La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) est attendue mercredi pour prononcer son verdict final sur le recours porté par le polisario contre l'accord d'association Maroc-UE qui inclut le Sahara marocain. Le verdict porte sur deux volets, l'agriculture et la pêche, deux sujets pour lesquels l'interventionnisme de l'Espagne a été pointé du doigt. Mercredi matin, la CJUE doit rendre son dernier mot sur cette affaire portée par le polisario contre le Maroc. L'affaire remonte déjà à plusieurs années et le polisario, malgré avoir été débouté à de nombreuses reprises continues d'attaquer le Maroc sur cet accord commercial important, autant pour la partie marocaine que pour la partie européenne. Le polisario a introduit un recours en annulation de cet accord en estimant que l'Union européenne et le Maroc n'auraient « pas compétence pour conclure un accord international applicable au Sahara », en jugeant que peuple sahraoui serait « représenté » par le polisario. Mais, dans les faits, la Cour européenne avait déjà statué sur ce point-là, le 21 décembre 2016, en indiquant que le polisario ne représente pas le peuple du Sahara. L'affaire a commencé à être traitée depuis début mars et a connu des rebondissements depuis, surtout lorsque le polisario s'est ligué avec des lobbies agricoles espagnols contre l'intégration du Sahara dans les produits exportés par le Maroc. « Le Maroc et l'Union européenne ont trouvé une voix apaisée pour pouvoir développer leurs relations. Ce n'est pas nouveau. Le Maroc a pu faire valoir ses droits sur tout ce qui touche à la pêche et l'agriculture, donc tous les échanges importants qui existent entre le Maroc et l'UE », a affirmé l'économiste et politologue, Driss Aissaoui dans une déclaration à Hespress FR. « Maintenant, il est vrai que les milices du polisario aidées par l'Algérie ont introduit des recours et ils sont aidés de temps en temps par des lobbies, particulièrement les lobbies espagnols qui sont réellement des concurrents à l'économie marocaine », a-t-il reconnu. « Quand on a un lobby aussi important impliqué dans le processus, l'affaire devient plus compliquée. C'est là où on doit se poser des questions », a-t-il ajouté. Sur le sujet de la crise diplomatique entre Madrid et Rabat, « on a remarqué que sur le plan officiel d'abord, le Maroc et l'Espagne, ont amélioré leurs relations, ce n'est plus les relations problématiques qu'on avait avec Madrid, et les changements qui ont été conduits au niveau institutionnel ont été fait de sorte à éloigner les personnes qui avaient des positions hostiles vis-à-vis du Maroc », a expliqué M. Aissaoui en faisant référence à l'éloignement de l'ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Laya Gonzales. « Pour l'instant il n'y a aucun signal qui dit qu'ils vont se prononcer contre le Maroc. Puisque les choses se présentent comme cela, on ne peut pas s'attendre à ce qu'il y ait un changement d'attitude ni de position », a avancé l'analyste. Deux poids deux mesures en Espagne Le partenariat entre les milices du polisario avec les lobbies agricoles espagnols a débuté en juillet, et se comprend du fait que les fruits et légumes exportés par le Maroc concurrencent les produits espagnols sur le marché européen. Mais en Espagne, seule l'agriculture pose problème, au niveau de la pêche c'est un tout autre discours, et c'est l'un des termes de l'accord qu'ils veulent à tout prix préserver. Car, sur le niveau halieutique, l'Espagne est le principal bénéficiaire de l'accord de pêche européen avec le Maroc et tire des revenus colossaux de cette pêche effectuée dans les eaux marocaines notamment celles du Sahara et dont elle a fait un réel appât et argument touristique. Sur les 110 bateaux européens présents dans les eaux marocaines, 92 sont Espagnols, des flottes andalouses, galiciennes et canariennes, et les pêcheurs espagnols n'ont pas hésité à partager leurs inquiétudes lorsque Rabat et Madrid étaient en crise. Ces derniers ont redouté que le Maroc ne leur coupe les vivres, en mars, au plus fort de la crise diplomatique entre les deux royaumes qui a débuté après l'accueil illégal et dans le secret du chef des milices séparatistes sahraouies du polisario. Le sujet de la prédominance des bateaux espagnols et le phénomène de surpêche a également été au centre de vives revendications et tensions du côté des syndicats des pêcheurs marocains qui ont lancé une alerte sur le non-respect des pêcheurs espagnols des termes et conditions du protocole, et ont appelé le gouvernement marocain ainsi qu'aux patrouilles marocaines de surveiller ces bateaux européens et surtout espagnols qui pêchent plus que leurs quotas et menacent les stocks de poissons dans les eaux marocaines. En mai dernier, plusieurs syndicats de pêche ont alerté sur l'amenuisement des ressources halieutiques marocaines à cause de ce phénomène de surpêche des bateaux espagnols, tandis que les bateaux marocains sont soumis à plusieurs conditions drastiques et nombre d'entre eux ont été obligés de rester amarrés dans les ports, ont-ils fait valoir, en appelant les autorités marocaines à ne pas renouveler l'accord de pêche qui les défavorise.