Deux réfugiés yéménites ont été torturés par la Garde civile espagnole, près de la plage Beni Ansar à Nador, alors qu'ils essayaient de joindre à la nage l'enclave de Melilla. Jeté à la mer par la garde civile, l'un des deux, Moatasem Karem, gravement blessé, a succombé à ses blessures en pleine de mer, alors que son ami a pu joindre la côte marocaine. L'Association marocaine des Droits de l'Homme (AMDH) et l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), ont appelé l'Espagne à ouvrir une enquête en urgence. Les faits se sont déroulés dans la soirée du samedi 20 novembre, lorsque deux jeunes réfugiés yéménites, Brahim et Moatasem Karem, ont tenté de passer de manière illégale à l'enclave Melilla en passant par la plage de Beni Ansar à Nador, raconte à l'OMDH, Brahim qui a pu sortir vivant de ce cauchemar. Equipés de tenues de nage et de sauvetage, les deux réfugiés ont pu esquiver les autorités marocaines et plonger dans l'eau pour nager quelque 700 mètres avant de faire une pause. Après s'être assurés qu'aucun bateau de la garde civile ne longe la côte, ils ont repris la nage, contents d'être à quelques mètres seulement de leur rêve européen. Mais le rêve s'est transformé en cauchemar. Moatasem Karem et Brahim ont été repérés par une patrouille de la garde civile espagnole qui les a secourus pour les « tabasser et les torturer, comme s'il s'agissait d'un combat de karaté », se remémore Ibrahim. « On les voyant, on pensait qu'il allaient nous secourir comme d'habitude et nous faire revenir aux côtes marocaines, ou au pire nous donner une petite raclée avant de nous relâcher. Mais ils se sont jetés sur nous pour nous rouer de coups, comme s'ils étaient sur un ring de boxe ou dans un combat de karaté. Mon ami n'a pas supporté les coups, et est tombé sur place », poursuit-il. La garde civile espagnole a par la suite dépouillé de force les deux jeunes yéménites de tous leur matériel de sauvetage, maillots et même les vêtements avant de les jeter en mer à 50 mètres environ d'un port marocain. « Mon ami était déjà inconscient, et les vagues étaient très hautes. J'étais épuisé et fatigué et dans un état critique. J'ai essayé de le secourir en le tirant et en le soulevant, mais en vain. Malgré toutes mes tentatives, mon ami s'est noyé devant mes yeux sans que je ne puisse le sauver. J'ai crié, j'ai demandé de l'aide et prié à haute voix », ajoute Ibrahim. Arrivé à la côte dans le froid, le jeune réfugié a commencé à courir dans tous les sens « comme un fou« , dit-il, dans un état déplorable et choqué de ce qu'il vient de vivre. Il a par la suite été secouru par des policiers marocains qui l'ont conduit au poste de police pour l'interroger. Les associations des DH réclament une enquête « On a reçu avec une grande tristesse l'annonce du décès de Moatassim Karim, qui est un réfugié yéménite enregistré auprès du bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Maroc, des mains de la garde civile espagnole dans le large de l'océan de l'enclave occupée de Melilla», a déclaré à Hespress Fr, Boubker Largo, président de l'OMDH. Le militant a ainsi exprimé son étonnement quant aux comportements « inhumains » de la guardia civil qui n'a pas respecté le protocole mis en place qui consiste à secourir les migrants illégaux et les remettre sur les côtes marocaines. « Mais de là, à les tabasser et les jeter à la mer, c'est inacceptable et inhumain », dit-il. Suite à cet incident tragique, considéré par le militant comme une «violation des règles et des principes des droits de l'homme et du droit à la vie», l'OMDH a lancé « un appel aux autorités espagnoles pour ouvrir une enquête honnête et impartiale sur l'incident et sanctionner les accusés en indemnisant les ayants droit ». Criminelle la guardia civile de Melilla. Moatassem Karim demandeur d'asile Yemeni arrêté en mer par la guardia civile le samedi dernier. Violenté et poussé à retourner à béni ensar en nageant après avoir déchirer son gilet de sauvetage, il est mort. AMDH exige l'ouverture enquête pic.twitter.com/asU9WV9fYc — AMDH Nador (@NadorAmdh) November 23, 2021 Même son de cloche du côté de l'AMDH, qui a qualifié la garde civile espagnole de « criminelle et sadique », après le témoignage poignant du survivant, exigeant ainsi l'ouverture d'une enquête. Pour le moment, aucune réaction n'a été observée du côté de l »Espagne ou des autorités de Melilla. Pour sa part, le jeune yéménite survivant de cet incident est pris en charge à Nador. C'est ici que 3 membres de la guardia civile de Melilla ont arrêté, torturé et jeter en mer les 2 réfugiés Yemenis après les avoir obligés à enlever leur tenue de nage et de sauvetage y compris les nageoires des pied. Moattasem est mort Ibrahim a survécu. Criminels et sadiques. pic.twitter.com/WMM7CsehcQ — AMDH Nador (@NadorAmdh) November 24, 2021