Le gouvernement d'Aziz Akhannouch a été dévoilé jeudi 07 octobre, après plusieurs jours de spéculations. L'aspect souverainiste, la prédominance des technocrates et de la gent féminine ainsi que le rajeunissement de l'équipe, sont les principales caractéristiques qui marquent ce gouvernement. Décryptage. Une équipe nouvelle à la tête du Maroc et sa composition ne manquent pas de faire réagir. Parmi les ministres, plus d'un tiers ont été reconduits dans leurs postes ou reconduits dans le gouvernement avec changement de portefeuille. Il s'agit du ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, celui des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, celui des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq –le plus ancien ministre en fonction dans le monde depuis 2002–, du ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de l'administration de la Défense nationale, Abdellatif Loudiyi. Mais, également, du Secrétaire général de gouvernement, Mohamed Hajoui et du ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'évaluation des Politiques publiques, Mohcine Jazouli et du ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, qui bien que nommé avec la casquette du RNI pourrait être considéré comme un ministre de souveraineté. Du neuf avec du vieux ? Si l'on ajoute Nadia Fettah Alaoui, devenue la première argentière dans l'histoire du Royaume, après avoir présidé aux gouvernails du Tourisme, on s'aperçoit que neuf ministres du gouvernement Akhannouch se sont déjà vus attribuer des portefeuilles ministériels. Il ne s'agit pas d'une tendance à faire du neuf avec du vieux, mais d'une volonté apparente à composer un gouvernement fort et homogène, note le politologue, Mohamed Chaqir, affirmant dans ce sillage que la composition gouvernementale a trois essentielles caractéristiques. « Outre la réduction du nombre des portefeuilles ministériels –c'est le premier gouvernement à ne pas dépasser les 25 départements ministériels en parfait respect de ce qu'avait annoncé le Chef du gouvernement sur la nécessité de former un gouvernement fort et harmonieux– il y a trois caractéristiques essentielles qui ont marqué la composition de ce gouvernement », a-t-il déclaré à Hespress FR. La prédominance de l'aspect souverainiste Primo, notre politologue met en exergue la prédominance de l'aspect souverainiste. « On remarque que les ministres de souveraineté ont occupé plus du tiers des portefeuilles avec la reconduction de la plupart des ministres de souveraineté », constate-t-il. « Aucun changement n'est à constater dans ce sens. À titre d'exemple, le changement à la tête du ministère des Habous et des Affaires islamiques ne s'est pas avéré », précise-t-il faisant allusion aux rumeurs qui disaient qu'Ahmed Toufiq serait remplacé par le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, Ahmed Oubadi. « Tous les ministres de souveraineté ont été reconduits, en plus de Jazouli qui a changé de département », souligne Chaqir. « Il y a également un autre département de taille qui a été confié à un ministre qui est d'une manière ou d'une autre un ministre de souveraineté, qui n'est autre que Chakib Benmoussa le nouveau ministre de l'Education nationale », poursuit-il en rappelant que celui-ci a présidé la Commission spéciale pour le nouveau modèle de développement en plus d'avoir été ministre de l'Intérieur, etc. Le retour en force des technocrates Secundo, outre la prédominance de l'aspect souverainiste, la deuxième caractéristique à relever, selon notre source, est la prédominance de l'aspect technocrate au sein de cette équipe. « Bien que les partis aient présenté des profils politiques, il s'avère que l'aspect compétence et formation a prévalu dans le choix des ministres qui se sont vus confier des portefeuilles », soutient le politologue. Tertio, notre politologue souligne la féminisation du gouvernement. « Je crois que la nomination de sept ministres femmes constitue une première dans l'histoire des compositions des gouvernements au Maroc », indique-t-il. Dit autrement, « un peu moins du tiers des ministres sont des femmes. Ce qui a donné une certaine splendeur à ce gouvernement et répondu à la revendication de donner aux femmes ce qu'elles méritent au sein de l'Exécutif », ajoute-t-il. Aucun alibi pour ne pas réussir Du point de vue de Mohamed Chaqir, il s'agit des principales caractéristiques de ce gouvernement « sans oublier le rajeunissement du gouvernement notamment avec les ministres présentés par le Parti Authenticité et Modernité et le Parti de l'Istiqlal ». « Avec cette configuration, ce gouvernement n'a aucun alibi pour ne pas relever les défis et répondre aux attentes, car outre sa composition homogène, ce gouvernement dispose d'une majorité confortable dans les deux Chambres du Parlement, mais aussi du soutien royal », affirme le politologue. « Toutes les conditions sont remplies, on attendra la prestation gouvernementale qui devrait rétablir la confiance des citoyens dans l'action politique et gouvernementale ou du moins la renforcer d'autant plus que cette expérience intervient après deux autres qui ont été accompagnées par de critiques et d'un mécontentement populaire », conclut Chaqir.