Fort de la reconnaissance de sa «légitimité à représenter le peuple du Sahara occidental» par la Cour de Justice de l'Union Européenne, le Polisario exige de l'UE des dédommagements, estimés à un milliard d'euros. Après l'arrêt du 29 septembre de la Cour de Justice de l'Union Européenne, le Polisario pose ses conditions aux Vingt-sept. «Le Maroc, qui n'a pas de souveraineté sur les eaux sahraouies, ne peut délivrer de licences aux pêcheurs espagnols sur des captures non réglementées», a souligné son avocat, le Français Manuel Devers, lors d'un point de presse animé vendredi 1er octobre à Madrid en compagnie d'Oubi Bouchraya, représentant du Front auprès de l'UE. Aussi, il a invité les armateurs ibériques à se tourner vers «une autorité compétente», en allusion au Polisario. Dans le cas contraire, il a menacé de «prendre des actions contre les entreprises qui ne respectent pas le droit du peuple sahraoui». Sur la même ligne, Me Devers a laissé la porte ouverte à une possible réclamation auprès de l'UE de «compensations pour l'impact économique des accords» conclus avec le Maroc. «Du point de vue technique, on peut clairement demander des dommages et intérêts, estimés à un milliard euros». L'avocat a rappelé que la Cour «vient d'annuler deux accords internationaux» et par conséquent, «il serait raisonnable de reconnaître le droit au paiement de réparations. Tout dépendra du comportement des institutions européennes». Le Polisario veut apaiser la colère des pêcheurs espagnols Dans une répartition des rôles entre les deux représentants du Polisario, Oubi Bouchraya a nuancé les propos du Français, précisant que «des dédommagements peuvent être demandés» mais que cette option n'est pas encore «mise sur la table des discussions». Il a affirmé en revanche que son mouvement «veut aider les pêcheurs espagnols». «La Cour de Justice de l'Union Européenne a établi le cadre d'une éventuelle coopération» entre l'UE et le Polisario, a-t-il souligné. Contrairement au satisfecit des organisations agricoles espagnoles, le verdict de la CJUE du 29 septembre a provoqué l'ire des pêcheurs qui le considèrent comme une «menace» pour l'ensemble du secteur. Sur les 132 navires européens qui pêchent dans les eaux marocaines, y compris le Sahara, 93 sont espagnols. Bouchraya a conclu son intervention en renvoyant la balle dans le camp des Vingt-sept. «Si l'UE veut continuer à faire des affaires au Sahara occidental, elle sait déjà à qui elle doit s'adresser, à savoir le Front Polisario». Le même message a été, d'ailleurs, destiné aux Etats-Unis. En effet, l'administration Biden a repris cet été l'importation de phosphate extrait au Sahara, après une suspension de trois années. Des cargaisons de gaz en provenance des Etats-Unis étaient également arrivées au port de Laayoune le 5 mai et le 5 juin de cette année. Dans son verdict du 29 septembre, la CJUE a constaté que le Polisario «est reconnu sur le plan international en tant que représentant du peuple du Sahara occidental, même à supposer que cette reconnaissance s'inscrive dans le cadre limité du processus d'autodétermination de ce territoire».