La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a donné raison aux séparatistes du Polisario quant aux accords de libre-échange signés entre l'UE et Rabat qui ne peuvent plus "juridiquement" s'appliquer au Sahara marocain. Elle a donc décidé d'annuler purement et simplement les accords, l'un portant sur l'importation des produits agricoles en Europe et l'autre sur les droits de pêche. Pourtant à deux reprises par le passé, en 2015 et 2019 la Cour avait déjà tranché à contrario. Dans son arrêt de mercredi, qui du reste ne surprend guère, les juges ont estimé que le droit international n'empêche pas, en théorie, «l'Union et le Maroc de conclure un accord applicable au Sahara-Occidental», mais rappellent que celui-ci, doit se faire avec «le consentement du peuple sahraoui, en tant que tiers aux accords litigieux». Or cette approbation n'a pas été obtenue selon la Cour de Justice européenne et c'est là où la très respectable CJUE a eu tout faux. Les «consultations» organisées par l'Union européenne auprès des «populations concernées», dénoncées par les associations de défense de la cause séparatiste comme un processus utilisant largement des moyens indirects «n'ont pu aboutir à l'expression du consentement du peuple du Sahraoui», indique-t-on juridiquement du côté du Luxembourg. Mais au fait, de quel peuple sahraoui parle-t-on ? Celui séquestré de Tindouf et auquel ni le polisario ni l'Algérie n'accorde la moindre chance quant à un recensement, pourtant tellement exigé, par l'ONU ou le peuple sahraoui libre et épanoui en ses terres dans les régions sud du Royaume qu'a ignoré délibérément, la CJUE dans sa tendancieuse décision. « Pire, cette dernière s'est appuyée sur l'Institution onusienne pour porter un verdict dicté par les lobbys pro algérien et polisario ainsi que certains milieux européens, aussi cet arrêt on l'attendait » nous dit Mohamed Talib, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS) en l'occurrence et dont Hespress.fr a sollicité, une fois de plus sa bienveillance. « Attendu effectivement, au regard des manigances qui se tramaient, poursuivra notre interlocuteur. Comment ne pas y voir autre chose qu'une machination, car, par deux fois, la Cour avait débouté le front séparatiste, l'estimant non représentatif du peuple sahraoui. Et Mohamed Talib de s'interroger ! Qu'y a-t-il eu de nouveau dans ce dossier depuis le dernier verdict de 2019 pour qu'il y ait un tel revirement ? La CJUE avance que le polisario, selon les Nations-Unis, est le seul représentant du peuple sahraoui. Or, tant bien même, c'est une décision politique et non juridique ce qui pour la justice est illégal et donc, illégitime. La CJUE s'est tout simplement entremêlé les pieds en tranchant ainsi. Poussant plus loin sa réflexion, il ajoutera, « Ce verdict nuit surtout à l'Europe et la met dans une position délicate, forcée en cela par des lobbys qui ne veulent pas que les relations entre l'UE et le Maroc prospèrent. Il n'y a pas trop à s'en faire, dans quelques jours les deux parties interjetteront en appel pour arrêter cette mascarade, car cela est un jugement politique et est donc motivé idéologiquement ». Et Talib de dire l'objectivité d'une représentativité « La participation des Sahraouis aux dernières élections dans les provinces du sud, c'est le taux le plus élevé du Maroc et pour ce qui est de la représentativité des élus, ce sont tous des Sahraouis de souche, élus parlementaires, conseillers, maires, présidents de communes, et présidents de région. Voilà, la représentativité du peuple sahraoui dont devrait s'inspirer la CJUE au lieu de botter en touche pour les beaux yeux de l'Algérie et de son sbire, le mouvement séparatiste ». Le membre influent du CORCAS avancera notamment, « D'ailleurs, il y a eu dernièrement un rapport au Parlement européen qui dénonce la CJUE disant que certains lobbys internationaux et milieux européens ont la mainmise sur plusieurs dossiers de cette Cour dont l'affaire du Sahara, ce cheval de Troie qui fait tant de mal à tant d'ennemis ». Talib dans sa lancée poursuit « On veut forcer la main au Maroc pour céder sur plusieurs plans et particulièrement sur le plan économique. Cela dit, si ce jugement a annulé les accords de pêche et l'agriculture c'est quelque part une bonne chose ». Et de faire un arrêt sur la question. « À bien y voir qu'a-t-on à perdre ? Sur le plan économique ces contrats en eux-mêmes, n'étaient pas vraiment bénéfiques au Maroc. Cela ne représente que des poussières pour le Royaume. Les vrais bénéficiaires ce sont les Européens et notamment l'Espagne. Effectivement, en matière de pêche sur les 132 navires au total de la flotte européenne qui pêche dans nos eaux territoriales, 93 sont sous pavillon espagnol. C'est l'Espagne qui est dans l'embarras, c'est une affaire européenne pour ne pas dire euro-européenne. In fine, à qui profite le crime ?' Puis face à la question « Est-ce que ce partenariat Maroc-UE est essentiel pour le Royaume ? » Mohamed Talib nous dira « peut-être sur le plan politique, mais sur le plan économique, il ne rapporte qu'une cinquantaine de millions d'euros bon an mal an. Qu'est ce que cela représente ? Même pas une petite opération sociale dans nos provinces du Sud. Il est donc politique dans ce sens. D'autant plus que le Royaume est en train de diversifier ses partenariats à l'échelon international et donc de se débarrasser petit à petit de son interdépendance vis-à-vis de l'UE et plus particulièrement par des solutions passant par une nouvelle dynamique fondée sur la complémentarité avec les nouveaux axes que développent le Royaume, Etats-Unis, Royaume-Uni surtout après sa sortie du Brexit, pays arabes du Golfe, Russie, Chine, Israël, Afrique, Australie... ». Et d'étayer tout cela, « le Maroc actuel, n'est plus le Maroc d'antan, aujourd'hui il traite en gagnant-gagnant, sur le même pied d'égalité. Cette situation est une excellente opportunité pour le nouveau gouvernement qui sera installé prochainement pour revoir et redéfinir ce partenariat avec l'Europe dans toutes ses dimensions. On ne peut plus demander au Maroc d'être le dernier rempart de l'Europe et de la soutenir en matière d'immigration, de terrorisme et de crime organisé et en même temps sur un autre plan on veut le beurre et l'argent du beurre. C'est fini tout ça !