« Il faut rétablir la confiance et il faut qu'il ait une véritable réconciliation des citoyens avec l'action politique », a affirmé le Secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah. L'abstention croissante, l'amenuisement des rôles du politique, le dénigrement de l'action politique... Autant de manifestations d'un malaise de la politique qui traduisent la perte de confiance des Marocains envers la politique et les politiques. Conscient qu'on ne peut pas cacher le soleil avec un tamis, comme dit l'adage populaire, Benabdallah, qui était l'invité ce dimanche du 12e épisode de l'émission débat de Hespress, « La voie vers les élections de 2021 », n'a pas éludé les questions des journalistes allant dans ce sens. Il a, dans cette perspective, essayé de répondre à la difficile question de comment améliorer notre système politique afin qu'il aspire davantage confiance, soit plus inclusif et plus transparent, mais aussi afin que la jeune démocratie marocaine soit plus opérante. Avant d'étaler sa conception, il s'est arrêté sur la question de la rivalité « technocrates vs partisans ». Profitant d'une question composée du journaliste Rachid Belghiti sur les raisons de l'absence des politiques pendant la pandémie et comment la scène a été dominée par les technocrates, notamment, sur les chaînes du pôle public on ne voyait pratiquement que les ministres de la Santé, de l'Intérieur et de l'Economie et des Finances, qui sont tous les technocrates, d'un côté. Et aussi au niveau local où le citoyen lambda ne voyait que les Caïds et autres hommes d'autorité alors que les présidents des conseils communaux étaient quasi absents, et comment ce fait motive l'abstention quand le citoyen voit concrètement que les instances élues ne servent quasiment à rien, Benabdallah a rajouté une couche à ce qui a été cité comme exemples. Benabdallah et la rivalité « technocrates vs partisans » « Juste après le déclenchement de la pandémie, il y avait des phénomènes étranges. A commencer par le fait qu'il y a une sorte de mise à l'écart des hommes politiques et les leaders des partis des médias publics et de la scène dans son ensemble », a affirmé Benabdallah. « J'avais relevé qu'il est inconcevable alors que les Marocains passaient par ces circonstances difficiles qu'il n'y ait pas des émissions avec des psychologues, des politiciens, des économistes, des sociologues ainsi que plusieurs acteurs afin d'analyser les impacts de la pandémie sur les chaines publiques », a-t-il soutenu dans le même sens. Relavant le rôle d'alternative jouée par les réseaux sociaux et les sites d'information privés, Benabdallah a rappelé qu'il avait « également relevé qu'il est inconcevable de voir les collectivités locales qui jouaient un rôle très important en termes de sensibilisation, solidarité et accompagnement des citoyens, étaient négligées par les médias publics ». « Nous avons 100 présidents de communes et plusieurs associations qui relèvent de notre parti qui ont aménagé des maisons pour accueillir les gens qui n'avaient pas où partir pendant le Covid, mais n'a été relayé à ce propos », a-t-il raconté en ajoutant : « nous ne voyions que les hommes d'autorité que je salut d'ailleurs ». « Nous saluons les hommes du pouvoir pour ce qu'ils ont accompli ainsi que tous les gens qui étaient dans les premiers rangs notamment les médecins et les enseignants », a-t-il tenu à dire avant de marquer un bémol. « Cela ne veut pas dire qu'on a le droit d'écarter les institutions élues de sorte à laisser apparaître devant les citoyens que ces institutions ne servent à rien », a-t-il avancé. De l'importance de la réconciliation du citoyen avec la politique « Il y a certains qui n'ont pas fait d'effort, mais il y a des militants et des partisans qui ont travaillé. C'est pourquoi nous disons qu'il faut qu'il ait une véritable réconciliation des citoyens avec l'action politique. Pour ce faire, Benabdallah a estimé qu'il faut travailler sur trois niveaux. Primo, « l'Etat avec ses institutions doit réhabiliter l'action politique qu'elle lui donne son statut et sa place comme le souligne la Constitution. Nous aurons besoin également d'un gouvernement fort, d'institutions fortes, etc. », a-t-il indiqué en soulignant que « le nouveau modèle de développement ne sera pas bâti sans de fortes institutions et sans un espace politique fort ». Deuxio, « les partis politiques doivent se donner de la consistance, doivent se défendre et lutter pour protéger leur indépendance et l'autonomie de leur décision, qu'ils prennent les positions qu'ils veulent et tissent des alliances avec qui ils veulent, qu'ils essayent de donner une image de crédibilité, de confiance aux citoyens ». Et enfin « le citoyen à travers son vote, son refus de toutes les pratiques qui sort de ce cadre et par son affirmation que la pratique démocratique et la pratique citoyenne sont l'unique porte pouvant mener à l'élargissement de l'espace démocratique et rendre notre démocratie plus opérante ».