Le discours du Trône, adressé par SM le Roi samedi à la Nation, à l'occasion du XIIè anniversaire du nouveau règne, est qualifié par la classe politique et les observateurs internationaux d' « une grande importance ». Le Souverain a d'abord salué la mobilisation et « la participation massive et la forte adhésion » au processus de la nouvelle Constitution du Royaume, « à teneur fort avancée », désormais « une Constitution pour tous les Marocains », le peuple marocain ayant « tranché ». L'étape aujourd'hui, selon le discours royal, est « d'assurer la mise en Œuvre optimale, dans sa lettre et dans son esprit, de cette Constitution qui Nous engage et dont Nous sommes le garant, veillant à sa bonne application ». Pour SM le Roi, la nouvelle Constitution est «une base solide pour un nouveau pacte constitutionnel marquant la volonté d'aller de l'avant dans la mise en place d'institutions efficientes et crédibles, en vue de la consolidation de l'Etat de droit et des droits de l'Homme, de la bonne gouvernance et du développement ». Lesquelles institutions, «risquent de demeurer purement formelles tant que leur action ne produira pas ses effets sur la Patrie, en termes de préservation de sa souveraineté, sa sécurité et son unité, et en matière de développement et de progrès, et tant qu'elle n'aura pas d'impact sur les citoyens, en leur assurant liberté, égalité, dignité et justice sociale». Il faudra donc relever «le grand défi» de la qualification et de la mobilisation de tous les acteurs, « de sorte que cette Constitution devienne une réalité concrète, et une pratique quotidienne qui reflète la démocratisation de l'Etat et de la société à la fois, tout en ouvrant de vastes perspectives prometteuses d'une vie libre et digne, surtout pour nos jeunes et pour les catégories populaires les plus démunies». Trois fondamentaux sont avancés par le Souverain, pour «le bon fonctionnement des institutions constitutionnelles» : - l'attachement à la suprématie de l'esprit et de la lettre de la Constitution, en considérant « toute pratique ou interprétation incompatible avec son essence démocratique », qui constituerait « une transgression inacceptable, contraire à la volonté commune du Roi et du peuple ». - la nécessité de créer un climat politique sain, digne du Maroc nouveau, issu de cette Constitution - la nécessité d'Œuvrer, dans un esprit consensuel positif, à l'opérationnalisation des institutions constitutionnelles, en veillant à l'adoption des textes juridiques nécessaires et à la mise en oeuvre des réformes politiques requises. Cela passe, à court terme, par « l'adoption des nouvelles lois relatives aux institutions législatives, exécutives et judiciaires». SM le Roi a appelé, dans ce cadre, à ce que le « processus électoral à paliers multiples et successifs, se déroule dans le respect des valeurs de probité et de transparence. Nous les engageons à faire preuve d'un sens élevé des responsabilités et à faire prévaloir les intérêts supérieurs de la nation et des citoyens, sur toute autre considération ». Pour cela, «une mise à niveau profonde et effective du paysage politique» doit s'opérer… pour « mettre à profit ce climat de confiance afin de rendre ses lettres de noblesse à l'action politique dans notre pays ». L'appel concerne les partis de la majorité et de l'opposition qui doivent «redoubler d'efforts pour favoriser la réconciliation des citoyens, surtout les jeunes, avec l'action politique dans sa noble acception patriotique». La rivalité politique doit s'exercer par la mise au point de «projets sociétaux distinctifs, et les traduire en programmes de développement créatifs et réalistes, et aussi pour choisir des élites qualifiées, aptes à assurer une bonne gestion de la chose publique, aux niveaux national, régional et local». Pour cette fin, « les citoyennes et citoyens la lourde tâche d'opérer un choix judicieux de leurs représentants». SM le Roi explicite sa pensée davantage : «il faut que chacun ait conscience que ce sont les partis, avec les choix voulus par le peuple et par les institutions issues de sa volonté, qui assumeront le pouvoir au nom de ce peuple, et prendront, selon les choix qu'il aura faits, les décisions concernant la gestion des affaires publiques, tout au long de leur mandat». Le Souverain a également rappelé aux élus leur devoir «de garder à l'esprit que la concomitance de la responsabilité et de la reddition des comptes est devenue une règle ayant une prééminence constitutionnelle, une sanction légale et des normes morales contraignantes». Le discours royal a également appelé à l'effort général pour la préservation de l'intégrité territoriale, tout en tendant la main à l'Algérie afin de revenir à de meilleurs sentiments. Le discours royal a également mis en relief la nécessité de voir le quartette pour le Proche-Orient à pied d'œuvre, de manière résolue, afin de résoudre le conflit israélo-palestinien. Nabil Benabdallah : «Une vision pleinement partagée» Le Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, dans une réaction « à chaud », a qualifié le Discours du Trône, «d'une énorme importance pour les déclinaisons de la nouvelle Constitution». Nabil Benabdallah estime que « le discours de SM le Roi, comme à son habitude, témoigne d'une clarté de vision indéniable ». Sa Majesté « a tracé des perspectives qui vont dans le sens de la concrétisation, après le plébiscite de la Constitution, des réformes constitutionnelles, politiques et sociales », ajoute le leader du PPS. Pour lui, «il s'agit, ainsi, du renouvellement de la légitimité démocratique, à travers l'émergence d'institutions à l'échelle nationale, régionale et locale, dans les plus brefs délais. Avec l'engagement que cela se fasse dans le cadre de la transparence et de la probité». Le Secrétaire général du PPS estime qu' «il s'agit, enfin, d'un message aux partis politiques pour jouer pleinement leur rôle et opérer la symbiose nécessaire avec la société. Il s'agit, surtout, de mettre en œuvre, au plus vite, à travers ces instances légitimement élues et à travers un gouvernement fort issu des urnes, les réformes politiques et sociales dont le pays a besoin». Nabil Benabdallah conclut sa réaction en déclarant : «c'est donc une vision que nous partageons pleinement au Parti du progrès et du socialisme et nous ne pouvons qu'adhérer à l'appel lancé par SM le Roi pour un nouveau contrat politique et une nouvelle génération de réformes. Il reste à se mettre au travail».