Le nouveau gouvernement est formé d'une équipe à la fois expérimentée et du sang neuf. Quelques ministres dont ceux des départements dits de «souveraineté» ont été reconduits. La représentativité féminine est boostée. Fin du suspense. Le souverain vient de nommer les nouveaux membres du gouvernement, quatre semaines après la désignation de Aziz Akhannouch en tant que Chef du gouvernement. Celui-ci a manifestement cherché un équilibre entre sang neuf et expérience. En tout, il s'agit d'une équipe de 24 membres (contre 29 dans le précédent gouvernement) avec une nouvelle architecture gouvernementale. Plusieurs ministres sont reconduits, à commencer par l'ensemble des ministres de «souveraineté»: les Affaires étrangères, l'Intérieur, la Défense, le Secrétariat général du gouvernement, les Habous et affaires islamiques. Nadia Fettah Alaoui a troqué le portefeuille du Tourisme pour l'Economie et les finances. Une première au Maroc ! Elle sera assistée par Fouzi Lekjaa, nommé ministre délégué chargé du Budget. Mohcine Jazouli a aussi gardé son poste, mais cette fois-ci en tant que ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de l'Investissement, de la convergence et de l'évaluation des politiques publiques. Benmoussa à l'Education nationale Les chefs de file des trois partis politiques de la majorité gouvernementale sont représentés au sein de l'Exécutif. Ainsi, Abdellatif Ouahbi prend les commandes du ministère de la Justice et Nizar Baraka le ministère de l'Equipement et de l'eau. La présence des trois secrétaires généraux dans le même navire gouvernemental facilitera la coordination entre les trois composantes de la majorité. La grande surprise est sans conteste la nomination de Chakib Benmoussa en tant que ministre de l'Education nationale, du préscolaire et des sports. Plusieurs voix au sein de l'échiquier politique appelaient à le nommer au gouvernement en vue de mener à bien le chantier de mise en œuvre du Nouveau modèle de développement. D'autres membres de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) font partie de la nouvelle équipe gouvernementale: Laïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative ainsi que Abdellatif Miraoui, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. De gros portefeuilles pour les femmes S'agissant du secteur stratégique de la Santé, le choix s'est porté sur la maire de Casablanca, Nabila Rmili. Experte dans son domaine, elle sera chargée en plus du secteur de la Santé et de la protection sociale. Une autre maire a fait son entrée au gouvernement. Il s'agit de Fatima Zahra Mansouri qui pilotera le ministère de l'Habitat et de la politique de la ville. Le Chef du gouvernement a visiblement porté un intérêt particulier à la représentativité féminine tant sur le plan quantitative que qualitative. D'autres femmes ont été nommées : Fatima Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'économie sociale et solidaire et Awatif Khyar, ministre de la Femme, de la famille et de l'insertion sociale. Les femmes sont, ainsi, présentes en force au sein du gouvernement de Aziz Akhannouch. Elles sont en effet sept sur un total de 24, soit un pourcentage de 29 %. Les jeunes sont aussi représentés au gouvernement par Younes Sekkouri, ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences et Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. Le département des Relations avec le Parlement a été confié au PAMiste Mustapha Baitas qui est aussi le nouveau porte-parole du gouvernement. Du pain sur la planche Par ailleurs, deux nouveaux visages détiennent les deux départements stratégiques de l'Industrie et du commerce et de l'Agriculture. Il s'agit respectivement de Ryad Mezzour et de Mohamed Sadiki. La répartition des portefeuilles ministérielles s'est faite sur la base du poids numérique de chaque formation. Le RNI détient les commandes de huit ministères contre six pour le PAM et quatre pour l'Istiqlal. Après la désignation des membres du gouvernement par le Souverain, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch devra présenter et exposer devant les deux Chambres du Parlement le programme qu'il compte appliquer, conformément aux dispositions de l'article 88 de la Constitution. La loi fondamentale stipule que ce programme doit dégager les lignes directrices de l'action que le gouvernement se propose de mener dans les divers secteurs de l'activité nationale et notamment, dans les domaines intéressant la politique économique, sociale, environnementale, culturelle et extérieure. Il s'agit d'une étape très attendue en raison du seuil élevé des promesses électorales du parti qui dirige le gouvernement. Le chef de l'Exécutif est appelé à honorer les principaux engagements électoraux des trois partis politiques de la coalition gouvernementale. D'après nos sources, les négociations sur la feuille de route gouvernementale n'étaient pas très difficiles car les programmes électoraux des trois partis politiques se recoupent en grande partie et adoptent les mêmes priorités sur les plans économique et social. Le suspense sera bientôt levé sur la vision gouvernementale du développement et les priorités du début de mandat. Rappelons à cet égard que le Chef du gouvernement a souligné que l'impact du nouveau programme gouvernemental sera palpable dès les premiers jours de la vie de la nouvelle équipe gouvernementale. Le programme qui sera présenté par Akhannouch dans l'hémicycle fera l'objet d'un débat devant les deux Chambres. Mais seuls les députés se prononceront sur le sort du gouvernement qui sera investi après avoir obtenu la confiance de la Chambre des représentants, exprimée par le vote de la majorité absolue des parlementaires, en faveur du programme du gouvernement. Fort du poids numérique de sa majorité, le nouvel Exécutif tirera facilement son épingle du jeu. Il est en effet appuyé par une majorité confortable d'au moins 269 députés sur 395, soit un taux de 68,1 %. Loi de Finances 2022 : Le compte à rebours Le nouveau gouvernement devra s'atteler en urgence à la révision du projet de loi de Finances 2022 qui a été préparé par le gouvernement de Saad Dine El Otmani. Le compte à rebours est donc enclenché. Le projet de budget devra être déposé en priorité à la Chambre des représentants au plus tard le 20 octobre, conformément aux dispositions de la loi organique relative à la loi de Finances. Il reste, ainsi, moins de deux semaines pour le ministre de l'Economie et des finances pour rapprocher les points de vue entre les différents départements ministériels et apporter les dernières retouches au projet de loi de Finances avant d'adopter ses orientations générales au conseil des ministres et de l'approuver, ensuite, au conseil du gouvernement avant de le soumettre à l'institution législative. Ce sera le premier baptême de feu du nouvel argentier du royaume et du gouvernement. Jihane Gattioui / Les Inspirations ECO