Les Etats-Unis, qui cherchent à renforcer tous azimuts leurs alliances face à la Chine, ont annoncé mercredi avec l'Australie et le Royaume-Uni un vaste partenariat de sécurité dans la zone indopacifique, comprenant notamment la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra. Cette nouvelle pour stridente soit-elle, aura au passage torpillé, si l'on peut dire, un gigantesque contrat passé par l'Australie auprès de la France pour la livraison de 12 sous-marins conventionnels (dérivés des Barracudas nucléaires des FAF), provoquant ainsi la colère de Paris. La décision du président Joe Biden qui exclut la France et l'Union européenne de ses "prérogatives" dans la zone indopacifique les met évidemment en colère. Et pour cause la France d'exemple, enrage, d'être soulagée d'un gigantesque contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) conclu en 2016. L'Hexagone devra, histoire d'accuser le coup, ratisser désormais large pour trouver une alternative aux caisses qui se retrouvent en cure sévère d'amaigrissement de Naval group. Pour ce dernier, qui, à un degré bien moindre, travaille sur un projet de reprise d'infrastructures dans le port de Casablanca, le deuxième du Maroc, afin de réaliser la maintenance des navires militaires marocains, le coup ne sera pas pour autant mortel, mais n'en reste pas moins terrible. Les pertes ne devraient atteindre que 1/5e du chiffre annoncé puisqu'entre pénalités et autres dommages à verser, la France a réussi dans ce revirement australien à conserver, la réalisation de la coque et de la motorisation à des chantiers australiens tandis que toute l'électronique de bord et les armements (torpilles et missiles) devaient être livrés par l'américain Lockheed Martin. C'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé si l'on se réfère à ce que disait Emanuel Macron : « Les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ». Le Maroc souhaite à terme acquérir des sous-marins et a déjà consulté les principaux constructeurs comme TKMS, Navantia et Naval Group. Dans cette perspective, il se dit que le Royaume aurait plutôt sollicité Naval Group dont il est un bon client, pour l'acquisition de sous-marins selon les dernières rumeurs "ma préférence" allait au Scorpène français mieux positionné pour être acquis que le concurrent direct le submersible russe Amour 1650. La Russie rappelle-t-on, avait entamé quelques bribes de négociations avec le Royaume en ce sens, sans pour autant conclure quoi que ce soit. Mais sait-on jamais ? Le Scorpène est une classe de sous-marin à propulsion classique de la nouvelle génération développé et fabriqué en France par Naval Group en coopération avec l'industriel espagnol Navantia. Cette transaction si acquisition il y a, que le Royaume souhaite, pour sa Marine Royale à travers les sous-marins de type Scorpène construit par le français Kership de Naval Group reste cependant modeste par rapport à la commande perdue de la France en Australie. Mais qu'à cela ne tienne ! le Royaume a été séduit par le Scopène, un engin très discret, doté d'un système intégré de combat et d'un système de conduite de plate-forme, centralisé et automatisé, qui lui garantissent un haut niveau de sécurité en plongée et de manœuvre. A ce propos le sous-marin chilien CS Carrera [une Scorpène de conception française] en a fait une forte belle démonstration lors de sa participation aux manœuvres DESI 2021 (programme américain (USA) signifiant Diesel-Electric Submarine Initiative) afin d'améliorer la capacité à opérer avec des sous-marins à propulsion diesel-électrique. La Marine chilienne a été vivement félicitée par le « Commander, Submarine Force Atlantic » qui supervisait ces exercices et auxquels certaines autres forces navales sud-américaines, notamment celles du Brésil, du Chili, de la Colombie et du Pérou ont participé. C'est, semble-t-il, les performances réalisées avec cet engin des marines militaires chilienne, malaisienne, indienne et brésilienne qui auraient convaincu nos Forces Armées Royales. Mais pas que, des gestes commerciaux importants, notamment un assouplissement des conditions de financement pour faire face aux difficultés occasionnées par la crise, consentis par la France aurait également aidé à ce choix. Avant la France et la Russie, le Royaume avait cherché à faire affaire avec la Grèce et le Portugal pour l'acquisition de sous-marins. Mais, dit-on, de ce côté de la rive, à quelque chose malheur est bon. C'est donc une bonne opportunité de marché, maintenant que les chantiers navals français se sont libérés de quelques obligations militaires dans leur carnet de commandes. L'occasion est, si l'on peut dire, belle et surtout à saisir pour nombre de pays dont le Maroc, qui dans leur course à l'armement, pourraient faire, emplettes et peut-être même, à moindre coût pour peu que les ambitions soient modérées de part et d'autre.