Les mesures du projet de contrat-programme devraient permettre au secteur agroalimentaire de capter tout son potentiel, sur le marché local et à l'export. Mohammed Fikrat, président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire depuis juillet 2016, dévoile les priorités de la fédération pour booster un secteur qui n'arrive pas à décoller. Finances News Hebdo : Vous êtes à la tête de la Fenagri depuis juillet 2016, quelles vont être vos priorités ?
Mohammed Fikrat : Les priorités de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire (Fenagri) ont été déclinées de manière collégiale avec l'ensemble des administrateurs et commissions de la fédération. Notre première priorité est de lancer rapidement le plan de développement de l'industrie agroalimentaire dès la signature du contrat-programme : il s'agit d'un programme ambitieux, et la Fenagri est aujourd'hui mobilisée pour coordonner sa mise en oeuvre. La dynamisation des exportations vers l'Afrique est également à l'ordre du jour de la fédération : sous la conduite éclairée de Sa Majesté, plusieurs opportunités s'ouvrent sur le continent africain et il s'agit pour nous de les capter. La fédération se propose également de faire aboutir et/ou ouvrir de nouveaux chantiers de coopération, nécessaires au développement de l'agroalimentaire, avec plusieurs institutions, notamment ONSSA, DGI, Imanor, EACCE, et AMDL, ainsi qu'avec ses partenaires ministériels. Enfin, la fédération continuera à oeuvrer pour redynamiser le CETIA, qui est un outil à la disposition de l'ensemble des agro-industriels pour les accompagner dans leurs processus de R&D, innovation, maîtrise des procédés et veille.
F.N.H. : Cela fait plus de 3 ans que la Fenagri réclame un contrat-programme pour le secteur agroalimentaire. Un chantier qui n'arrive pas à voir le jour puisque l'étude stratégique devant déboucher sur ledit contrat est, depuis septembre 2015, bloquée au niveau du gouvernement. Quel est l'état d'avancement de ce chantier stratégique ?
M. F. : Nous ne devons pas parler réellement de blocage : la Fenagri est en contact permanent avec ses partenaires publics depuis le lancement de l'étude stratégique, et a été associée à l'ensemble des échanges sur le sujet. En revanche, il s'agit d'un dossier d'envergure impliquant plusieurs parties prenantes et il est normal que les réflexions prennent du temps pour mûrir. Entre juillet et septembre 2016, la Fenagri en collaboration avec la Comader et les interprofessions a organisé plusieurs séances de concertations avec les ministères de l'Agriculture (MAPM) et de l'Industrie (MICIEN). L'ensemble des parties se sont accordées sur le plan d'action et les mesures à mettre en place. Aujourd'hui, le projet de contrat-programme est prêt et nous espérons le signer prochainement.
F.N.H. : Dans quelle mesure ce contrat va-t-il booster le secteur agro-industriel ?
M. F. : Il y a lieu de noter que le projet de contrat-programme s'inscrit dans la continuité du Plan Maroc Vert et du Plan d'accélération industrielle. Le PMV lancé en 2008 a permis des avancées substantielles au niveau de l'amont agricole, et des gains de productivité importants. Aujourd'hui, le défi majeur de notre industrie est de développer des écosystèmes performants afin de valoriser et transformer le produit agricole marocain. Au sujet du projet de contrat-programme, il est structuré en deux parties avec d'une part, des mesures spécifiques pour chaque filière, et d'autre part, des mesures transverses à l'ensemble du secteur agroalimentaire. Les mesures visent tout d'abord à améliorer l'accès des opérateurs au marché local et à l'export : ceci est à même de favoriser la visibilité et l'attractivité du secteur pour les opérateurs. Un ensemble de mesures est également prévu pour encourager les investissements dans notre secteur : ce qui générera de la valeur ajoutée supplémentaire, des exportations et des emplois. Enfin, le projet de contrat-programme prévoit d'encourager la formation, l'innovation et le développement de nouveaux produits à forte valeur ajoutée.
F.N.H. : Avec une balance commerciale déficitaire, les exportations marocaines, malgré une légère hausse, n'arrivent pas à s'aligner sur les importations. La destination Afrique peut-elle être une issue pour renverser cette tendance ? Pourquoi le marché n'attire-t-il toujours pas les industriels marocains ?
M. F. : Le fait que les importations restent importantes montre qu'il existe une demande du marché qui n'est pas couverte par l'industrie locale. Les mesures du projet de contrat-programme devraient permettre au secteur agroalimentaire de capter tout son potentiel, sur le marché local et à l'export. Pour ce qui est de l'export, l'Afrique reste bien évidemment une destination à privilégier : les produits marocains jouissent d'une excellente notoriété sur laquelle il est possible de capitaliser pour développer les exportations. De manière plus globale, notons que le Maroc dispose de vrais atouts pour devenir un hub régional majeur en matière d'agrobusiness. Son positionnement géographique et son marché potentiel d'un milliard de consommateurs (Afrique), fait qu'il peut également être une plateforme compétitive de production pour les acteurs agro-industriels internationaux intéressés par le marché africain, et un acteur incontournable de la coopération Sud-Sud pour la valorisation des produits agricoles du continent. ■