels entre lui et leur mère (NZ), et 695 appels téléphoniques entre lui et son ami (Z.S.). L'étudiante (SH) a déclaré que le professeur la supervisait en matière de droit administratif, « mais il a vite profité de son statut universitaire pour satisfaire ses désirs sexuels pervers », ajoutant qu'il l'appelait tard dans la nuit et lui demandait d'avoir des relations sexuelles avec lui. Elle a également indiqué s'être sentie obligée de faire semblant et de continuer à entretenir cette mascarade à cause de la grande influence du professeur et l'impact qu'il pourrait avoir sur son cursus universitaire. A travers ces conversations osées, elle cherchait à obtenir de bonnes notes aux examens, a-t-elle reconnu. Le professeur lui a assuré qu'il avait de bonnes relations avec le reste des enseignants et qu'il pouvait interférer dans leurs notes pour qu'elle puisse avoir de bons résultats, en échange, il devait avoir des relations sexuelles avec elle, sa sœur et leur mère, a-t-elle indiqué selon le procès verbal. Le document indique par ailleurs que l'accusé lui aurait envoyé des vidéos pornographiques. Tandis que la deuxième étudiante (Z.H) qui est la soeur de la première, a affirmé ne pas avoir eu connaissance de ces conversations sexuelles entre son professeur et sa soeur, et qu'elle ne l'a appris que lorsque les conversations ont été partagées sur les réseaux sociaux. Elle a affirmé que sa sœur ne lui avait jamais parlé des conversations qu'elle a eues avec leur professeur, et a nié avoir été victime de harcèlement ou d'exploitation sexuelle de sa part, selon ses déclarations. Pourtant le nom de cette dernière a été mentionné plusieurs fois dans les conversation avec la première étudiantes et une centaine d'appels téléphoniques entre elle et ledit professeurs ont été recensés par la brigade technique de la police judiciaire. Leur mère a indiqué de son côté, que sa relation avec le professeur susmentionné remonte à plusieurs années en raison de leur appartenance commune à la région de Bejjaad. Elle a affirmé qu'il était un ami de la famille depuis au moins 15 ans, et a nié avoir eu des conversations déplacées avec lui, assurant ne pas savoir lire et écrire et qu'elle l'a toujours considéré comme un enseignant pour ses filles, ni plus ni moins. D'autres étudiantes sont impliquées dans le cadre de cette enquête, et le professeur aurait eu le même type de conversations à caractère sexuel avec elles. L'étudiante (WL) a estimé que les conversations avec le professeur étaient personnelles et que sa relation avec lui était normale, « Mais il a vite profité de son statut universitaire afin de satisfaire ses désirs sexuels », a-t-elle dit, affirmant qu'il lui fait du chantage sexuel pour qu'elle puisse continuer ses études, et qu'elle a dû obtempérer en continuant à lui parler sur WhatssApp pour qu'il ne lui gâche pas son avenir. L'étudiante (AM) de son côté, a déclaré que sa relation avec le professeur remontait à plusieurs années en raison de leur appartenance commune à la région de Bejaad, ainsi qu'en tant qu'ami de sa famille depuis plus de 30 ans. Elle lui aurait demandé par conséquent d'intervenir auprès de certains professeurs lors de la session de rattrapage, et a nié que son intervention se soit faite en échange de son exploitation sexuelle. Après avoir effectué des recherches, auditionné toutes les parties et mené une enquête administrative à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Settat, la commission de l'Inspection générale du ministère a conclu qu'il existait « un défaut dans la gestion des mémoires de fin d'études, une générosité dans l'octroi des notes dans ce projet de fin d'études, et un traitement préférentiel pour les étudiantes de la ville de Bejaad ». Par ailleurs, dans le cadre des investigations et la saisie des preuves, la police a pu identifier d'autres professeurs de l'Université Hassan I de Settat sur lesquels pèsent des soupçons d'exploitation sexuelle d'étudiantes en échange de notes aux examens. Les recherches ont permis de trouver des vidéos sexuelles, au total 12 vidéos tournées à l'intérieur d'un appartement entre le professeur (MM) et l'étudiante (MNI). Les vidéos semblent avoir été filmées sans son consentement et à son insu.