Dans un contexte de relance économique post-covid, l'export des produits marocains, particulièrement les produits agro-alimentaires à forte valeur ajoutée, peut être un levier économique important pour rééquilibrer la balance commerciale nationale. Sous le thème «Exportations vers l'Afrique, les défis et opportunités du secteur agro-alimentaire », l'Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) et la FENAGRI (Fédération Nationale de l'Agro-alimentaire), ont organisé à Casablanca, une conférence pour transformer ses opportunités en business. Un évènement qui a permis aux intervenants de mettre en exergue les best practices par des témoignages d'entreprises exportatrices, mais aussi d'évoquer les opportunités et les risques de l'export sud-sud. Plus d'une centaine d'entreprises ont assisté à cette rencontre , fait savoir l'ASMEX dans un communiqué, présidée par Mohammed Fikrat, vice-président de l'ASMEX. « Aujourd'hui, la demande des consommateurs africains est en pleine expansion en raison de la taille du marché et sa classe moyenne qui représente 42% de la population. Il est donc impératif que l'offre suive cette demande exponentielle pour pallier le manque à gagner et trouver des schémas win-win. Nos échanges commerciaux se sont certes développés au cours des dernières années, mais ils ne sont toujours pas suffisants », a déclaré Fikrat, cité par l'Association, rappelant la recommandation du Roi Mohammed VI :« il faut que l'Afrique fasse confiance à l'Afrique ». Dans son allocution, Eyad Sobh Mansour, président de la commission du commerce extérieur de la FENAGRI, a souligné qu'« il n'y a aucune raison qui justifie le fait de trouver des produits agro-alimentaires importés sur le marché marocain et africain, alors qu'ils peuvent être fabriqués localement ». L'ASMEX avance ainsi plusieurs chiffres sur les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Afrique qui sont d'ailleurs en constante augmentation depuis l'année 2000, souligne-t-elle. Aujourd'hui, les échanges du Maroc (import & export) avec les pays africains ont progressé de 9,5 % en moyenne annuelle, pour s'établir à 39,5 milliards de dirhams en 2019, soit 6,9% du commerce extérieur marocain. Sur la même période, les exportations marocaines à destination du continent africain ont progressé de 11% en moyenne annuelle pour atteindre 21,6 milliards de dirhams en 2019, représentant 7,7% des exportations totales du Maroc contre 3,7% en 2000. Des chiffres encourageants, mais loin d'être suffisants selon Brahim Allali, expert spécialiste du commerce international cité par l'ASMEC et qui a souligné, chiffres à l'appui, le potentiel inexploité du continent. En Afrique, ce secteur évalué, depuis 2013, à environ 313 milliards USD emploie 70% de la main-d'œuvre. Des chiffres qui contrastent avec les besoins en alimentation du continent. 20% de ces besoins sont couverts par des importations, soit 40 à 50 milliards USD par an. Selon la banque mondiale, ces indicateurs poursuivront leur hausse. D'ici 2030, les importations alimentaires en Afrique passeront à 150 milliards de dollars par an, d'où l'urgence de mettre en place des schémas d'échanges commerciaux win-win avec le continent, dont le secteur agroalimentaire pourrait peser 1000 Mds USD la même année (2030) propose les intervenants. Des chiffres justifiés par l'augmentation du nombre de ménages de la classe moyenne, qui devrait selon la même source, passer à 1,1 milliard de personnes d'ici 2060. Pour pallier ce manque à gagner, Brahim Allali a mis en avant quelques recommandations qui devraient aider les exportateurs agro-alimentaires à surmonter les obstacles actuels liés notamment au transport des marchandises et à la logistique (Tarifs, Transit time et time-to-market, faiblesse des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, délais de dédouanement...), ou encore les obstacles liés au paiement, à la sécurité et à la stabilité politique de certains pays. Parmi ses recommandations, expert spécialiste du commerce international propose de ne pas se limiter aux pays francophones d'Afrique, et d'étudier l'opportunité de l'exportation collaborative ( consortium d'exportation, comptoirs commerciaux, bureaux de représentation commerciale, etc...) ou encore de considérer l'opportunité d'investir dans les pays africains pour valoriser et exporter les produits agricoles nationaux ( arachide, mangue, ananas, etc), notant que la BAD investit dans le développement de Zones spéciales de transformation des produits agroalimentaires (ZSTPA). De plus, Brahim Allali a préconisé d'insister sur l'importance de mettre en place des partenariats avant de se lancer dans de nouveaux projets en Afrique tout en adaptant l'offre marocaine à la demande et aux spécificités des économies de l'Afrique à travers une véritable appropriation de la connaissance du marché continental par le secteur privé marocain. Il a également suggéré la construction des écosystèmes complémentaires à l'industrie marocaine à travers notamment des JV et d'alliances d'entreprises.